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Sven Kums, un footballeur en or

C’est à Gand que Sven Kums a connu ses plus beaux moments. En deux saisons, il y a conquis le titre de champion, la supercoupe et un Soulier d’Or. Il y a aussi vécu une campagne de Ligue des Champions mémorable et a été convoqué chez les Diables Rouges. Dimanche, il se rend à la Ghelamco Arena avec Anderlecht.

« Il rend les autres meilleurs »

« Lorsque Sven est arrivé à Gand en provenance de Zulte Waregem, il était une priorité de Hein Vanhaezebrouck », se souvient Karim Belhocine, qui était l’équipier de Kums lors de sa première saison chez les Buffalos. « Il a d’emblée été promu capitaine au sein d’un nouveau groupe et d’une nouvelle équipe que le coach voulait construire.

Sur le terrain, il s’est directement érigé en leader grâce à sa technique. Tous les ballons transitaient par lui, et il les recédait rapidement. Il ne parlait que lorsque c’était nécessaire.

Je l’avais déjà affronté précédemment avec Virton et nous avons été équipiers durant deux ans à Courtrai. Lorsque je l’ai retrouvé, il avait clairement évolué. Sven a beaucoup travaillé sa musculature et s’est développé physiquement.

À Courtrai, il jouait comme n°10 et ce rôle lui convenait parfaitement, mais à l’époque, déjà, il avait laissé entendre qu’il préférerait jouer un peu plus bas. Lorsque Hein l’a positionné en n°8, il a explosé.

À Gand, avec l’expérience et la confiance, il est passé d’un bon joueur à un très bon joueur. Il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il a le jeu devant lui : il lit le jeu très rapidement et évolue alors dans le style d’Andrea Pirlo, en alternant les passes longues et les passes courtes.

On a souvent l’impression qu’on peut facilement lui prendre le ballon, mais c’est une fausse impression : grâce à son placement, son contrôle et la qualité de ses passes, il perd très rarement le cuir.

Hannes Van der Bruggen :
Hannes Van der Bruggen : « Au niveau du style de jeu, je compare Sven avec Xabi Alonso et Andrea Pirlo, des joueurs qui ne se contentent pas de défendre, mais savent aussi créer. »© belgaimage

En plus de son évolution physique, il a aussi beaucoup évolué dans son travail défensif : il devine désormais où le ballon va aboutir et comment il doit se placer, pour exercer un pressing ou réaliser une interception.

En plus de ses qualités footballistiques, il a aussi de grandes qualités humaines : Sven est un super gars, très ouvert et qui s’entend bien avec tout le monde. Le groupe reste toujours sa principale préoccupation.

À Gand, tout le monde l’appréciait. Il était discret, ne disait jamais du mal des autres. Il restait toujours positif. Bref, une force tranquille qui unit les gens, sur et en dehors du terrain. Je m’attends à ce qu’il devienne également un patron à Anderlecht, car il rend les autres meilleurs. À Gand, Hein en avait fait le dépositaire du jeu. Son impact était immense. »

« On parle toujours de lui chez les Buffalos »

« Lorsque j’ai fait la connaissance de Sven, j’ai découvert un garçon en proie à quelques problèmes. Il était souvent blessé et on devait fréquemment lui prodiguer des soins. Il devait parfois faire l’impasse sur l’entraînement », se souvient Peter Balette, qui était l’entraîneur adjoint lors de la première saison de Kums à Gand.

« Au début, ça a donc été compliqué. Mais il a énormément travaillé, s’est très bien préparé en concertation avec le staff médical et son apport est devenu d’une valeur inestimable pour l’équipe. Pendant les play-offs 1, il était au sommet de son art. Il a, notamment, inscrit un but lors du match pour le titre contre le Standard.

C’est dans les moments importants qu’on voit les grands joueurs, mais Kums doit surtout son Soulier d’Or au fait qu’il a maintenu un niveau élevé tout au long de l’année. Aujourd’hui, on parle toujours de lui à Gand, cela en dit long sur son impact : Sven est un joueur unique qui a forgé un résultat unique.

En tant que capitaine, il n’a jamais dû hausser le ton. Il a gagné le respect de ses coéquipiers avec les pieds. Son comportement très professionnel forçait aussi l’admiration. Pendant sa revalidation, il a beaucoup travaillé afin de revenir plus fort. Il s’est battu contre lui-même pour optimaliser son corps.

