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Vincent Kompany : The Godfather

La préparation a réellement débuté pour Vincent Kompany et sa suite. Comment le joueur-manager d’Anderlecht s’y est-il pris pour mettre le club à sa main en un minimum de temps ? Et quels sont les défis qui l’attendent encore ?

Mardi 25 juin, peu avant 15h30. Il fait chaud à mourir à Neerpede lorsque Vincent Kompany prend place entre Marc Coucke et Michael Verschueren pour s’adresser à la presse pour la première fois depuis son retour à Anderlecht. Sous la tente, l’air conditionné fonctionne mal et la température ne cesse de grimper mais aucune goutte de sueur ne perle sur le crâne chauve de Kompany, qui masque partiellement la banderole Welcome home Vincent.

Tandis que des dizaines de journalistes belges et britanniques luttent de façon inégale contre la chaleur, quelques employés du club terminent leur journée en suivant le show en livestream depuis leur bureau au centre d’entraînement de Neerpede. Nonante minutes après la présentation officielle à la presse, c’est au tour du personnel de rejoindre la tente et d’écouter un long exposé sur la façon dont Kompany veut travailler à l’avenir. L’ambiance est relax. Deux vieux serviteurs du club sont remerciés avec les égards pour services rendus et Kompany se mêle au personnel.

Au siège du club, tout le monde est convaincu depuis le premier jour que la présence de Kompany peut faire du bien à Anderlecht. Ce sentiment a encore été renforcé lors du lancement du centre de formation, lundi dernier, au Kinepolis de Bruxelles. Lorsqu’ils parlent du Diable Rouge, les yeux des collaborateurs du club brillent. Il constitue pour eux une source de motivation. Mais Kompany est tellement impliqué et lance tellement de bonnes idées que les gens se demandent quand il dort.

 » Le club revit à tous les niveaux « , nous dit quelqu’un qui a passé de longues années au Sporting.  » Même au sein du noyau, qui est en grande partie resté intact, l’ambiance a changé. Vincent réunit plusieurs qualités : il a quelque chose à dire, c’est un leader, il a du charisme et il a un passé au club. Il ne parle pas pour ne rien dire et il sait ce qu’on est en droit d’attendre de lui. Quand on fait le compte, on comprend pourquoi sa présence suscite autant d’enthousiasme.  »

BOSS

Ceux qui ont connu Kompany à Anderlecht au début des années 2000 se souviennent d’un garçon certes pas encore mûr mais intelligent et très exigeant envers lui-même. Ses passages par Hambourg et Manchester en ont fait un jeune trentenaire très expérimenté. Il sait ce qu’il faut faire et surtout ne pas faire pour mener une équipe au succès. Dans son esprit, il est essentiel de communiquer ouvertement avec les principaux piliers du club. Il veut savoir comment il peut les soutenir et, en même temps, il les stimule à prendre des initiatives.

La formule – inciter ses collègues à bouger tout en gardant le contrôle sur l’ensemble – semble fonctionner. Une semaine et demie après son arrivée à Neerpede, il est clair que, sur le plan hiérarchique, Kompany est au même niveau que Verschueren. Et il fait bien comprendre qu’il est manager, pas entraîneur.  » Sur le plan sportif, il donne l’impression de maîtriser la matière sur le bout des doigts « , dit-on à Neerpede.  » Il a étudié le management et il n’a pas son pareil pour mettre la théorie en pratique. Il est effectivement capable de diriger les différents départements et de les faire travailler ensemble.  »

Lorsqu’il a pris la tête du département sportif, l’an dernier, Verschueren avait en tête un plan directeur qui devait assurer l’avenir du club. Un projet international dont le mot d’ordre était Think global, act local. Le fils de Mister Michel a posé les fondations et il bénéficie en la personne de Kompany de l’architecte idéal pour mettre en place la suite du projet. L’argent de Belfius, qui a permis d’augmenter le budget des jeunes de 20 %, constitue la pièce manquante du puzzle. À terme, l’investissement de la banque doit mener à une augmentation du pourcentage de homegrown players dans le noyau pour arriver à 45 %, ce qui augmentera les chances de vendre de nouveaux Romelu Lukaku, Youri Tielemans ou Leander Dendoncker pour beaucoup d’argent.

Plusieurs entraîneurs sont tombés des nues la semaine dernière en apprenant qu’Anderlecht pourrait compter sur un apport financier extérieur pour renforcer sa formation des jeunes. D’autres étaient moins surpris et savaient que des moyens supplémentaires seront investis dans l’encadrement personnel de joueurs aux niveaux sportif et social.  » Le club a compris que la formation était devenu un but en soi « , dit l’un d’entre eux.  » Même si nous ne les formons pas pour Anderlecht, ces joueurs rapporteront de l’argent.  »

CONDITION

Au cours des prochaines semaines, Kompany va encore devoir guérir quelques maladies de jeunesse. C’est ainsi que l’état physique du noyau pose problème depuis des années. Il est bien connu que, ces dernières saisons, lors des tests physiques, les joueurs passés des espoirs au noyau A obtenaient souvent de meilleurs résultats que les joueurs de l’équipe première. Est-ce dû au nombre important de changements de préparateur physique ? Depuis 2013, Jurgen Segers, Thomas Bingelli, Gino Caen et Alessandro Schoenmaker sont passés par Anderlecht et deux d’entre eux au moins ont suscité des questions au sujet de leur compétence.

