Jacques Sys

Une nouvelle légion étrangère

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Il fut un temps où Anderlecht était l’université du football, un temple du beau jeu et de la créativité. À cet égard, l’arrivée de Samir Nasri va ramener un peu de nostalgie.

Le Français est un brillant technicien, un médian à qui le ballon colle au pied et qui est capable de délivrer des passes magiques, le genre de joueur pour qui les gens se rendent au stade. Il a été un joueur de classe mondiale mais, ces dernières années, il est devenu incontrôlable. Après notamment une suspension pour dopage, il espère relancer sa carrière chez les Mauves.

En le faisant venir, Vincent Kompany ne se facilite pas la tâche. Il a beau avoir joué à Manchester City avec Nasri, il lui faudra beaucoup de tact et de compétence pour le contrôler. Bien entendu, s’il retrouve son niveau normal, Nasri constituera un plus pour le championnat mais il pourrait tout aussi bien être un flop. Sans compter qu’il faudra trouver un moyen de l’intégrer dans un entrejeu déjà surpeuplé. Au cours de cette période de transferts, on constate une nouvelle fois que des clubs engagent des joueurs avant de tenir compte du système. Le monde à l’envers.

À quoi ressembleraient les équipes de D1A si le championnat débutait maintenant ? Dans ce magazine, nous faisons le point de la situation. Des lacunes doivent encore être comblées et les clubs se tourneront avant tout vers l’étranger. Dès maintenant, nous devons faire face à un nouvel afflux : un Vietnamien à Saint-Trond, un Équatorien à Eupen, un Polonais à Zulte Waregem, un Bosnien à Courtrai, deux Portugais à Mouscron, une volée de Français au Cercle… La Jupiler Pro League, c’est la légion étrangère. Et les agents, cloués au pilori il y a quelques mois à peine, font à nouveau des affaires en or.

L’arrivée de Nasri à Anderlecht va ramener un peu de nostalgie.

Dans deux semaines et demi, le championnat commence. Lentement mais sûrement, les entraîneurs tentent de mettre leur équipe au point. Ils n’ont plus guère de temps pour trouver la solution ou, éventuellement, transférer les joueurs qui manquent. Et qu’en est-il des clubs qui ne savent pas encore s’ils évolueront en D1A ou en D1B ? Le pire, ce serait qu’à cause de la lenteur de la procédure judiciaire, la Belgique perde un ticket européen.

Samedi, le départ du Tour de France à Bruxelles a suscité un enthousiasme peu commun. Au fil de la journée, la capitale a été envahie par une véritable marée humaine. La traversée de Bruxelles donnait la chair de poule.

Au cours des semaines précédentes, 41 ans après la fin de sa carrière, Eddy Merckx avait eu droit à un hommage sans pareil dans le cadre des cinquante ans de sa première victoire au Tour. Merckx n’aime pas cette idolâtrie. Coureur, déjà, il parvenait toujours à tempérer sa joie. Cette fois, il était visiblement très fier. À le voir saluer la foule par le toit ouvrant de la voiture du directeur de course, Christian Prudhomme, on aurait cru assister à une entrée papale.

Le départ du Tour a coûté plus de onze millions d’euros à la ville de Bruxelles. On ne connaît pas encore le return économique de cet investissement. Le sport et l’économie sont deux choses différentes et Anderlecht s’en rend compte également : jusqu’ici, l’arrivée de Vincent Kompany n’a pas encore provoqué une ruée sur les abonnements.

Michael Verschueren et Samir Nasri
Michael Verschueren et Samir Nasri© PHOTONEWS

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