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Un Ninja dans le jardin d’Eden

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

On dit que tous les chemins mènent à Rome. Pourtant, l’autoroute du succès empruntée par Radja Nainggolan ne semble pas relier la Ville Éternelle aux Diables rouges. Le Ninja joue sans ceinture de sécurité, et son football de chauffard manque de place dans le convoi national. Analyse d’un avenir embouteillé.

Le débat erroné qui relie Radja Nainggolan à Axel Witsel est exposé au grand jour depuis le début du mois de décembre. À l’occasion du derby romain, Luciano Spalletti sort de son chapeau une défense à trois, où Kostas Manolas vient s’associer à Antonio Rüdiger et Federico Fazio. La Louve montre les crocs dans ce 3-4-2-1 qui devient une vogue continentale, et Radja laisse Daniele De Rossi et Kevin Strootman se poser devant la défense. Le Ninja est un cran plus haut, associé à Diego Perotti en soutien d’Edin Dzeko. S’il est à nouveau question d’équipe nationale après la rencontre, les observateurs avisés doivent constater que le Radja si impressionnant du Calcio n’est pas à classer parmi les concurrents de Witsel, Marouane Fellaini ou Moussa Dembélé, mais comme une alternative à Dries Mertens ou Eden Hazard. C’est d’ailleurs à ce même poste de milieu offensif que Roberto Martinez, présent dans les tribunes du Stadio Olimpico une semaine plus tard, voit Nainggolan inscrire le seul but de la rencontre face au Milan de Vincenzo Montella.

Un examen minutieux de la zone d’influence de Radja Nainggolan sous le maillot de la Roma cette saison dévoile rapidement les contours de son problème national. Les consignes de Luciano Spalletti ont rendu le Ninja plus présent dans le dernier tiers qu’au coeur du jeu. Le Nainggolan version 2017 réussit 39 passes par match, alors qu’il touche 61 ballons. Ses prises de risques sont nombreuses (78,3% de passes réussies), et le nouveau chouchou des tifosi romains brille plus avec le ballon (24e du Calcio au nombre de tirs tentés) que sans lui (1,6 tacle et 1 interception par match, hors du top 100 italien en la matière).

Et si le concurrent le plus dangereux de Dries Mertens, qui paraît enfin être devenu titulaire en équipe nationale, venait aussi d’Italie ?

Ses contacts avec la balle sont devenus plus rares. Une fois seulement, en 23 rencontres de championnat cette saison, Radja a dépassé la barre des 75 ballons touchés, contre 6 occurrences sur ses 18 premières apparitions la saison dernière. Et surtout, ils se répartissent principalement entre l’axe et l’axe-gauche du camp adverse. Un territoire qui, en équipe nationale, a été vidé de ses occupants indésirables par Roberto Martinez pour l’offrir tout entier à Eden Hazard, également propriétaire de la parcelle sur la pelouse de Stamford Bridge depuis l’arrivée à Londres d’Antonio Conte. L’organisation du territoire belge va même plus loin: lors des dernières sorties de la sélection, l’associé d’Axel Witsel au milieu de terrain (Steven Defour à Gibraltar et à Amsterdam, Kevin De Bruyne face à l’Estonie) était systématiquement le membre droit du duo. Le poste à gauche était réservé à Witsel, peu aventureux avec le ballon, et donc moins enclin à pénétrer sur la zone de rayonnement du roi Eden.

Le puzzle de Roberto Martinez devient de plus en plus complexe, parce que ses plus belles pièces s’empilent plus qu’elles ne s’imbriquent. Le sélectionneur semblait avoir résolu une partie de son équation offensive en installant Kevin De Bruyne aux côtés de Witsel face à l’Estonie, pour lui permettre de toucher le ballon assez souvent pour se sentir important sans pour autant marcher sur les pieds d’Hazard. En plus, cette configuration permettait d’associer les deux Diables les plus cotés d’Angleterre à Romelu Lukaku, Dries Mertens et Yannick Carrasco.

Mais voilà maintenant que réapparaît la pièce Nainggolan, avec une brillance qui semble la rendre plus incontournable que jamais. Le problème, c’est que le puzzle des Diables a l’air complet. Et si le concurrent le plus dangereux de Dries Mertens, qui paraît enfin être devenu titulaire en équipe nationale, venait aussi d’Italie ?

Par Guillaume Gautier

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