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Willy, les griffes de l’ennui

Le problème de cette Belgique sans saveur, c’est le ballon. Elle l’a, presque tout le temps, mais pourquoi ? Parce que ses joueurs l’aiment trop pour le laisser à l’adversaire et fermer les espaces dans leurs trente derniers mètres. Ils veulent la balle, mais ne semblent pas savoir quoi en faire. Ni vitesse, ni inspiration.

Le coeur du problème de l’animation du jeu des Diables se trouve précisément au coeur de leur jeu. C’est ce triangle qui manque d’équilibre et de repères. Marc Wilmots a voulu l’installer en mouvement permanent avant même qu’il soit stabilisé. Il l’était en perte de balle, avec le marquage individuel exercé par les deux huit sur les milieux adverses et la couverture de « libéro de l’entrejeu » effectuée par Witsel, mais pas en possession. Les cartes de positionnement moyen (voir Sport/Foot Magazine) de l’équipe nationale sont criantes au moment d’évoquer le manque de clarté des rôles en possession de balle. La comparaison avec le modèle espagnol est édifiante.

Le football est un sport de mouvement permanent, mais aussi d’occupation rationnelle de l’espace. Et c’est sans doute cet aspect qu’il manque à la Belgique. Par manque d’automatismes, indéniablement. À cause d’une culture footballistique qui rechigne à organiser les offensives de ses talents. Après la rencontre amicale face à l’Australie, le sélectionneur ne concédait-il pas que « la qualité de cette équipe réside dans ses facultés d’improvisation » ?

Le débat des automatismes

C’est donc la fameuse question des automatismes qui revient sur le tapis. Ou plutôt de l’absence d’automatismes. Carence qu’un Hazard frustré mais lucide avait relevée quelques minutes après la défaite face à l’Argentine. « Si quelqu’un pense qu’il peut créer des automatismes avec deux ou trois entraînements, il est fou », répond Marc Wilmots face à cette théorie. Trois ans, cinq stages et une quinzaine de rassemblements n’auront pas suffi à le faire changer d’avis. Ni à créer des automatismes offensifs, pourtant si précieux pour faire vaciller un bloc bas.

Le problème, c’est que l’improvisation commence à virer au chaos. Tout le monde repique vers l’axe, sauf les latéraux (qui, pour rappel, sont des joueurs axiaux de formation). Une anarchie savamment orchestrée par le sélectionneur : « L’idéal, c’est que les deux ailiers se recentrent, que les joueurs axiaux croisent leurs lignes de course et que les backs profitent des espaces laissés libres par les ailiers ». La description est alléchante, sauf qu’elle ne parle que de courses. Et le football se joue avec un ballon. Où est-il, qui le fait vivre, lance-t-on des fausses pistes en regroupant la possession d’un côté avant de changer le jeu vers une ouverture côté opposé ? Questions sans réponses.

Les grandes « équipes de possession » peuvent compter sur des joueurs qui choisissent le rythme d’une rencontre, qui reçoivent de gauche et redonnent instantanément à gauche, ou bien temporisent et font tourner à droite dans l’attente d’une ouverture. Un rôle que ne peuvent remplir ni Witsel, ni Fellaini. Un rôle dans lequel on glisse l’infiltreur Nainggolan, faute de mieux.

Sans un « générateur de jeu », on se passe le ballon jusqu’à ce qu’il arrive dans les pieds d’un joueur capable de réaliser un exploit individuel, ou jusqu’à ce qu’un latéral ait l’espace suffisant pour balancer un centre dans le rectangle. La possession belge n’est ni organisée, ni efficace.

Par Guillaume Gautier

Retrouvez l’intégralité de l’article consacré au jeu des Diables Rouges dans votre Sport/Foot Magazine

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