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Walem :  » J’ai peut-être été trop gentil « 

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Sport/Foot Magazine a rencontré Johan Walem quelques jours avant son licenciement. Et le moins qu’on puisse dire c’est que l’ex-coach courtraisien en avait déjà gros sur la patate.

Pendant l’été, on t’a pris ton staff et tes deux attaquants vedettes, Ivan Santini et Teddy Chevalier. On vient maintenant de vendre ton meilleur défenseur, Benoît Poulain. Tu veux dire que ça fait beaucoup ?

WALEM : Tu pourrais aussi citer Brecht Capon. Pour rappel, Chevalier et Santini, c’était le meilleur duo d’attaquants en D1 la saison passée. Tu les ajoutes dans l’équipe actuelle, on a dix points de plus, c’est sûr. On a transféré beaucoup de joueurs qui ne connaissaient pas le championnat, des Français, un Grec, ne crois pas que tu peux en retirer un rendement immédiat. Et ici, on était habitué à travailler avec un groupe restreint. Maintenant, j’ai un noyau élargi. C’est un choix de la nouvelle direction mais ce n’est pas gai. Il y a aussi des cultures qui s’opposent. Je le ressens très fort. Il y a des clans, les néerlandophones, les gars qui viennent des Balkans, les Français,… En arrivant ici, j’ai signalé que c’était une première pour moi d’entraîner des pros. Hé bien, c’est une fameuse première ! Parce que je suis tombé dans un truc assez compliqué. Mais j’apprends beaucoup. C’est comme ça qu’on se forme…

Tu prends toujours du plaisir ?

WALEM : C’est ce que je voulais faire et c’est toujours ce que je veux faire. Mais c’est difficile quand, à la fin, tout te retombe dessus. C’est toujours toi le seul responsable. C’est à toi que les supporters en veulent. C’est à toi que les joueurs en veulent. Je prends ça comme expérience mais, depuis décembre, c’est très dur à vivre.

Comment ça se passe exactement avec les supporters ?

WALEM : Ils sont parfois agressifs. Quelque part, je peux les comprendre parce qu’ils ont été habitués à autre chose. Mais il faut voir quel message on leur a fait passer. On pouvait peut-être rêver des play-offs mais on n’a pas une équipe pour y aller. Prends les titulaires de la saison passée, regarde qui est parti et où ils sont aujourd’hui. A Bruges, à Ostende, au Standard, en Turquie. Ça situe leurs qualités. Et ça montre ce qu’on a perdu… J’avais donné des noms, on ne les a pas eus.

Et donc, la relation est compliquée aussi avec tes joueurs ?

WALEM : Ce n’est pas simple, non. C’est aussi une première expérience pour moi. Créer un groupe dans un club qui doit tout reconstruire parce qu’il y a un nouveau propriétaire, un nouveau staff et un noyau renouvelé, ça te prend du temps, de l’énergie.

Avec quelques années d’expérience comme entraîneur d’une équipe pro, tu ferais certaines choses autrement ?

WALEM : Bien sûr ! (Très ferme). Beaucoup de choses. Je serais plus strict. Je ferais des choix beaucoup plus durs à certains moments. J’ai peut-être été trop gentil en essayant de les préserver, en cherchant à conserver un équilibre, en communiquant, en faisant tourner, en laissant du temps à certains joueurs. Mais ça ne marche pas. Pas du tout. Au contraire, c’est contre-productif. Et ça te retombe dessus. Tu n’as pas le temps parce que tu es jugé uniquement sur tes résultats. Et ça, c’est dur.

Chaque week-end, tu as l’impression d’être menacé ?

WALEM : Oui. C’est comme ça. Pas gai, hein ! C’est comme ça depuis décembre. On verra ce qui arrivera. J’essaie de rester serein. Je discute avec le responsable technique, Patrick Turcq. On s’entend très bien. On sait ce qu’on a, on sait ce qu’il nous manque. Si les joueurs n’y arrivent pas, je ne peux pas donner plus. J’essaie de travailler comme je voudrais le faire mais je suis pris par tellement de choses, par l’ambiance dans le noyau, par l’ambiance autour du noyau,…

Il y a aussi des frictions dans les bureaux ?

WALEM : Apparemment. Mais le problème, c’est qu’on ne me dit jamais rien en face. On le dit derrière. Et ça, je ne l’accepte pas.

Par Pierre Danvoye

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