Après le départ de Schoenmaker pour l’Ajax, à la mi-juin, les noms de deux préparateurs physiques anglais ont circulé mais aucun d’eux n’a été engagé. Verschueren a confié la responsabilité de s’occuper de l’aspect physique de la préparation à Tim Geerts, un jeune homme d’une vingtaine d’années qui n’a que peu d’expérience en la matière. Avant cela, Geerts introduisait les performances individuelles athlétiques et les données GPS dans l’ordinateur mais à Anderlecht, on semble penser qu’il a suffisamment de connaissances pour mettre au point la condition physique des joueurs.

Pour ce qui est des transferts, il est temps que Kompany passe à la vitesse supérieure. De grands noms comme ceux de Wilfried Bony, Samir Nasri et Vincent Janssen ont été cités comme renforts potentiels mais le seul joueur pour lequel on peut dire avec certitude qu’Anderlecht négocie, c’est Michel Vlap. Le meneur de jeu néerlandais a fait d’Anderlecht sa priorité – c’était déjà le cas avant même qu’on apprenne l’arrivée de Kompany au Stade Constant Vanden Stock – et son entourage espérait que tout soit réglé il y a deux semaines déjà. Entre-temps, Vlap fait ce qu’il faut avec Heerenveen. Dimanche, en une mi-temps, il a inscrit trois buts face au VV Buitenpost, un club amateur.

Au niveau des départs, la situation est encore plus précaire. Des joueurs qui peuvent partir ne trouvent pas acquéreur, à moins d’être soldés. Et cela, même Kompany ne pourra rien y faire en un claquement de doigts.

* Dans l’article  » Les réseaux de Kompany  » publié le 12 juin, il est indiqué erronément que Nicaise Kudimbana n’est plus footballeur professionnel. Bien que le gardien, ancien du RSCA notamment, soit sans club pour le moment, il n’a pas renoncé du tout à poursuivre sa carrière. En tant que joueur libre, il peut même être engagé à tout moment.

Vincent Kompany y va de ses instructions lors du match amical à Audenarde, le week-end passé.
Vincent Kompany y va de ses instructions lors du match amical à Audenarde, le week-end passé.© PHOTONEWS

The Kompany kids

Lors des premiers matches amicaux face au RWDM et à Audenarde, Simon Davies et Vincent Kompany ont aligné quatorze jeunes n’ayant pas la moindre expérience du plus haut niveau. Le plus âgé avait 19 ans et le plus jeune, 16 ans à peine. Qui sont ces jeunes talents que Kompany veut lancer progressivement en équipe première au cours des prochains mois ?

ANOUAR AIT EL HADJ 20/04/2002

PLACE : médian

ANOUAR AIT EL HADJ
ANOUAR AIT EL HADJ© PG

Joueur élégant qui fait preuve d’une grande aisance dans les petits espaces et trouve des ouvertures étonnantes pour un joueur de son âge. Le Bruxellois a eu du mal à s’imposer en U18 car il a dû affronter des joueurs qui avaient au moins un an de plus que lui. Il a éclaté lors de la Future Cup à Amsterdam, où il a obtenu le trophée du meilleur joueur et celui de meilleur buteur du tournoi.

ANTOINE COLASSIN 26/02/2001

PLACE : médian/ attaquant

ANTOINE COLASSIN
ANTOINE COLASSIN© PG

Au début de la saison dernière, il était l’un des rares joueurs à ne pas avoir été promu de U18 en U21. Il y est arrivé plus tard et s’est montré décisif en mai, inscrivant deux buts face au Standard. Sa puissance, ses infiltrations de la deuxième ligne et sa capacité à couvrir énormément de terrain font de lui un profil rare à Neerpede.

NIKLO DAILLY 06/11/2001

PLACE : attaquant

NIKLO DAILLY
NIKLO DAILLY© PG

Le fils de Thierry Dailly, président du RWDM, est arrivé très jeune à Anderlecht. En 2015, il est parti à Gand où il n’a pas beaucoup joué pendant deux ans. Il est ensuite revenu dans la capitale. En U17, il a surtout été utilisé comme joker mais après une très belle saison en U18, il va recevoir sa chance en espoirs.

