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Souvenirs: quand les coaches stars étaient encore accessibles…

De nos jours, il est rare de pouvoir interviewer un grand entraîneur alors qu’un coup de fil suffisait autrefois pour joindre des stars d’envergure mondiale.

Serait-il possible de parler à Walter Zenga, à l’époque le gardien de l’Inter et de l’équipe d’Italie lors de la Coupe du monde 1990? La question est posée par téléphone au secrétariat intériste, qui répond par fax quelques jours plus tard. Avec la date, l’heure et le lieu du rendez-vous: ce sera au centre d’entraînement Appiano Gentile. Zenga, la gentillesse incarnée, arrive pile à l’heure dans la salle de presse et ne se lève qu’après avoir répondu à toutes les questions. De là, nous partons pour Florence, où nous avons une interview avec Roberto Baggio, qui est à ce moment l’un des footballeurs les plus populaires du monde, un joueur qui doit être une des stars du Mondial à venir. Mais avant, il doit disputer la finale de la Coupe de l’UEFA avec son club, la Fiorentina, contre la Juventus. Juste avant l’entretien, le manager du joueur prévient que celui-ci sera difficile, car on vient d’annoncer le transfert de Baggio à la Juventus, ce qui provoque des bagarres à Florence. L’interview dure tout au plus dix minutes, jusqu’à ce que la presse italienne se rende compte que Robby est en train de parler à un journaliste étranger et l’assaille avec une question: « Tu vas vraiment à la Juventus? » Effrayé, Baggio est évacué par une porte dérobée.

Quelques années plus tard, nous obtenons une interview avec Fabio Capello, qui vient de gagner la Coupe d’Europe avec Milan. L’attaché de presse nous interrompt après 25 minutes: « Le temps qui vous est alloué est dépassé », nous dit-il. Nous sommes décontenancés: on nous avait promis une demi-heure. Faux, avance l’attaché de presse, mais Capello pose une main sur son épaule. « Pas de problème, continuez à poser vos questions. »

Des années plus tard, nous voulons l’interroger une nouvelle fois. Il entraîne alors l’AS Rome. L’attaché de presse romain accepte: « Cinq minutes entre quatre z’yeux. » Difficile cependant d’aller à Berlin pour passer cinq petites minutes avec Capello. « Dix minutes », négocie-t-il.  » Il Mister parle vite et sans détours. Dix minutes avec Capello, ce n’est pas évident. » Mais pas assez. « Nous ne nous déplaçons pas à Berlin pour moins de vingt minutes », répondons-nous. « Quinze minutes, c’est ma dernière offre. Je ne peux pas vous assurer plus. » Ça sera sans nous, dans ce cas…

Par contre, il est tout à fait possible d’avoir un entretien avec Cesare Maldini, le père de Paolo, sélectionneur de la Squadra en 1998 et ancien lauréat de la Coupe d’Europe avec l’AC Milan. Un ami journaliste nous communique son numéro privé. Rendez-vous à Milan. « Venez au bar de ma rue. Nous parlerons sur la terrasse. » Cesare a le temps, cet après-midi là.

ArrigoSacchi est quant à lui moins abordable. Le rendez-vous est bien réglé, lors d’une conférence de presse de l’équipe nationale. Interrogé sur son déroulement, l’attaché de presse répond: « Je vous introduis à la fin de la conférence et vous pouvez poser deux questions. » Pas facile, dans une salle comptant une centaine de journalistes. De nos jours, il est plus facile de contacter Sacchi quand le sujet lui tient à coeur, comme récemment, quand nous lui avons demandé s’il souhaitait dire quelque chose sur Johan Cruijff. « Aucun souci, appelez-moi. »

En Allemagne, c’était toujours rapide. Le rendez-vous avec Frank Verlaat, le capitaine néerlandais du VfB Stuttgart, ayant été pris longtemps à l’avance, nous téléphonons au club quelques jours avant. La secrétaire est surprise. « Pourquoi téléphonez-vous alors que le rendez-vous est pris? Si vous avez rendez-vous avec Herr Verlaat, il viendra au moment convenu. »

Parfois, on obtient même plus qu’espéré. En 1997, quand Dortmund remporte la Ligue des Champions, Ottmar Hitzfeld, son coach, devient manager sportif. Au moment où notre magazine programme un reportage sur le Borussia, nous pensons avoir peu de chances de pouvoir parler à Hitzfeld et nous prenons rendez-vous avec le président Gerd Niebaum. En route, le téléphone sonne, une heure avant le rendez-vous. C’est Hitzfeld. La secrétaire lui a transmis notre numéro de téléphone et il présente ses excuses: Niebaum a un empêchement. Pourrions-nous nous contenter de l’interviewer, à la place du président? L’entretien, qui se déroule autour d’un café et de biscuits, est passionnant.

Et oui, jusqu’au début du siècle, tous les clubs transmettaient aux journalistes les numéros privés de quasiment tous les joueurs, à l’exception de quelques Anderlechtois. Une autre époque.

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