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Walem : « C’était devenu tellement pénible à la Fédé que j’en suis tombé malade »

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Récemment nommé coach de Courtrai, Johan Walem revient sur son travail avec les Espoirs et évoque les jeunes talents belges. Entretien.

Et maintenant, on va voir ce que Johan Walem a dans le ventre avec les grands. Partout où il est passé comme entraîneur, on a entendu les mêmes commentaires : vraies compétences, vision, passion, recherche de beau jeu, force de travail au-dessus de la moyenne. Tout ça avec des jeunes : à Anderlecht, à Udine, à la tête de nos Espoirs.

Et maintenant, donc, on va le retrouver sur un banc de D1. Faire aussi bien que Hein Vanhaezebrouck et Yves Vanderhaeghe à Courtrai, c’est pour sa pomme. Son défi. Sa nouvelle vie. Entretien.

Après sept années avec des Espoirs, tu estimes que tu as fait le tour de la question, tu as besoin d’autre chose ?

Johan Walem : Pas spécialement. J’adorais ce que je faisais. A Anderlecht, en Italie, à la Fédération, je me suis éclaté, j’ai appris mon métier, j’ai pris plein d’expérience. Ce n’est pas nécessairement évident de quitter une équipe nationale, mais voilà, j’ai tranché. Un choix personnel. Pour tout te dire… je n’ai même pas envie d’en parler. Je préfère résumer en disant que j’ai passé trois années exceptionnelles à la fédé mais que c’était devenu beaucoup plus dur ces derniers temps.

L’ambiance avait changé ?

Disons que j’avais besoin de prendre mes distances par rapport à certaines choses. C’était devenu tellement pénible que j’en suis tombé malade. Out. Au bout du rouleau. En arrêt de travail pendant deux mois. Je ne pouvais plus. Je connais mon corps et c’était la première fois qu’il réagissait comme ça. Il y a des choses qui m’ont franchement touché. C’est la vie, à moi d’apprendre à être plus dur. J’ai eu la chance d’avoir autour de moi des gens qui ont vu ma souffrance et qui m’ont dit : -Johan, fais quelque chose. J’ai eu la force de dire que j’arrêtais. J’adore ce que je fais, je ne pouvais pas prendre le risque de perdre l’envie. J’ai eu un clic dans la tête, c’est pour ça que j’ai démissionné.

De l’extérieur, on ne voyait pas que tu en avais marre.

Mais je n’en avais pas marre ! Je te répète que je me suis super bien amusé pendant trois ans, j’avais une super relation avec tout le monde, puis la donne a un peu changé. Ça fait partie de la vie des grandes entreprises, il faut faire avec, il faut accepter ça.

« Anderlecht n’était pas trop jeune pour être champion »

On a vanté la jeunesse de l’équipe d’Anderlecht la saison dernière, mais si on fait son bilan… Elimination en Ligue des Champions, échec en finale de la Coupe de Belgique, troisième place en championnat. Est-ce qu’il n’aurait pas fallu miser un peu moins sur les jeunes, trouver un meilleur mix et obtenir des meilleurs résultats ?

« C’est clair qu’ils n’ont rien gagné et qu’ils doivent maintenant assumer les conséquences : pas de Ligue des Champions la saison prochaine. Mais le débat n’est pas là : indépendamment de la moyenne d’âge, ce noyau était suffisant pour gagner quelque chose, pour être champion. Besnik Hasi est bien d’accord. On peut d’ailleurs dire la même chose de Bruges : il y avait assez de qualités là-bas pour décrocher le titre, même avec tous les jeunes. Si ces deux clubs ont échoué, c’est d’abord parce qu’ils ont mal négocié quelques matches-clés et parce que Gand a été plus régulier et est monté en puissance au fil de la saison. Vraiment, la question de l’âge est un faux problème. A Courtrai, je resterai fidèle à ma philosophie. Si un jeune est bon, il jouera. »

Dennis Praet et Youri Tielemans doivent partir à l’étranger dès maintenant ?

« Il faudra voir ce qu’on propose à Praet. Peut-être qu’il sera obligé de rester à Anderlecht. Il n’y a pas beaucoup de joueurs en Belgique qui ont autant de qualités que lui. On dit qu’il est surestimé, je ne suis pas du tout d’accord. C’est un super footballeur, un des seuls capables d’accélérer en une touche de balle, avec un sens du déplacement très intéressant. Il a montré en Ligue des Champions qu’il avait le niveau. Maintenant, il reste sur une saison compliquée, frustrante. Indépendamment de sa blessure au dos, on devait se douter qu’il aurait du mal après avoir reçu le Soulier d’Or parce que c’est toujours comme ça. Pour ce qui est de Tielemans, à sa place, j’attendrais encore un peu avant de viser l’étranger. J’ai d’ailleurs été surpris qu’il soit déjà sélectionné en équipe nationale. Idem pour Leander Dendoncker. Pour moi, c’était trop tôt, surtout qu’il y avait d’autres choix possibles. »

Par Pierre Danvoye

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