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Van den Brom: « cette saison, les 30 premiers matches ne seront pas très importants »

L’entraîneur d’Anderlecht revient sur une première saison mauve faite de ups and downs. « Les play-offs ? Après coup, je me dis : fabuleux ! Mais, au coeur-même de l’action, je devenais carrément fou. » John van den Brom vu de Hollande.

Vous n’êtes pas habitué à préparer deux saisons d’affilée dans le même club…

John van den Brom : C’est ce que j’ai dit lors de ma première conférence de presse après les vacances. Un peu d’autodérision ne fait pas de tort.

Vous aviez quitté l’ADO La Haye et Vitesse Arnhem sur de bons résultats. A présent, vous devez confirmer ?

Le défi est plus difficile que l’an dernier parce qu’il va falloir mettre en place une toute nouvelle équipe. L’été passé, j’avais débarqué dans un ensemble déjà bien huilé. Le seul joueur que j’avais amené, c’était Bram Nuytinck. Aujourd’hui, les choses ont bien changé puisque nous allons perdre quelques vedettes : Lucas Biglia, Dieumerci Mbokani, Milan Jovanovic et probablement aussi Cheikhou Kouyaté. Le noyau sera également moins large. Nous avons du pain sur la planche car il va falloir trouver quatre ou cinq joueurs qui peuvent être directement titulaires. Pourtant, le club et moi sommes plus détendus que la saison dernière. A l’époque, j’étais vraiment sous pression car nous devions nous qualifier pour la phase des poules de la Ligue des Champions. Ce n’était plus arrivé depuis sept ans mais nous y sommes parvenus. Dix-sept millions d’euros étaient en jeu. Je devais réussir alors que personne ne me connaissait.

Après la saison régulière, vous avez encore dû composer avec les play-offs.

Aujourd’hui, je me dis que c’était bien : du suspense, des stades pleins… Mais c’est vrai que quand j’étais dedans, je devenais fou. Tout le monde m’avait prévenu mais quand les play-offs ont débuté, j’ai eu mal au ventre. Nous avions quatre points d’avance sur Zulte Waregem et tous les autres étaient à minimum 12 unités. Mais les totaux ont été divisés par deux. Du coup, le Standard n’était plus qu’à neuf points. Nous avons perdu le premier match et ils ont gagné. La différence n’était dès lors plus que de six points. Autant dire rien. Sans compter que nous ne jouions toujours pas bien. C’est pour ça que nous avons commencé à stresser. La saison prochaine, j’aborderai les choses autrement. Les 30 premiers matches de championnat ne sont pas très importants. C’est plus tard qu’il faut être en forme. Evidemment, il est toujours difficile de faire des plans précis. Mais je crois que je donnerai plus souvent congé aux joueurs. La saison dernière, nous avons disputé pas moins de 59 matches officiels. Certains ont presque tout joué. C’est peut-être trop. Les joueurs ne veulent jamais se reposer, surtout quand tout va bien. Mais un entraîneur doit parfois les protéger contre eux-mêmes pour éviter de souffrir à la fin.

Qu’avez-vous pensé lorsque les fans ont débarqué, furieux, à l’entraînement ? Tout cela a été monté en épingle. Nous étions en pleine série noire, avec cinq points en autant de matches. C’était un jour férié et je me suis dit que ce serait sympa d’ouvrir les portes aux fans. Trois mille personnes ont assisté à l’entraînement. C’était plutôt chouette et positif. Mais il y avait, parmi eux, un petit groupe de hooligans. Après 20 minutes, ils sont montés sur le terrain pour demander des comptes aux joueurs, pas à moi. Les autres spectateurs les ont sifflés. Mais le plus beau, c’est quand le président les a apostrophés : – Si vous voulez casser la gueule à quelqu’un, vous n’avez qu’à vous en prendre à moi. Grande classe ! Et ils sont partis. Après l’entraînement, nous avons encore signé des autographes pendant une heure. Mais de cela, personne n’en a fait état. On n’a parlé que de ce petit groupe de trublions.

A la fin de la saison, vous avez fait appel à un coach mental hollandais, John Troost. D’où sortait-il ?

Le dimanche, nous avions perdu au Club Brugeois et, à la dernière minute, nous avions manqué un énième penalty. Nous étions mal. Pas désespérés mais il fallait faire quelque chose. Le lundi, j’ai reçu un mail de John, dont je n’avais jamais entendu parler. -Engagez-moi et Anderlecht sera champion, écrivait-il. Je l’ai invité, il m’a raconté son histoire et j’ai décidé de l’intégrer au groupe en disant que, si nous étions champions, nous nous cotiserions pour le payer. Ça a marché !

Qu’est-ce que ce titre a déclenché en vous ?

Il m’a boosté. Si l’on excepte celui que j’ai obtenu avec les jeunes de l’Ajax, c’est mon premier titre. Pendant les vacances, ma femme et moi avons trinqué dessus chaque soir. Et tous les matins, je me levais en me disant : Champion ! Voir son nom associé à un trophée pareil, c’est géant. D’autant plus qu’il est synonyme de qualification directe pour la phase des poules de la Ligue des Champions. On va bien s’amuser.

Quels résultats pouvez-vous espérer y récolter ?

Sur base du noyau actuel, pas grand-chose. Mais avec quelques renforts, nous pouvons peut-être surprendre.

Quelle comparaison effectuez-vous entre le championnat de Belgique et celui des Pays-Bas ?

Le niveau est comparable. En Hollande, Anderlecht serait aussi candidat au titre et les clubs qui ont disputé les play-offs pourraient tous terminer dans le Top 6. La grosse différence se situe au niveau du style de jeu. Les clubs hollandais veulent toujours gagner alors que la plupart des équipes belges jouent encore pour ne pas perdre. L’an dernier, contre l’Ajax, Willem II a joué pour les trois points tandis que, quand nous sommes allés au Cercle de Bruges, nous nous sommes heurtés à onze défenseurs… qui ont fini par perdre. Mais le plus frappant, c’est la différence d’installations. J’ai vu ici des stades qui, aux Pays-Bas, ne seraient pas homologués. Zulte Waregem, qui est deuxième, n’a même pas de tribune derrière le but. Sur ce plan, la Belgique a pas mal de retard. C’est le moment de le rattraper puisque les Diables Rouges ont le vent en poupe.

Retrouvez l’intégralité de cette interview dans Sport/Foot Magazine. Geert-Jan Jakobs

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