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L’Afrique du Sud ouvre enfin son Mondial

Une cérémonie toute en rythmes, en musique et en couleurs, a signé le début du Mondial sud-africain. Le tout en l’absence de Nelson Mandela.

L’Afrique, ses rythmes et ses danses ont ouvert la 19e Coupe du monde de football, vendredi à Johannesburg, dans l’immense stade de Soccer City dont la forme de calebasse symbolise la fierté de tout un continent. Le Mondial 2010 s’est ouvert de façon spectaculaire par un ballet aérien avec trois chasseurs supersoniques, puis cinq avions d’acrobatie à l’empennage peint aux couleurs du drapeau sud-africain (vert-rouge-jaune-bleu-noir-blanc).

Tandis que les vuvuzelas vrombissaient sans discontinuer, les danseurs et musiciens ont investi la couverture posée sur la pelouse afin de la préserver pour les joueurs de l’Afrique du Sud et du Mexique, qui donnent le coup d’envoi à 16h00.

En costumes colorés ou en tenues traditionnelles, tous ont chanté et dansé aux musiques de l’Afrique, du kwaito sud-africain au raï du Maghreb, pendant que le stade se remplissait, écoulant de monstrueux embouteillages.

Toute la matinée et à la mi-journée en effet, des dizaines de milliers de personnes, drapées dans les drapeaux de la nation arc-en-ciel, ont afflué dans un vacarme de vuvuzelas et de klaxons vers le stade de Soccer City, à Johannesburg, où la cérémonie d’ouverture a débuté à 14h00. La circulation était complètement bloquées sur les artères de la capitale économique.

Desmond Tutu a encore dansé

Parmi les vedettes, le trompettiste sud-africain Hugh Masekela, l’Américain R Kelly, l’Algérien Khaled et le Nigérian Femi Kuti ont fait danser les tribunes. Les tribunes orange et or du Soccer City ont ensuite vu se dessiner une Afrique en patchwork grâce à des carrés géants de tissus aux motifs traditionnels: vendredi, le continent noir était au centre du monde!

La star du R&B R Kelly a chanté avec des choristes en blanc et argent, des figurants portant les drapeaux des 32 nations qualifiées. Puis, les choeurs ont égrené les noms des 32 pays, dans l’ordre alphabétique, terminant par un sonore « South Africa » hurlé par le stade de 95.000 places, alors presque plein.

Le premier président noir du pays, Nelson Mandela, avait demandé d’inclure dans le spectacle une chanson britannique intitulée « Hope » (espoir), qui devait être interprété par le jeune ténor sud-africain Siphiwo Ntshebe. Mais celui-ci est décédé d’une méningite le 25 mai à l’âge de 34 ans et a été remplacé par le vocaliste Timothy Moloi.

Le Prix Nobel de la Paix sud-africain, l’ancien archevêque anglican du Cap, Desmond Tutu, dansait en tribune à 78 ans, un maillot des Bafana Bafana (l’équipe d’Afrique du Sud) passé par dessus le pull et un bonnet or et vert enfoncé jusqu’aux oreilles. Il avait déjà enflammé le stade la veille au soir, lors du show donné en prélude au Mondial. Mais cette fois, la Coupe du monde pouvait commencer!

L’esprit de Nelson Mandela était au Soccer City

L’atmosphère était toutefois endeuillée par le décès de Zenani Mandela, 13 ans, tuée alors qu’elle rentrait d’un méga-concert organisé jeudi soir à Soweto pour lancer les festivités de la Coupe du monde. La voiture dans laquelle elle se trouvait s’est retournée sur l’autoroute à Johannesburg. Le chauffeur du véhicule, un proche, a été arrêté et inculpé de conduite en état d’ivresse. Il devait être présenté à la justice dans la journée. « La mort soudaine de l’arrère-petite-fille de Mandela nous affecte tous. Toute la nation est en deuil », a commenté Mike Sithole, un supporteur venu de la capitale, Pretoria, pour le match Afrique du Sud-Mexique à 16h.

En deuil, Nelson Mandela, qui devait assister à une partie de la cérémonie malgré le froid hivernal et ses 91 ans, a décliné l’invitation. « Il serait inapproprié dans ces circonstances qu’il assiste personnellement aux célébrations pour l’ouverture de la Coupe du monde », a expliqué sa Fondation. Le président de la Fifa, Sepp Blatter, lui a transmis ses condoléances. « Toute la famille du football partage votre deuil », a-t-il déclaré. « La Nation est en deuil en ce jour qui marque l’aboutissement de votre rêve avec l’ouverture de la première Coupe du monde sur le sol africain », a ajouté le président Jacob Zuma.

L’implication du héros de la lutte anti-apartheid a été décisive dans l’attribution du Mondial à l’Afrique du Sud, qui compte sur cette grand-messe sportive pour couronner les progrès accomplis depuis la chute du régime raciste il y a seize ans. « Nous voulons dire au monde que cette chenille laide, si laide, que nous étions, est devenue ce papillon si joli, si joli! », a lancé le Nobel de la Paix Mgr Desmond Tutu, lors du concert de pré-ouverture, jeudi soir.

Depuis quelques jours, le pays est transcendé par la ferveur nationale: Blancs, Noirs, indiens et métis se drapent tous dans les drapeaux sud-africains ou revêtent les vert et or du Onze national. Pour le chef du comité local d’organisation, cette fièvre devait culminer vendredi lors du match d’ouverture. « C’est comme le jour où Nelson Mandela a été libéré de prison: tout le pays va s’arrêter », a-t-il prédit vendredi matin.

Pour empêcher qu’un incident ne vienne ternir l’ambiance, les forces de l’ordre ont déployé un dispositif imposant autour de Soccer City, où sont attendus près de 85.000 supporteurs, une vingtaine de chefs d’Etat et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon. « Nous sommes en état d’alerte maximale », a déclaré le chef de la police Bheki Cele. Environ 34.000 agents seront sur le site et une dizaine de milliers de militaires de réserve peuvent être appelés en renfort.

Dans la soirée, l’attention se déplacera autour du stade de Green Point au Cap pour le match France-Uruguay, qui débute à 20h30.

LeVif.be, avec Belga

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