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Wesley : jusqu’où ira-t-il ?

Wesley Moraes Ferreira da Silva (22 ans) est bien parti pour inscrire 20 buts et délivrer 10 assists cette saison. Ensuite, le guerrier brésilien se lancera dans une nouvelle aventure. Jusqu’où peut-il aller ?

Ils étaient une quinzaine, les scouts anglais qui avaient pris place dans le stade Jan Breydel à l’occasion du match entre le Club Bruges et le Red Bull Salzbourg. Deux équipes qui possèdent quelques joueurs à haut potentiel sur leur liste de salariés

Ils s’étaient surtout déplacés pour Die Roten Bullen, la marque du milliardaire autrichien Dietrich Mateschitz, un club où de jeunes joueurs peuvent effectuer leurs premiers pas avant d’être revendus avec une belle plus-value dans les grands championnats.

Dans l’équipe qui a affronté le Club, on trouvait quelques joueurs très convoités : Munas Dabbur jouera la saison prochaine à Séville, qui a déboursé 15 millions pour acquérir ses services, et Hannes Wolf rejoindra Leipzig pour 12 millions. Des sommes qui font rêver les dirigeants des BlauwenZwart.

Franky Van der Elst :
Franky Van der Elst :  » Un attaquant robuste comme lui a sa place dans les grands championnats. « © BELGAIMAGE

Jusqu’ici, seuls deux joueurs ont quitté Bruges pour des doubles chiffres : José Izquierdo (15 millions, Brighton & Hove Albion, 2017) et Carlos Bacca (10 millions, FC Séville, 2013). Il y a de fortes chances qu’un troisième nom s’ajoute à la liste l’été prochain : Wesley Moraes Ferreira da Silva. Peut-être battra-t-il même le record brugeois en matière de transfert.

Car Wesley a marqué des points contre Salzbourg. Il s’est battu pendant 90 minutes et n’a pas ménagé ses efforts. Et il a marqué, d’un joli coup de tête, ce qui est rare chez lui. ( voir encadré) Il mesure 1m91 et a un corps bien bâti, mais n’a inscrit que 5 de ses 35 buts brugeois de la tête.

Toujours top face aux grands

C’est dû, en partie, à l’occupation de terrain : Wesley évolue comme attaquant de pointe avec un autre attaquant qui tourne autour de lui. Moins de centres sont donc adressés depuis les flancs. Le Brésilien remporte pourtant beaucoup de duels de la tête en dehors des 16 mètres, mais est moins présent dans la surface de réparation. Dans les grandes circonstances, il ne se sublime pas moins par un engagement de tous les instants.

Quelques jours plus tard, Ivan Leko espérait voir également ce  » Wesley européen  » contre le KRC Genk, car l’attaquant aime toujours se montrer dans ce genre de match au sommet. Il préfère se mettre en évidence contre Dortmund ou l’Atlético, que dérouler contre Ostende ou Eupen.

C’est humain, mais le T1 souhaiterait qu’il en aille autrement.  » Nous essayons toujours de sortir le meilleur de lui. Mais nous y parvenons mieux lorsqu’il y a des scouts de toute l’Europe dans la tribune.  »

Et que voient les chasseurs de talent ? Un scout, qui préfère rester anonyme, le décrit comme  » The Brazilian Warrior.  » Le guerrier brésilien. Un joueur prêt à aller au combat et qui rend ses équipiers meilleurs. Pas un attaquant qui fait la différence lui-même en inscrivant des buts et en délivrant des assists. Pas encore, en tout cas.

Car il y a sept ans, le Brésilien de 22 ans n’avait pas encore joué la moindre minute de football sur pelouse. Il était perdu dans les grands espaces. Les lignes de course ? Il n’en avait encore jamais entendu parler.

Un diamant brut poli par MPH

Il a rendu fou Michel Preud’homme lorsqu’il est arrivé à Bruges en janvier 2016. Un diamant brut, c’était le cliché le plus utilisé après celui d’erreur de casting. Mais, grâce au travail inlassable de l’entraîneur et de ses assistants, le diamant a été poli mois après mois et s’est mis à briller de plus en plus.

L’été dernier, après deux saisons et demie en Belgique, la Lazio Rome avait manifesté un certain intérêt. Mais le Brésilien a prolongé son contrat à Bruges jusqu’en 2023 afin d’être sûr de jouer chaque semaine et pouvoir goûter à la Ligue des Champions. La Fiorentina le suit depuis un moment, mais la question qui se pose est : pourrait-il exprimer ses qualités en Serie A ?

 » Ce championnat est très tactique et on y trouve peu d’espace. C’est une compétition difficile, surtout pour les attaquants. Même Cristiano Ronaldo a éprouvé certaines difficultés durant les premiers matches. Et l’on parle bien du grand Ronaldo « , dit Franky Van der Elst, qui a suivi les grands championnnats européens pour Proximus ces dernières années.

