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Standard: la continuité sportive, ce n’est pas encore gagné

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Dans la foulée de la prolongation du contrat de Mbaye Leye, le Standard s’est désintégré à la Côte. La course-poursuite derrière la continuité sportive n’est pas encore gagnée à Sclessin.

Le constat ne met que quelques semaines à être posé par Mbaye Leye, dans la foulée de sa prise de pouvoir sur le banc rouche. Si la majorité des talents de son équipe sont emportés par le flow d’une atmosphère positive quand tout va bien, personne ne répond à l’appel quand il faut rééquilibrer la trajectoire d’un navire qui tangue. La lourde défaite à Ostende, en ouverture des Europe play-offs, n’a fait que confirmer la tendance soulevée par le coach sénégalais, qui quitte avec dépit la salle de presse de la Diaz Arena en voyant que ce sont les jeunes Jackson Muleka et Michel-Ange Balikwisha qui sont envoyés en pâture face aux journalistes dans la foulée d’un 6-2 douloureux.

Au Standard, personne ne répond à l’appel quand il faut rééquilibrer la trajectoire d’un navire qui tangue.

Symbole d’une équipe qui ne sait pas vers qui se tourner, le brassard de capitaine change trois fois de biceps au cours de la soirée ostendaise, sans jamais sembler à sa place. De Mehdi Carcela à Noë Dussenne, en passant brièvement par Samuel Bastien, le morceau de tissu fluo paraît toujours trop lourd à porter. Il reste ainsi très loin d’un Kostas Laifis aux deux cents matches sous le maillot liégeois, où d’un Arnaud Bodart aux antipodes de sa meilleure forme face aux tirs des hommes d’ Alexander Blessin.

Comme Michel Preud’homme avant lui, Leye martèle ses troupes à coups de discipline, de rigueur et de régularité. Après chaque victoire, le coach laisse l’euphorie dans le fond de ses poches, et célèbre à peine les succès, comme s’il voulait montrer qu’à Liège, les trois points sont toujours une menace d’excès d’enthousiasme qui plane sur le match suivant. Une attitude qui irrite parfois des supporters qui aiment s’enflammer, mais qui reflète la nouvelle empreinte que souhaite poser sur le club un Mbaye Leye dont l’implication ne s’arrête pas au terrain. Présenté par ceux qui l’ont côtoyé au bout de sa carrière de joueur comme un homme de projet de club, peut-être encore plus que de projet de jeu, le Sénégalais rêve de poser sa griffe sur le Standard de demain, en s’intéressant notamment de très près aux talents de l’Académie. Une manière de suivre le cap posé en début de saison par la direction liégeoise, et encore incarné par la montée au jeu du jeune Allan Delferriere en seconde période à Ostende.

Si son bilan sportif est encore trop contrasté pour véritablement donner l’impression que le Standard est sur la bonne voie sous ses ordres, Mbaye Leye a néanmoins reçu la confiance de ses dirigeants, sous la forme d’un contrat qui doit lui offrir les rênes de l’équipe pour les deux prochaines saisons. Au coeur des fêtes de fin d’année, quand la crise battait son plein à Sclessin suite à des défaites contre Mouscron puis Saint-Trond, l’ancien attaquant n’avait signé qu’un contrat de six mois. S’il n’est pas parvenu à éviter un passage par les incontournables montagnes rouches des bords de Meuse, il a néanmoins emmené ses joueurs jusqu’à la sixième place au bout de la phase classique et, surtout, jusqu’au stade Roi Baudouin, où sa composition de départ se privant d’un Jackson Muleka en pleine bourre a surpris ses supporters.

Adepte des mises au vert, déjà nombreuses depuis son entrée en fonction, le coach a remis le couvert sur le retour d’Ostende, obligeant ses joueurs à passer la nuit à l’Académie et supprimant les jours de congé prévus cette semaine avant la visite déjà capitale de Gand. Une pratique qui ne plaît forcément pas à tout le monde, mais qui semble être dans la continuité de la méthode choisie pour augmenter le professionnalisme et le sens des responsabilités d’un noyau trop inconstant. Puisque les jeunes talents semblent désormais devoir sortir de la pépinière rouche, les chantiers du prochain mercato s’orienteront peut-être vers des profils capables de les encadrer. Le genre de joueurs qui, plutôt que d’envoyer les plus jeunes affronter les micros, se présente spontanément devant les caméras un soir de débâcle.

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