© Getty Images

Les accidents de ski sont moins nombreux mais plus graves

Virginie Moriaux

Les sports d’hiver ont le vent en poupe. De plus en plus de vacanciers partent dévaler les pistes enneigées dès qu’un congé d’hiver se pointe à l’horizon. Paradoxalement, les accidents de ski sont moins nombreux que par le passé, seulement ils sont souvent plus graves. Pourquoi ?

Les sports d’hiver sont victimes de leur succès. Vu l’augmentation du nombre de skieurs ces dernières décennies, les équipementiers n’ont de cesse de rivaliser pour proposer le matériel le plus sûr, le plus performant.

Finis les skis en bois, passées à la trappe les « longues lattes » comme certains les ont encore connues, place aux skis paraboliques : plus courts, plus maniables mais surtout plus rapides… Les bottines de ski ont aussi évolué, elles sont plus confortables, mais pas spécialement plus sécurisantes. Aujourd’hui donc, avec un tel matériel, plus besoin de savoir skier comme un pro pour goûter aux joies de la glisse et de la vitesse. Le problème est justement là.

Une vitesse excessive, une mauvaise maîtrise des techniques de base, et la collision est proche. Ces collisions sont d’ailleurs à l’origine de plus en plus d’accidents de ski, et représentaient 11% de ceux-ci durant la saison 2014-2015.

Cette augmentation des collisions sur les pentes des stations est souvent due au fait que les nouveaux amoureux de la glisse ne sont pas toujours confirmés, maîtrisent mal leur vitesse mais se sentent invulnérables en s’élançant du haut des pistes… Des pistes qui, elles aussi, ont subi une évolution : de sinueuses à flanc de montagne, elles sont devenues de véritables Champs Élysées enneigés afin d’accueillir un plus grand débit de skieurs.

Finalement, le casque lui-même peut être aussi un facteur d’accidents plus ou moins graves. Loin d’être la panacée, il procure ce sentiment d’invincibilité au skieur. En résulte une augmentation des traumatismes crâniens lors des accidents depuis que de plus en plus d’adeptes de la glisse le portent.

Mais qu’on ne s’y trompe pas, le casque protège et a sauvé des vies, seulement il faut se souvenir qu’il ne protège pas de tout. De plus en plus de médecins, comme Mike Lagran, président de l’Association internationale pour le ski en sécurité (ISSS), s’insurgent d’ailleurs sur le fait de le rendre obligatoire, car cela renforcerait le sentiment d’invincibilité.

Ce médecin écossais rapporte que « des biomécaniciens ont démontré que pour protéger la tête d’un impact direct à 50 km/h, avec le matériel actuellement disponible, il faudrait un casque d’une épaisseur de 18 cm, d’une largeur de 50 cm et d’un poids de 5 kilos minimum ». A haute vitesse, le casque ne protège pas efficacement de tous les chocs. Pire, certains skieurs ne le portent que lorsqu’ils partent jouer les kamikazes, or c’est précisément dans ces moments là que l’efficacité du casque montre ses limites…

Culture du risque, valorisation du danger

La vitesse et une mauvaise maîtrise, le casque et l’impression d’invincibilité sont des causes de l’aggravation des accidents de ski, mais aussi du phénomène que le Nouvel Obs appelle la « culture Red Bull ». Cette culture pourrait se définir comme une célébration du risque et de la vitesse, le tout filmé par une petite caméra embarquée, histoire de partager ses exploits sur les réseaux sociaux et d’en faire profiter les copains.

« De plus en plus d’accidents sont dus à des collisions. On peut faire l’hypothèse que cela est dû à la vitesse moyenne, de plus en plus élevée. On voit de plus en plus de jeunes faire des choses inconsidérées sous prétexte qu’ils ont toutes les protections nécessaires. Ils font comme ils ont vu dans les vidéos de Candide Thovex (un skieur de l’extrême, ndlr)… » déclare le docteur Jean-Baptiste Delay, président de l’association Médecins de montagne sur le site du Nouvel Obs.

Et si l’aggravation des accidents n’était pas aussi le fait d’un changement des mentalités ? On n’aborde plus la montagne en groupe comme les alpinistes du passé mais seul, on ne « reconnaît » plus les limites qu’elle impose (celles de la prise de risque inconsidéré et du danger) au nom de notre sacro-sainte liberté. A force de vouloir toujours faire plier les éléments à nos envies, de vouloir skier « à fond », ne risque-t-on pas d’y laisser un peu plus que des dents ?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire