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 » Sterchele avait déjà signé au Standard »

Michel Louwagie (Gand), Herman Van Holsbeeck (Anderlecht) et Luc Devroe (Ostende) sont managers professionnels depuis plus de 20 ans. Sport/Foot Mag les a réunis afin qu’ils s’épanchent sur leur vécu. Retour sur les coulisses du football belge.

Herman Van Holsbeeck (62 ans), Michel Louwagie (60 ans) et Luc Devroe (50 ans) se sont confiés à Sport/Foot Magazine. S’ils s’entendent bien, ça ne les empêche pas de parfois se jouer des tours. Comme la fois ou Luc Devroe, à l’époque à Bruges, a transféré François Sterchele au nez et à la barbe de Van Holsbeeck.

Devroe: Ce que vous ne savez pas, c’est qu’il avait déjà signé au Standard. Seulement, Luciano D’Onofrio avait l’intention d’attendre le 31 août parce qu’il ne voulait pas payer la somme réclamée par le GBA. Sterchele avait signé un pré-contrat avec une clause suspensive liée à l’accord du GBA. Le Standard n’a pas obtenu cet accord, Heerenveen non plus. Nous avons réglé cela en 24 heures, notamment grâce au fait que Jacky Mathijssen avait été son entraîneur à Charleroi. J’ai vite trouvé un accord avec Jos Verhaegen. Nous sommes arrivés au bon moment.

De quel transfert êtes-vous le plus fier et quel transfert raté vous poursuivra toute votre vie?

Devroe: En décembre 2010, je suis allé en Angleterre, j’ai trouvé un accord avec Jelle Van Damme et avec son club mais il a quand même signé au Standard. Mais le pire, c’est le décès de François Sterchele. Je n’oublierai jamais ce 8 mai 2008. Ma plus grande fierté, c’est Antolin Alcaraz, venu à Bruges pour un salaire que beaucoup de joueurs d’Ostende n’accepteraient pas aujourd’hui. On se posait beaucoup de questions à son sujet mais il a joué en Coupe du monde en Afrique du Sud. Je suis aussi très content d’avoir fait Ivan Perisic, dont on a parlé pendant des mois. Je le voulais déjà en mars mais Adrie Koster, qui avait remplacé Mathijssen, ne voulait que des Hollandais. Perisic est finalement arrivé en août pour 200.000 euros. Aujourd’hui, il est titulaire à l’Inter Milan et est international croate. Je n’aurais jamais pu prévoir cela mais j’avais vu qu’il avait du potentiel. L’été dernier, il a été vendu pour 22 millions.

VanHolsbeeck: Les transferts entrants dont je suis le plus fier, c’est Jovanovic et Mbokani. Ma plus grande déception, c’est Thorgan Hazard. En football, il y a toujours une limite à ne pas franchir. Il était convenu que Thorgan ne se rende pas à la remise du Soulier d’Or pour forcer un transfert. J’ai alors téléphoné au président pour lui dire que je ne le sentais pas, même si je savais qu’on allait nous tirer dessus à boulets rouges si nous rations et Hazard et Michy Batshuayi.

Louwagie: Les deux meilleurs: Ruiz et Depoitre, pour lequel j’ai un peu insisté. Depoitre me faisait penser à Lorenzo Staelens: un joueur qui avait accordé la priorité à ses études et se révélait sur le tard. Ses tests physiques étaient exceptionnels. Comme on doutait tout de même un peu de lui, je ne lui ai proposé qu’un contrat de trois ans au lieu de quatre.

VanHolsbeeck: Si Ruiz avait marqué son penalty lors de la dernière journée, le Standard n’aurait pas été champion et il serait probablement venu chez nous.

Louwagie: Nous avions déjà discuté du prix. Ma pire expérience, c’est Junior Edmilson, avec deux agents qui, ensemble, exigeaient une commission d’un million d’euros. Ce n’était pas possible.

Et votre transfert le plus bizarre?

Devroe: Jamaïque Vandamme. Il est venu d’un petit club, Hermes Ostende et a été le transfert sortant le plus cher de l’histoire de Roulers: vendu pour 375.000 euros à Roda.

Louwagie: Mido. Il est arrivé chez nous en 2000, il n’avait pas encore 18 ans. Un jour, son père me dit qu’Anderlecht lui propose 30 millions de francs belges à la signature. Nous lui avons donc proposé un contrat. Son père estimait que c’était trop peu mais les contre-propositions nous permettaient de gagner du temps. Après Gand, il aurait dû aller à Anderlecht mais nous l’avons vendu à l’Ajax pour 4,5 millions d’euros. L’Ajax lui offrait un million d’euros à la signature, ce qu’Anderlecht ne voulait pas faire.

VanHolsbeeck: En Côte d’Ivoire, nous avions vu jouer un gars dans la rue: Cheick Tioté. Quand nous y sommes retournés, nous avons organisé un match sur le seul terrain en herbe d’Abidjan. C’était la première fois qu’il jouait avec des chaussures. Il était phé-no-mé-nal. Nous l’avons ramené mais Frank Vercauteren a dit qu’il avait les pieds carrés. Finalement, il n’a joué qu’un match: le dernier de la Ligue des Champions contre le Betis Séville, parce que c’était avant un match important à Bruges et Vercauteren avait aligné une équipe de jeunes, plus Vanderhaeghe. C’est la seule fois où le président a imposé d’aligner un joueur. Il a été élu homme du match mais trois jours plus tard, il n’était pas sur la feuille à Bruges. A la fin de la saison, nous l’avons laissé partir à Roda avec Roland Lamah. Il a ensuite joué à Twente et maintenant, il est en Premier League depuis dix ans. C’est un joueur qui aurait dû nous rapporter bien plus.

Par Thomas Bricmont, Geert Foutré et Peter T’Kint

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