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Visite au FC Houthem, une équipe amateure wallonne en Flandre occidentale : « Il arrive que l’on nous crie des « sale wallon »

Petit arrêt dans les divisions inférieures. Ce dimanche, on part à la rencontre d’Emilien Deriu, joueur du FC Houthem, un club de quatrième provinciale en Flandre occidentale qui a la particularité d’être la seule équipe wallonne de sa série.

« Il y a trois ans, j’ai rejoint le FC Houthem parce que j’ai acheté une maison à quelques pas du terrain. J’avais l’intention de faire d’abord mes preuves avec les moins de 18 ans, mais il est vite apparu que l’équipe A pouvait encore avoir besoin de moi. Le club venait de réenregistrer une équipe en quatrième provinciale, après que l’équipe première ait été dissoute en 2017. Il fallait des joueurs expérimentés pour encadrer les nombreux jeunesdu noyau. La direction a voulu recommencer une nouvelle histoire en jouant à fond la carte de la jeunesse. Cette politique nous a quelque peu gênés cette saison. En quatrième provinciale, il ne faut pas grand-chose pour obtenir des résultats : un tueur en attaque, deux hommes au milieu qui récupèrent tous les ballons et distribuent le jeu, et un arrière qui fait le ménage quasiment à lui tout seul. Au début de la saison, nous avons perdu certains des vétérans qui étaient toujours titulaires. Deux se sont blessés, deux ont arrêté de jouer pour des raisons indépendantes de leur volonté et un ne s’est tout simplement pas présenté. Nous avons donc dû jouer avec de jeunes gars qui n’étaient pas encore prêts pour tenir la distance toute une saison. »

« En additionnant tous ces facteurs, vous arrivez à notre situation… Nous voulions vivre une saison tranquille en jouant le milieu du tableau, mais nous allons terminer la saison en étant l’une des pires équipes de Flandre occidentale. Cela provoque forcément des frustrations. Je ne sais pas comment les autres joueurs gèrent ça, mais moi j’en ai marre de toujours perdre. L’autre jour, nous nous sommes inclinés 8-0 à Voormezele. Que pouvez-vous dire en tant que capitaine après une nouvelle défaite sur un tel score ? J’ai l’impression que mon message et celui de l’entraîneur ne passent plus. Aurais-je dû mettre des accents différents dans mon discours ? J’aurais peut-être dû élever la voix davantage ? C’est ce qui me préoccupe le soir quand je rentre chez moi. »

« Sale Wallon »

« Est -ce que l’on se moque de nous ? Je sais ce que pensent nos adversaires : « Ce n’est que Houthem, ils n’ont marqué que six points cette saison, leur défense n’est qu’un gruyère ». Ils ne nous prennent plus au sérieux. Parfois, ils essaient même de nous ridiculiser. Je suis le capitaine et je dois m’assurer que mes garçons ne répondent pas à d’éventuelles provocations. Ce n’est pas toujours facile avec des jeunes, qui peuvent rapidement monter dans les tours et perdre le fil du match. »

Il n’est pas toujours facile d’être la seule équipe wallonne dans une série flamande

« Une des particularités de notre club est aussi d’être la seule équipe wallonne dans une série flamande. Dans certains matches, on peut sentir la tension dans l’air. Il arrive que l’on nous crie des « sale wallon », mais l’inverse se produit également. Nous sommes également confrontés presque chaque semaine à des arbitres qui ne comprennent pas le français. Parfois, l’arbitre doit prendre un joueur à part pour lui expliquer une décision, mais cela n’est pas possible si les deux ne se comprennent pas. Oui, j’ai l’impression que nous sommes souvent désavantagés. Pour des raisons financières, un déménagement en Wallonie n’est pas envisageable pour le moment. Nous jouerions alors contre des équipes de Tournai et cela nous ferait des trajets d’au moins 45 minutes, alors qu’aujourd’hui, nous affrontons des équipes du quartier et que nous devons effectuer de courts déplacements. »

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« Attirer des joueurs est aussi un autre problème. Les joueurs flamands ont tellement de possibilités que la direction est limité dans ses choix. En fait, chaque été, un carrousel de joueurs commence entre les trois équipes de Komen : Jespo Comines-Warneton, US Ploegsteert et Houthem. J’ai déjà jouer pour les trois clubs… (rires) Si vous ne réussissez pas avec une équipe, vous pouvez toujours aller chez les voisins en ayant l’espoir que ça se passe mieux (rires). »

« Malgré les problèmes, je suis heureux qu’il y ait encore une bonne entente entre les joueurs du noyau. Et quelle équipe de quatrième provinciale peut revendiquer avoir un « Spioenkop » ? Notre noyau dur, le Kop Houthemois, compte vingt personnes et il est fidèle au poste chaque dimanche. Parfois, ils amènent des feux de Bengale et des bannières, comme lors du derby contre Hollebeke. J’éprouve beaucoup de respect pour ces gars-là ! Car parfois, la quatrième provinciale n’est pas à prendre à la légère. Ce sont des personnes qui vivent à fond pour leur club et malheureusement nous n’avons pas pu leur rendre grand-chose cette saison. C’est l’une des raisons pour lesquelles je vais quand même rester encore une année ici. J’ai déjà 34 ans, mais je ne veux pas terminer ma carrière sur une mauvaise note. »

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