 » La première fois que nous avons joué au Club et que je l’ai vu de près, et pas de la tribune, je me suis dit : Bon sang, quelle armoire à glace ! Avec un tel corps, il devrait aussi être capable de donner du fil à retordre aux défenseurs en Italie. Et là-bas, on s’occupera bien de lui afin de le rendre encore plus malin. Il devrait donc encore progresser.  »

Pas un véritable goleador

Il ne deviendra jamais un vrai tueur, mais ses progrès sont évidents. Durant sa première saison complète, il a inscrit 6 buts (en 32 matches, toutes compétitions confondues), la saison dernière 13 (44) et, avec encore 12 matches à jouer, son compteur affiche actuellement 14 buts (36).

Mais il est irrégulier. Il n’est pas toujours le  » Wesley européen.  » Et lorsqu’un attaquant ne marque pas, il s’énerve et devient frustré. A plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un jeune Brésilien.

Après 9 journées de championnat, son compteur affichait 6 buts, avec un hat-trick à Gand comme point d’orgue. A domicile contre Ostende (13e journée), il a aussi inscrit son petit but pour faire 4-0. Entre-temps il avait réussi ses deux premiers buts en Ligue des Champions.

Après être resté muet pendant 9 matches en championnat, il a désobéi aux consignes et a tiré lui-même le penalty à Ostende pour faire 1-2. Le ballon est entré, la colère de Leko a été atténuée par le résultat et, en contrepartie, l’entraîneur a récupéré un attaquant qui débordait de confiance.

Un subtil petit lob contre le Cercle Bruges, son troisième but européen contre Salzbourg et un vrai but d’attaquant en championnat à Anderlecht : il a devancé Kara au premier poteau et a propulsé un ballon compliqué dans les filets. Il reste toutefois largement perfectible dans les passes, comme le démontrent les statistiques européennes.

Un point d’ancrage idéal

A Dortmund, il n’a réussi que 65% de ses passes, et à Monaco 69 %. Personne n’a fait pire dans ces deux matches. C’est surtout le pourcentage de réussite sur les passes courtes qui était interpellant : 17 sur 26 et 9 sur 13.

Contre le Cercle, il a raté deux fois son contrôle, ce qui a débouché sur deux buts adverses. Personne n’a évoqué ces deux phases, même pas avec la déception du 2-2. Pas même l’entraîneur. Car, affirme le Croate :  » Wesley est très important dans notre manière de jouer.  » Hans Vanaken confirme :  » Il est le meilleur attaquant avec lequel j’ai évolué.  »

Logique, estime Van der Elst.  » Même si le ballon ne lui colle pas toujours au pied, il constitue un point d’ancrage idéal grâce à sa morphologie. Comme lors du but de Loïs Openda contre Gand, lorsque Wesley a reçu le ballon à cinq mètres du but.

Un défenseur ne peut plus intervenir, dans ce cas-là. Certes, il subsiste des imperfections dans son jeu, mais lorsqu’on analyse les matches du Club, on constate que de nombreux ballons arrivent chez lui.

Même en l’absence d’entraîneur spécifique des attaquants à Bruges, Wesley a réalisé de gros progrès. Et, ce qui est frappant aussi : il délivre beaucoup plus d’assists. Il en a délivré deux lors de ses deux premières saisons complètes, il en est déjà à sept aujourd’hui.

Vanaken (14) trône largement en tête dans ce domaine, mais le Brésilien – qui devrait surtout finir les actions – devance des joueurs comme Ruud Vormer (6), Mats Rits (4) et Siebe Schrijvers (4), ou des joueurs de flanc comme Arnaut Danjuma (4), Krépin Diatta (4) et Emmanuel Dennis (1).

Wesley : jusqu'où ira-t-il ?

Buteur et passeur à la fois

C’est le monde à l’envers, car ce sont surtout ces derniers qui devraient l’alimenter. Wesley est passé d’un solide attaquant à un donneur d’assists : cela aussi, c’est nouveau.

Son manager Paulo Nehmy a dévoilé un scoop à CalcioMercato dans la perspective du prochain marché des transferts, où son prix pourrait bien être fixé à 20 millions.  » Il est suivi par plusieurs clubs et le PSG est l’un d’eux.  »

Un candidat supplémentaire après la Lazio, Everton, la Fiorentina, Guangzhou Evergrande, le CSKA Moscou et… Arsenal où il avait déjà été cité précédemment. De la Jupiler Pro League à un club du top de la Premier League ? Ivan Leko :  » Il en est capable.  »

Vraiment ?  » Avec son profil, il se rendra toujours utile à une équipe « , dit Van der Elst.  » Mais un tel joueur a aussi besoin d’entraînements spécifiques. La technique sous pression, les relais, le choix de la position, les duels dans le rectangle… Ce sont encore des points à travailler, car en Angleterre aussi les espaces sont réduits, mais un attaquant robuste et de grande taille peut trouver sa place dans de nombreux grands championnats.  »

Ou, comme le résumerait l’ancien directeur du Club de Bruges Antoine Vanhove.  » C’est un joueur avec lequel on peut faire de l’argent.  »

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