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Le foot provincial, c’est la base !

Pour le chroniqueur de Sport/Foot Magazine Stéphane Pauwels, si des joueurs comme Eden Hazard joue à Chelsea, c’est en partie grâce au travail de club comme le Stade Brainois. Il est très important de rémunérer les formateurs pour avoir des gens compétents.

Dimanche dernier, j’ai reçu un message de l’épouse du président du AC Anvaing, un club de P2 hennuyère, lors de l’émission « 100% Steph ». Elle appelait à l’aide car la buvette du club avait été saccagée par des vandales. C’est une catastrophe pour une petite entité qui fonctionne avec un budget de 100.000 euros annuel. La buvette, c’est une rentrée d’argent importante à ce niveau. Cette histoire a ouvert un débat très intéressant sur la place de l’argent dans le foot amateur. Il y en a à la fois trop et pas assez.

De fait, il y a énormément d’argent noir qui circule dans le foot et certains joueurs de clubs de provinciales touchent parfois des salaires de 1000-1500 euros par mois. C’est beaucoup trop par rapport à d’autres cercles de séries similaires où les mecs se contentent de 50 euros par victoire. Tout ça incite certains à aller jouer plus bas que leur véritable niveau.

Il y a pas mal de présidents qui tiennent leur club à bout de bras en injectant de l’argent mais, malheureusement, ces sommes sont généralement destinées à l’équipe première et pas assez aux jeunes. Or, on ne peut pas construire dans la durée rien que sur le pognon.

Il faudrait mettre en place un barème des rémunérations des joueurs en fonction des divisions. Bien sûr, il y aurait encore de l’argent noir et c’est pour ça qu’un outil de contrôle est nécessaire.

Le Ministre wallon des Sports, André Antoine, a mis en place une réforme du foot wallon. Pour moi, cette refonte doit absolument passer par le foot amateur. Il faut que les subsides soient injectés dans la formation des jeunes et que les clubs justifient l’utilisation qu’il font de cet argent. Le foot provincial, c’est la base, et il ne faut pas oublier non plus le rôle social du sport.

Depuis 10 ans, les clubs de D1 commencent à avoir des centres de formation. Mais il faut se souvenir qu’avant, c’était le foot provincial qui formait les jeunes de D1. Et même maintenant, si Eden Hazard joue à Chelsea, c’est en partie grâce au travail du Stade Brainois. Il est très important de rémunérer les formateurs pour avoir des gens compétents.

Cela dit, former n’est pas tout, il faut encore que les jeunes soient alignés et il y a du boulot. Anderlecht l’a compris avec Dennis Praet et Massimo Bruno qui font des merveilles. Même en France, Jean-Michel Aulas a changé son fusil d’épaule. Après avoir dépensé sans compter, Lyon fait maintenant confiance à des jeunes comme Maxime Gonalons ou Alexandre Lacazette et ça fonctionne.

Par contre, je ne comprends pas qu’au Standard, un gars comme Pierre-Yves Ngawa ne joue pas et qu’on préfère le prêter à Saint-Trond. Il a du talent mais on préfère miser sur des seconds couteaux étrangers, c’est dommage.

Quand je vois l’argent que des clubs belges dépensent pour des William Vainqueur ou des Sacha Kljestan, je m’interroge. Ce sont des bons joueurs mais le Standard et Anderlecht sont tout à fait capables de former des jeunes du même niveau.

Le Standard a mis 2 millions pour transférer Frédéric Bulot mais si c’était un phénomène, il ne faut pas se leurrer, il aurait trouvé chaussure à son pied en Ligue 1. Je préfère que les dirigeants mettent 500.000 euros sur la table pour un super jeune de 16 ans que 2 millions pour un joueur moyen de 22 ans !

Je suis d’ailleurs très content que Laurens De Bock ait été repris par Marc Wilmots. Je le suivais pour Monaco il y a quelques mois et il est la preuve que quand on donne du temps de jeu à un jeune, il progresse rapidement.

Une chose est certaine, à l’avenir, les postes les plus importants dans un club belge seront ceux de directeur du centre de formation et de formateurs. C’est là qu’il faut investir.

Propos recueillis par Jules Monnier

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