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Jurgen Van den Broeck l’avait dit: « Plus fort qu’en 2009! »

Avant le départ du Tour de France, Jurgen Van den Broeck avait fixé son objectif au top 10. Il y a longtemps qu’on n’avait plus vu un Belge partir ainsi à l’assaut des cols. Interview d’avant-Tour.

A la terrasse de sa nouvelle villa à Morkhoven, un Jurgen Van den Broeck (27 ans) détendu écoute nos questions mais ses réponses sont rarement longues. « Pourtant, j’ai évolué », déclare le prototype du Campinois paisible, contrit. « Avant, mes réponses étaient encore plus brèves. Je préfère répondre à vélo. »

C’est ce qu’il a fait il y a 12 mois. Un an après sa brillante septième place au Giro, Van den Broeck a confirmé ses aptitudes de coureur d’épreuves à étapes. Malgré une chute dans le contre-la-montre par équipes de Montpellier, qui lui a fait perdre du temps, il a terminé le Tour de France à la quinzième place, le meilleur classement d’un Belge depuis dix ans. Ou plutôt, selon lui, grâce à cette chute. Quoi qu’il en soit, il y a longtemps qu’on n’avait plus vu un Belge partir ainsi à l’assaut des cols.

C’est bien beau mais l’année dernière, il avait pu courir dans l’ombre de Cadel Evans, un des candidats à la victoire, alors que cette année, tous les yeux sont tournés vers lui, dans l’équipe Omega Pharma-Lotto. En outre, le Tour constitue le principal objectif de sa saison… même s’il aurait voulu se montrer à Paris-Nice. « Oui, c’est exact et tout a bien commencé avec une deuxième place à la Route du Soleil. J’étais prêt mais deux jours avant le prologue, une infection des voies respiratoires m’a terrassé. Je m’étais entraîné intensément dans le froid et je l’ai payé cher. Après Paris-Nice, j’ai pris assez de repos pour guérir complètement. »

Sport/Foot Magazine. On lit partout que vous visez une place parmi les dix premiers…
Jurgen Van den Broeck. C’est mon objectif. J’ai tout mis en oeuvre pour prendre le départ en pleine forme. Une dixième place serait magnifique mais si d’autres sont meilleurs et que je suis quatorzième ou quinzième, je dois le reconnaître. L’essentiel est de n’avoir rien à me reprocher si tout ne tourne pas comme prévu. J’ai remarqué que j’étais plus fort que la saison dernière. J’ai vécu les mois passés afin de rester dans cette forme jusqu’au Tour.

En soignant votre alimentation?
Je l’ai toujours fait mais depuis avril, j’ai vraiment fait attention afin de perdre trois kilos en prévision des cols: 69 kg, c’est mon objectif mais aussi ma limite car je mesure 1m86. Il faut trouver un juste équilibre entre manger suffisamment pour conserver ses forces et être affûté.

Vous visez un bon classement. Allez-vous être moins offensif qu’il y a un an?
Tout dépendra du déroulement des premières étapes. Si je peux toujours prétendre à un bon classement avant la première étape de montagne, j’essaierai de suivre, puisque je ne serai pas obligé d’attaquer tous azimuts comme l’année dernière. Cela ne veut pas dire que je ne viserai plus de victoire d’étape. Si vous me demandez ce que je préfère, entre une place dans le top 10 ou une victoire d’étape et le top 20, je serais bien incapable de répondre.

Dans quelle mesure rêvez-vous du maillot à pois?
Ce n’est pas si évident! Pour avoir une chance, je dois sprinter dès les premières côtes, ce qui coûte énormément d’énergie. Le classement de la montagne ne constitue pas mon objectif principal mais bon, les objectifs évoluent pendant le Tour. Quand on peut prendre des points, on ne s’en prive pas. En d’autres termes, si l’occasion de remporter le maillot à pois se présentait, je ne la laisserais pas filer.

