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Le foot se meurt en Italie

Le football italien est en souffrance: pour la saison 2012-2013, il n’aura plus que trois clubs en Ligue des Champions. Le tout gros problème est la désaffection des supporters qui ne se déplacent plus au stade, laissant les joueurs évoluer dans des enceintes vides et glaciales. Analyse.

En Italie, grand pays de football, les stades sont vidés par la tristesse du jeu, la violence et les mauvaises conditions d’accueil, accompagnant le déclin sportif de la Serie A, au point d’inquiéter les décideurs. Le football italien est « un football de peur, on attaque à deux et on défend à dix, et les gens ne viennent plus au stade », tempête Arrigo Sacchi, ex entraîneur de l’AC Milan. L’AS Rome a joué un huitième de finale aller de Ligue des champions contre Donetsk devant 31.000 spectateurs, effet glacial dans un stade de 80.000 places.

En Serie A, Bari, le Chievo Vérone ou Lecce (bonnet d’âne avec un taux de remplissage de 29,7%) jouent devant des stades aux deux tiers vides, et seuls cinq clubs ont une fréquentation de plus des deux tiers (Juventus, Inter, Naples, Palerme et Cesena). Même l’AC Milan, le futur champion, est en-dessous (63,95%). Plus inquiétant encore, la tendance est à la baisse depuis trois saisons, malgré la présence dans l’élite de tous les clubs populaires (sauf le Torino).

Michel Platini: « A cause de « la violence »

« Quand ils voient les stades vides, les joueurs n’ont plus tellement envie de jouer », explique le président de l’UEFA, Michel Platini, ancien N.10 de la Juve. Il avance comme raison principale de cette désaffection « la violence », qui perturbe encore trop de matches, quand elle a été presque éradiquée en Angleterre ou en Allemagne, et effraie les spectateurs.

Avec 23.986 personnes par match en moyenne (après la 34e journée), la Serie A est loin derrière la Premier League (32.779) et la Bundesliga (41.992), qui justement l’a doublée au classement UEFA et aura donc quatre clubs en C1 2012-13, l’Italie n’en alignant plus que trois. Les médias italiens multiplient les reportages élogieux sur les 78.424 spectateurs par match du Borussia Dortmund, et saluent les taux de remplissage allemands qui frisent les 100%. En Italie, les stades, datant du Mondial 1990, sont vétustes, hormis le magnifique San Siro de Milan, et plus adaptés aux règles en cours du marketing: loges VIP + pompes à bière + boutiques.

Le modèle Juventus

Le nouveau propriétaire américain de la Roma, Thomas DiBenedetto, s’est fixé comme premier objectif de disposer d’un stade, critiquant l’Olimpico, pourtant stade cinq étoiles de l’UEFA, où la piste d’athlétisme éloigne les tifosi. « Des stades appartenant aux clubs sont fondamentaux pour la croissance du football italien, souligne le président de la Fédération, Giancarlo Abete. Nous sommes en retard sur le reste de l’Europe. »

La Juventus, bientôt seul club italien propriétaire de son stade, fait construire sa nouvelle enceinte 100% privée à Turin, inaugurée cet été: 41.000 places (près de 4000 loges) et une zone commerciale de 35.000 m². « Il rapportera 35-45 millions d’euros par an, soit 30 millions d’euros de plus qu’aujourd’hui, pour un investissement de 145 millions d’euros », selon l’administrateur délégué de la Juve, Jean Claude Blanc. « L’Italie est un peu en retrait sur les autres pays », estime M. Blanc, mais une loi favorisant la construction de stades privés, prête depuis 2009, fait toujours la navette entre chambres et commissions, au grand dam des présidents.

Les clubs ont leurs torts, en ne baissent pas les prix des places pour attirer du monde. En outre, ils ne sont guère aidés par la loi qui impose un contrôle drastique peu compatible avec les offres promotionnelles. Si un touriste veut emmener son fils au stade, il doit présenter une pièce d’identité à l’achat du billet et aux portes de l’enceinte, même pour un enfant âgé de 7 ans!

Sportfootmagazine.be, avec Belga

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