Sven a une incroyable mentalité de vainqueur. Lorsque certains n’effectuent pas leur travail, il leur fait comprendre qu’il n’est pas content. Subtilement, mais fermement. Lorsqu’il venait trouver les entraîneurs dans leur bureau pour leur faire part des remarques du groupe, il le faisait aussi de manière très correcte et très subtile.

Son influence sur le groupe était énorme, surtout sur les jeunes Belges qui étaient nombreux à l’époque. À l’entraînement, ces jeunes faisaient tout pour gagner. Sven est un vrai professionnel qui est ouvert aux nouveautés, comme l’alimentation sans gluten.

Sa principale qualité, c’est le calme qu’il dégage sur le terrain. Toutes les équipes cherchent un joueur à qui l’on peut céder le ballon sous le pressing adverse, qui soit capable de ralentir ou d’accélérer le jeu lorsque c’est nécessaire ou qui, comme Pirlo, éclaircit le jeu d’une seule passe.

Sven excellait dans cet art. Il se rendait disponible dans toutes les zones du terrain. C’était un point d’ancrage, toutes les passes transitaient par lui. Si ce n’était pas le cas, il se sentait inutile. Je le trouve meilleur comme n°8, avec un n°6 comme Renato Neto à ses côtés. Ces deux-là étaient très complémentaires. Renato était le premier à aller au duel et Sven jouait les deuxièmes ballons. C’était un aspect très important de notre jeu. »

« On peut le comparer à Andrea Pirlo »

« De Sven, je retiens surtout son calme et son leadership naturel », affirme Hannes Van der Bruggen, le milieu de terrain de Courtrai qui a été le coéquipier de Kums à Gand pendant deux saisons et est resté très ami avec le néo-Anderlechtois bien qu’il ait perdu sa place chez les Buffalos à cause de lui.

« On n’entendait pas souvent le son de sa voix, mais il faisait tourner l’équipe grâce à sa manière de jouer. Le calme qu’il dégageait déteignait sur l’équipe. Sven a les idées claires et prend toujours les bonnes décisions, même dans les moments les plus compliqués. Sur et en dehors du terrain, il reste d’un calme olympien.

Je le fréquente aussi en dehors du foot, nos femmes respectives s’entendent bien. Récemment, nous sommes encore allés manger ensemble. Je sais qu’il se soigne dans la vie de tous les jours, afin d’être le plus performant possible sur le terrain.

L’année où Gand a remporté le titre, Sven s’est retrouvé sur la touche pendant quelques mois et j’ai pris sa place. Après son retour, nous avons évolué ensemble pendant un moment, mais lorsque Neto s’est pleinement affirmé, c’est devenu compliqué pour moi. À mon âge, je ne pouvais pas encore égaler le haut niveau de performance qui était le sien en Ligue des Champions.

Je me souviens que tout le monde se posait des questions avant le premier match contre Lyon, mais Sven et Renato se sont affirmés comme les meilleurs joueurs sur le terrain. Ce fut un match-référence qui a provoqué un déclic pour toute la campagne européenne.

La principale qualité de Sven, c’est qu’il parvient à réaliser avec les pieds ce qui lui passe par la tête. Il sent parfaitement les moments où il doit calmer le jeu, jouer sur la possession du ballon au lieu de se ruer à l’offensive. Sven est un milieu récupérateur moderne.

Au niveau du style de jeu, je le comparerais avec Xabi Alonso et Andrea Pirlo : ils ne se contentent pas de défendre, mais savent aussi créer. Au début, il a dû trouver ses marques, mais il a progressé au fil du temps. Lors de la deuxième saison, il a commencé à s’infiltrer plus et à marquer, et c’est alors qu’il a véritablement explosé.

Pour Peter Balette, Sven Kums et Renato Neto vivaient en symbiose parfaite à Gand.
Pour Peter Balette, Sven Kums et Renato Neto vivaient en symbiose parfaite à Gand.© belgaimage

C’est lorsqu’il peut s’infiltrer qu’il est le meilleur. Lorsqu’il est positionné trop haut sur le terrain, il perd une partie de ses qualités. En fait, je suis un peu comme lui : nous devons avoir le jeu devant nous. Or, en n°10, il faut souvent redescendre pour demander le ballon. On se retrouve alors dos au but.

