Jacques Sys

Surestimé: Vincent Kompany a voulu courir avant de savoir marcher

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Est-ce qu’aujourd’hui, Vincent Kompany se regarde dans un miroir? Est-ce qu’il en arrive à la conclusion que c’était trop tôt pour franchir le pas après avoir éclipsé Franky Vercauteren en août de l’année passée? Et que pensent maintenant les dirigeants anderlechtois qui ont appuyé cette décision?

C’était un cadeau tombé du ciel. Vincent Kompany pouvait devenir l’adjoint de Pep Guardiola à Manchester City. Une fameuse preuve de reconnaissance de la part de l’Espagnol. Kompany aurait pu travailler un ou deux ans aux côtés de celui qui est peut-être le meilleur entraîneur du monde. Aux côtés d’un technicien qui interrompt les séances pour corriger les joueurs, qui les rend meilleurs. Aux côtés d’un fanatique qui a un souci rare du détail et maîtrise tous les aspects du job. Pour Kompany, ça aurait pu être la meilleure école imaginable. Il aurait appris plus encore que quand il était joueur avec le même T1.

Vincent Kompany a voulu courir avant de savoir marcher.

Mais Kompany a voulu courir avant de savoir marcher. Il a une haute estime de lui-même, c’est aussi dû au fait qu’il a été couvert d’éloges pendant sa carrière de joueur, durant laquelle on l’a élevé au rang d’icône. On a beau être aussi intelligent que lui, il arrive un moment où on surestime ses propres capacités. Et donc, il a choisi de devenir le nouveau patron sportif d’Anderlecht. Partout ou presque, chez nous, on a applaudi son choix. Comme si le sauveur était descendu du ciel. On n’a guère fait dans la nuance à l’époque, c’était de l’adoration pure et dure.

Est-ce qu’aujourd’hui, Vincent Kompany se regarde dans un miroir? Est-ce qu’il en arrive à la conclusion que c’était trop tôt pour franchir le pas après avoir éclipsé Franky Vercauteren en août de l’année passée? Et que pensent maintenant les dirigeants anderlechtois qui ont appuyé cette décision?

Plus on avance, moins Kompany sait comment il doit analyser les matches de son équipe. On en a eu une nouvelle preuve ce week-end après la pénible défaite à domicile contre Courtrai. Il a dit qu’il avait attendu une réaction après la prestation lamentable sur le terrain du Cercle, le week-end précédent, mais que ça avait été encore plus mauvais. On ne peut pas prêcher éternellement dans un désert. Dans ce match, il n’a pas trouvé de réponse à la bonne occupation de terrain adverse, il n’a pas été capable d’apporter des corrections tactiques alors que sa composition de départ était déjà surprenante.

Anderlecht doit analyser les choses en interne. Cette équipe n’est évidemment pas la plus forte de l’histoire du matricule, mais il y a quand même suffisamment de qualités dans le noyau, avec de la vitesse et de la technique. Deux ingrédients qui permettent déjà d’aller loin dans le football d’aujourd’hui.

Cette saison n’est pas celle des entraîneurs. Chaque week-end, il y en a l’un ou l’autre qui est remis en cause. Le dernier en date est John van den Brom après l’enchaînement de contre-performances signé par Genk. La défaite à domicile contre le Beerschot, dimanche, a encore un peu plus enfoncé les Limbourgeois dans la crise.

Van den Brom est capable d’insuffler un élan à une équipe. Il l’a fait autrefois à Anderlecht et récemment au Racing. Dans ces moments-là, on n’entend que des échos positifs sur sa façon de travailler. Après quelques très bons matches, suite à son arrivée, on a même fait du KRC un candidat au titre. Mais dès que son équipe connaît un creux, ce coach n’arrive pas à faire les corrections nécessaires. Cela s’était remarqué à Anderlecht, où il avait été licencié pendant sa deuxième saison. Cette fois, c’est à Genk que le phénomène est observé.

Depuis le départ de Philippe Clement, Genk n’est pas verni dans ses choix de coaches. Felice Mazzù et Hannes Wolf ont échoué dans leur mission. C’est maintenant au tour de John van den Brom qui, dans un premier temps, avait profité des bases installées par Jess Thorup, parti de sa propre initiative. Quand ça va aussi mal, c’est presque automatique, une direction change d’entraîneur. Mais à quoi cela rime-t-il? Il y a une question à se poser: pourquoi le screening de ces entraîneurs est-il aussi souvent bâclé?

Vincent Kompany
Vincent Kompany© BELGAIMAGE

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