Vous venez de parler des premières étapes. Elles sont traîtresses. Avec quel sentiment allez-vous aborder l’étape pavée d’Arenberg?
Je l’aurai reconnue. Elle ne me convient pas particulièrement et j’espère ne pas chuter. Je ne la redoute pas mais je dois me préparer à cette étape, en connaître les points cruciaux et repérer les trous. Il faudra y perdre le moins de temps possible.

Vous avez aussi reconnu quelques étapes de montagne. Est-ce vraiment important pour vous?
Nous n’avons pas pu aller dans les Pyrénées en avril, à cause de la neige. Cela a bouleversé nos plans. Nous sommes allés en stage d’altitude dans la Sierra Nevada, comme la saison dernière. Mentalement, il est important de reconnaître les étapes, pour ne pas rouler en territoire inconnu. Je suis plus détendu quand je sais ce qui m’attend. Je n’en avais pas trouvé le temps l’année dernière mais cette fois, avant le Dauphiné Libéré, nous avons reconnu quelques étapes des Alpes.

L’année dernière, au Tour, votre mission première était d’assister Evans le plus longtemps possible. Vous avez pu rouler dans son ombre. Cette fois, vous êtes davantage sous pression. Comment la gérez-vous?
De fait, tous les yeux étaient tournés vers Evans, le leader. Tout ce que je faisais n’était que positif. Quand il a quitté l’équipe, j’ai réalisé que la pression allait se tourner vers moi mais bon, je l’ai choisi. On verra bien lors du prologue à Rotterdam.

En 2001, vous avez été champion du monde du contre-la-montre en Juniors. Un grand avenir vous attendait mais vous n’avez plus progressé dans cette discipline, au contraire. Pourquoi?
Votre analyse est juste. Je me suis focalisé sur les ascensions, au détriment du contre-la-montre. Je préfère jouer un rôle important en montagne que contre le chrono. Je m’exprime peut-être mal car j’aime toujours les contre-la-montre et je veux encore m’y distinguer, mais cela me réussit moins bien qu’avant.

Vous ne vous entraînez plus en contre-la-montre?
Si, j’ai un vélo ad hoc et je m’en sers une à deux fois par semaine. Enfin, je me concentre moins là-dessus qu’avant. En plus, le poids que j’ai perdu pour la montagne constituait un atout contre le chrono. J’ai l’intention de retravailler cet aspect mais cette année, il n’est pas vraiment crucial au Tour, puisqu’il n’y a qu’un contre-la-montre, lors de l’avant-dernière étape. Il s’agit surtout de rester frais. De ce point de vue, je suis confiant car tant au Giro qu’au Tour, je me suis senti aussi fort la troisième semaine que la première alors que la majorité déclinait. C’est peut-être mon point fort: je récupère beaucoup mieux que beaucoup de collègues.

Les leaders ont des exigences lors de la composition de l’équipe. En avez-vous eu?
J’ai demandé quelques trucs mais je fais confiance à la direction. Elle sait qui est en forme. Après tout, elle voit plus de courses que moi.

Qu’avez-vous demandé?
Oh, je pense que certains possèdent les qualités requises pour m’assister en montagne. D’autre part, il faut une alliance de différents styles de coureurs, surtout avec l’étape pavée.

Qui est incontournable dans votre équipe?
Nous possédons plusieurs bons coureurs sur les reliefs. Mario Aerts a montré à Liège-Bastogne-Liège qu’il était à nouveau sur la bonne voie. Wegelius est bon en côte et Jurgen Van Goolen doit pouvoir signer un bon Tour s’il est délivré de ses blessures. Mais bon, c’est la direction qui voit qui est en forme et qui s’intègre le mieux dans l’équipe.

Omega Pharma-Lotto est-elle assez solide pour vous soutenir?
Je le pense, oui.

Le fait que d’autres Belges, comme Kevin Seeldraeyers, Maxime Monfort et peut-être Serge Pauwels, visent un bon classement vous stimule-t-il?
Non. La lutte des Belges intéresse peut-être la presse mais pas les coureurs. Je roule pour moi-même, pas pour précéder un compatriote. Je suis ma voie, à ma façon.

Roel Van den Broeck

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