EDUARDS DASKEVICS 17/02/2002

PLACE : ailier

EDUARDS DASKEVICS
EDUARDS DASKEVICS© PG

On affirme qu’il s’agit d’un des plus grands espoirs du football letton. Il est arrivé à Anderlecht il y a un bout de temps déjà mais il ne pouvait pas jouer de match officiel. Il dispose d’une bonne technique mais perd souvent ses moyens dans les vingt derniers mètres. S’il parvient à canaliser cette nervosité, il peut devenir un des meilleurs joueurs en U21.

HOTMAN EL KABABRI 24/02/2000

PLACE : arrière droit

HOTMAN EL KABABRI
HOTMAN EL KABABRI© PG

Un enfant de la maison qui a été pendant des années capitaine des équipes dans lesquelles il évoluait. Il fait le ménage derrière et n’a peur de rien, même pas d’une armoire à glace comme Ivan Santini. Jugé trop petit pour être arrière central, on a voulu le changer de place et le faire jouer à droite. Il a fallu l’en persuader mais il a été récompensé par un nouveau contrat.

JERKO GULDIX 22/05/2000

PLACE : défenseur central

JERKO GULDIX
JERKO GULDIX© PG

Incontournable en U17, il a signé son premier contrat pro en 2017. Par la suite, il a disparu dans l’anonymat et a été rattrapé par d’autres bons jeunes.

CHRIS KALULIKA 19/09/2002

PLACE : attaquant

CHRIS KALULIKA
CHRIS KALULIKA© PG

Comme son père, l’ex-joueur de Saint-Trond Dieudonné Kalulika, Chris est un véritable numéro neuf. Rapide et puissant, il dominait tout le monde dans les catégories d’âge mais la saison dernière, en U18, il s’est mis à faire du sur-place. Le sélectionneur national l’a déplacé sur le flanc et, depuis, il a retrouvé la confiance.

THEO LEONI 21/04/2000

PLACE : médian

THEO LEONI
THEO LEONI© PG

Un joueur qui a mûri sur le tard et qui, comme Albert Sambi Lokonga ou Alexis Saelemaekers, était jugé trop frêle en équipes d’âge. Son gros volume de jeu lui permet de jouer facilement deux matches d’affilée mais il doit prendre du muscle afin de jouer plus vite. Il ne sera pas prêt pour la D1A avant six mois au moins.

LUCAS LISSENS 25/07/2001

PLACE : défenseur central

LUCAS LISSENS
LUCAS LISSENS© PG

C’est sans doute le joueur dont on parle le moins à Neerpede mais il répond toujours présent. Comme de nombreux défenseurs centraux mauves, il n’est pas très costaud mais nombreux sont ceux qui pensent qu’il va percer. À Anderlecht ou ailleurs.

MATHIS SURAY 25/07/2001

PLACE : médian/ailier

MATHIS SURAY
MATHIS SURAY© PG

Encore un fils de ! Son père, Olivier Suray, a été deux fois champion avec Anderlecht. Attaquant de formation, cela fait quelques années qu’il joue en dix ou sur le flanc. Il marque facilement, a une bonne vista et est rapide, ce qui fait de lui un 9,5.

HALIM TIMASSI 01/09/2001

PLACE : médian

HALIM TIMASSI
HALIM TIMASSI© PG

Joueur offensif qui se complique parfois la tâche. Quelques clubs anglais l’ont suivi mais, en mai dernier, Marc Coucke lui a proposé un contrat pro.

THIERRY LUTONDA 27/10/2000

PLACE : arrière gauche

THIERRY LUTONDA
THIERRY LUTONDA© PG

Formé au poste de médian défensif par le Standard, il est devenu arrière gauche en U19 à Anderlecht. Jonas De Roeck a fait appel à lui en U21 comme doublure de Mardochee Nzita. En mars, il a prolongé son contrat et ça fait un bout de temps qu’il est titulaire en équipe nationale tandis que Nzita est parti à Pérouse (D2 italienne) le mois dernier.

LOÏC MASSCHO 02/10/2001

PLACE : arrière droit

LOÏC MASSCHO
LOÏC MASSCHO© PG

A subi une grave blessure au genou il y a deux ans mais la saison dernière, il a montré par moments qu’il retrouvait son niveau d’antan. Âgé de 17 ans, il a la réputation de travailler énormément, que ce soit sur le terrain ou à la salle de fitness – ce n’est pas un hasard si on le surnomme the machine.

KILLIAN SARDELLA 02/05/2002

PLACE : défenseur central

KILLIAN SARDELLA
KILLIAN SARDELLA© PG

La saison dernière, il s’est entraîné avec les U21 mais il n’a pas souvent été retenu et il a disputé la plupart de ses matches avec les U18. Il sait qu’il est trop petit pour jouer au poste de défenseur central en Belgique ou en Europe et il a demandé à pouvoir jouer en 6. Il doit cependant progresser dans le jeu long car seuls deux ballons sur cinq arrivent.

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