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Vandenhaute président d’Anderlecht, la fin d’un an de privilège réglementaire

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Enfin officialisé dans son rôle de président, l’homme fort des Mauves dirigeait dans l’ombre, puis à visage découvert depuis de nombreux mois. Malgré une casquette d’agent qui l’interdisait d’exercer cette fonction.

En s’éloignant de la capitale, on entend souvent ce discours, qu’on trouve souvent trop dépourvu d’éléments factuels pour être crédible. Anderlecht et son palmarès presque excentrique aux normes belges serait un club privilégié. Par les instances, au sens large. L’année écoulée a-t-elle donné raison à ceux qui défendent cette théorie ? Entre le 14 janvier 2020 et le 6 janvier 2021, les Mauves ont en tout cas dangereusement flirté avec les frontières du règlement de l’Union Belge, sans jamais être pénalisés.

Rembobinage, pour se remettre en tête le film du début de l’année tout juste terminée. En plein remaniement dans les bureaux, Anderlecht intègre une flopée de nouveaux noms, dont un certain Wouter Vandenhaute qui enfile le costume de conseiller externe. Longtemps en pole position pour reprendre les rênes du club lors de la vente par Roger Vanden Stock, l’homme de médias flamand débarque finalement dans le club de son coeur dans un rôle hybride. Même si dans le milieu, on n’en doute pas : « C’est le cheval de Troie, il va finir par placer ses hommes à Anderlecht. »

Le problème, c’est que Vandenhaute est le patron de Let’s Play, une agence de joueurs qui gère notamment les intérêts de Youri Tielemans. Et que le règlement concernant l’octroi de la licence est très clair. L’article 407.2 explique que « la licence ne sera pas octroyée à un club dont une ou plusieurs personnalités juridiques liées exerce l’activité d’intermédiaire. » S’il n’est pas officiellement un membre du club, et qu’il est rémunéré pour sa fonction de conseiller par Alychlo, la société de Marc Coucke, Vandenhaute semble avoir une « influence notable » sur le club, ce qui est interdit par le règlement et devrait priver Anderlecht de sa licence.

Les Mauves jouent sur le flou. Deux jours avant le passage devant la Commission des Licences, Karel Van Eetvelt tente de montrer patte blanche sur le site du club : « Wouter n’a même pas de contrat avec notre club. Il existe un accord de coopération avec la société du président, et nous l’avons aussi transmis au comité des licences. » Une version avalisée par la Commission, qui s’appuie sur une déclaration sur l’honneur rédigée de concert par Coucke et Van Eetvelt : « La déclaration […] stipule qu’il n’existe aucune relation contractuelle entre le club et Mr Vandenhaute ; que Mr Vandenhaute ne fournit que des avis externes au club et uniquement à la demande spécifique du CEO ou du Président du club ; que les avis de Mr Vandenhaute ne concerneront pas la politique de transfert du club et que ces avis ne seront en aucun cas contraignants pour le club ; que le club ne lui accorde aucun pouvoir de management au sein du club ; que Mr Vandenhaute n’exerce, d’une manière ou d’une autre, aucune influence notable sur le club. » Anderlecht reçoit sa licence pour la saison 2020-2021.

Les masques tombent un bon mois plus tard, quand Marc Coucke annonce qu’il cède la présidence à Wouter Vandenhaute le 28 mai 2020, décision avalisée cinq jours plus tard par le conseil d’administration du club. N’a-t-il donc pas eu d’influence sur le club entre janvier et mai ? Si, dans l’annonce officielle du club, le nouveau président affirme avoir été contacté par Marc Coucke « il y a une dizaine de jours », le site internet du club raconte que « Karel Van Eetvelt a mis au point ces derniers mois » le plan 2020-2025, « en collaboration étroite avec Vincent Kompany et avec le conseiller externe Wouter Vandenhaute. » De quoi remettre en doute la validité de la déclaration sur l’honneur rédigée au début du mois d’avril. Sauf s’il est possible de participer à l’établissement d’un plan sur cinq ans sans avoir d’influence notable.

Si sa candidature est acceptée, la présidence de Wouter Vandenhaute n’est pas encore actée. Et pour cause : ses parts dans la société Let’s Play ne sont toujours pas vendues. Pas encore officiellement président, mais agissant de la sorte dans les faits, Vandenhaute est hors de portée jusqu’au printemps, date du prochain dossier complet à remettre à la Commission des Licences. Pendant sept mois, jusqu’à la vente de ses parts « durant la période de Noël », à en croire le site du club, Vandenhaute est donc le président officieux des Mauves tout en dirigeant une agence de joueurs. Une double casquette formellement interdite par le règlement. Le surprenant privilège prend fin ce 6 janvier 2021, en toute impunité.

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