Sven est très dangereux lorsqu’il peut viser le cadre. La présence de Vanhaezebrouck a été un facteur très important pour lui également. Avec Hein, chacun connaissait son rôle à la perfection. Et au sein du groupe, chacun travaillait l’un pour l’autre. »

« Il est devenu un leader à Gand »

« Sven demande souvent le ballon, le perd rarement et distribue le jeu », affirme le gardien Brian Vandenbussche, qui a été l’équipier, le compagnon de chambre et l’ami de Kums à Heerenveen et à Gand. « Chez les Buffalos, son rôle était encore plus important qu’aux Pays-Bas, car il est devenu un leader. L’entraîneur le voulait absolument, a réussi à l’avoir et en a fait son capitaine, le pion majeur de l’entrejeu.

Sven s’est parfaitement acquitté de sa tâche. Après cinq ou six matches, tout le monde avait compris que le vrai capitaine, c’était lui. On pouvait toujours lui céder le ballon et, au centre du terrain, il était très complémentaire avec Neto, qui avait un gros abattage au niveau physique. À eux deux, ils formaient un duo en or. Avec Neto à ses côtés, Sven a encore davantage exprimé ses qualités.

Sur le terrain, c’était un exemple, et en dehors également, car il avait un comportement très professionnel. Il vivait pour son métier. Il a énormément progressé à Gand et a pris conscience de ses possibilités. Je ne vois pas beaucoup de joueurs comme lui dans notre championnat : des garçons qui conservent leur calme en toutes circonstances et qui ne perdent quasiment jamais un ballon.

À Anderlecht, ce ne sont pas les joueurs de talent qui manquent, mais je mets ma main au feu que Sven deviendra un leader là-bas aussi. Lorsqu’on exploite ses qualités, il rend les autres meilleurs. Je ne trouve pas que le n°10 soit sa meilleure position. Il est capable d’y évoluer, mais je le trouve meilleur comme n°8. Le rôle de n°6 lui convient moins bien aussi.

Lorsque je songe à la période gantoise de Sven, c’est surtout un but au Club Bruges qui me revient en mémoire : il a conclu après un remarquable une-deux. Mais je pense aussi aux nombreux matches durant lesquels il a eu fréquemment le ballon dans les pieds et ne l’a jamais perdu. »

par Christian Vandenabeele

« Un agent de liaison parfait »

« Sven était un peu le ciment entre les pierres », estime Rudi Cossey, l’entraîneur adjoint de Kums pendant sa deuxième saison à la Ghelamco Arena. « Comme leader, il effectuait le lien entre le compartiment défensif et offensif, sans jamais perdre son calme. C’était un agent de liaison parfait, un leader tranquille, qu’on entendait peu, mais lorsqu’il parlait, tout le monde l’écoutait. Il forçait le respect par sa manière de jouer.

Karim Belhocine :
Karim Belhocine :  » Je m’attends à ce que Sven devienne également un patron à Anderlecht. « © belgaimage

Il jouait toujours simplement, avec l’objectif de créer quelque chose, mais il excellait aussi dans la récupération du ballon. Il se trouvait souvent à la bonne place, car il lisait le jeu comme personne. Pour un entraîneur, c’est un footballeur en or : il fait ce qu’on lui demande, insuffle le calme, est intelligent et sait ce qu’il faut corriger.

Sven peut surtout prendre des décisions très rapidement et éclaircit le jeu par une passe en un temps. Il se montre aussi très concret dans les 16 mètres. Il a, un jour, inscrit trois buts contre le Club Bruges, tout lui réussissait. Si Gand a engrangé dix points dans sa campagne de Ligue des Champions, c’est en grande partie à lui qu’il le doit.

Il savait pertinemment les aspects de son jeu qu’il devait encore travailler et s’est adonné à d’innombrables heures supplémentaires. Neto et lui portaient l’équipe sur leurs épaules et ils se corrigeaient mutuellement. Lorsque l’un s’infiltrait, l’autre restait en couverture.

Sven n’est pas un vrai n°6, un costaud qui brise toutes les offensives adverses. Il a besoin d’apporter sa contribution offensive. Comme n°10, il est positionné trop haut, car il doit alors s’engager trop souvent dans les duels, ce qui n’est pas son point fort. Cette saison-là, l’équipe formait un ensemble bien huilé, dont tous les rouages s’imbriquaient parfaitement.

Les joueurs étaient très motivés à l’idée de démontrer leur valeur sur la scène européenne. Après la conquête du titre, on sentait la confiance qui se dégageait du groupe. L’équipe a joué en surrégime. Ce n’était pas uniquement le mérite de Sven, mais il y a grandement contribué. »

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