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Sécurité : la Pro League renforce son approche

Pour la deuxième fois, un match des Diables Rouges a été annulé/déplacé pour raisons de sécurité. Des matches des play-offs pourraient-ils être menacés ? Un point de la situation après les attentats de Bruxelles.

Pas de Belgique-Portugal hier à Bruxelles mais bien à Leiria, à une heure et demi de route de Lisbonne. Pour la deuxième fois, un match à domicile des Diables Rouges a été annulé à cause du terrorisme. En novembre, le match amical contre l’Espagne avait été supprimé, quelques jours après les attentats de Paris, pendant lesquels les Diables recevaient l’Italie. On n’avait alors pas joué. Cette fois, le match a été déplacé. Ne pas jouer aurait compromis la préparation à l’EURO, malgré le grand nombre de blessés, d’après Pierre Cornez, le porte-parole de l’URBSFA.  » De novembre à fin mai, match suivant de la Belgique contre la Suisse, nous n’aurions pas joué une seule fois. C’eût été trop long pour tout le monde. Nous avons donc accepté la proposition des Portugais de jouer là-bas. « 

Si ça n’avait tenu qu’à Marc Wilmots, le match aurait eu lieu à Bruxelles mais les autorités n’ont pas donné leur feu vert. Cornez :  » La décision n’émane pas de la seule ville de Bruxelles: dans une telle organisation, toute une série de services de sécurité sont consultés. On établit un risque pour chaque match. Comme pour la finale de la Coupe ou Belgique-Israël. L’approche est toujours spécifique. Les mesures sont très différentes selon que l’on joue contre Israël ou contre l’Italie. Nous n’entrerons pas dans les détails, comme vous pouvez le comprendre. Mais avec un niveau de menace à 4, le verdict a été : on ne joue pas. « 

Quid des play-offs?

Les PO1 débutent vendredi avec Gand-Zulte Waregem. Samedi, c’est Ostende-Club Bruges à Roulers, dimanche Anderlecht-RC Genk. Y aura-t-il des mesures de sécurité spéciales ?

Dirk Piens, directeur de l’organisation chez les Buffalos:  » Nous avons eu une réunion avec les responsables de la Pro League et du ministère de l’Intérieur vendredi. Les mesures prises depuis les attentats de Paris restent en vigueur et certains points sont renforcés, comme le doublement du nombre de stewards dans les espaces réservés aux visiteurs. Il y a toujours des fouilles aux entrées, sacs à dos et à main sont toujours interdits. Je sais que c’est très ennuyeux pour les dames mais on a insisté pour que nous ne tolérions plus la moindre exception car cet aspect a été pointé du doigt dans certains clubs lors des derniers mois. Les produits pyrotechniques restent interdits, comme les feux de Bengale, les pétards… Dans les circonstances actuelles, ce serait vraiment très grave. « 

Mais comment les gens amenant des feux de Bengale passent-ils les contrôles ? Les supporters du Standard en avaient pour la finale de la Coupe… Piens:  » Je l’ai vu et ça m’a surpris. Mais ces choses sont si petites, elles font souvent moins de vingt centimètres, que les femmes peuvent les introduire facilement dans le stade. De ce point de vue, la différence d’organisation entre les rencontres européennes et les matches belges est encore trop importante. Le Standard parvient depuis des années à éviter de devoir disputer des matches à guichets fermés. En Europe, il serait sanctionné, en Belgique non. Comprenne qui pourra. « 

Contrairement à Anderlecht, Bruges, Zulte Waregem ou au stade Roi Baudouin, la Ghelamco Arena n’a pas de périmètre extérieur qu’on peut interdire aux supporters sans billet. A Gand, on peut arriver sans problème aux murs du stade. Piens sait que c’est un point faible.  » Mais nous avons sciemment choisi cette option. Nous avons un stade ouvert. A l’avenir, si la menace d’attentats reste élevée, nous envisagerons l’établissement d’un tel périmètre de sécurité.  »

La circulation reste un autre aspect délicat. Piens :  » Il vaut mieux que les gens arrivent plus tôt mais trois de nos cinq matches à domicile en PO1 se déroulent en semaine. Ça veut dire que les gens viennent directement du travail et que leurs déplacements se mêlent à ceux des navetteurs classiques, ce qui complique tout. « 

Ostende a été parmi ceux qui ont pris l’interdiction des sacs à la légère. Les femmes qui avaient un sac à main pouvaient pénétrer dans le stade parce que le club s’était associé à une firme de surveillance qui vérifiait tout très vite, grâce à des chiens renifleurs. Le porte-parole, Wim De Meyer:  » Tout est allé très vite mais nous respectons l’interdiction. Notre avantage, à Roulers, c’est qu’il n’y a que deux accès: un pour les visiteurs et un pour les autres, ce qui facilite le contrôle. Mais il est impératif d’arriver à temps. « 

Idem à Anderlecht, qui s’est attaché les services d’une société de surveillance trois jours après les attentats de Paris. Le porte-parole, David Steegen:  » Elle nous a été renseignée par la police locale, avec laquelle nous sommes en excellents rapports. Les voitures qui pénètrent sur le parking sont contrôlées, il y a un double périmètre de sécurité autour du stade, qui est contrôlé à l’avance. Le personnel de la firme se mêle aux stewards. Nous mettons vraiment tout en oeuvre pour que les matches se déroulent en toute sécurité. « 

Quid de l’EURO?

L’EURO se profile à l’horizon, avec 24 pays et 51 matches, pour la première fois, vingt matches de plus qu’avant. Chacune des neuf villes-hôtes a prévu d’immenses fanzones. Celle de Lens n’accueillera que 10.000 personnes mais à Marseille, il y aura 80.000 personnes sur la plage et à Paris, 100.000. Il faudra sécuriser tous ces espaces, avec les autorités mais aussi des sociétés privées. Les mesures de sécurité des fanzones seront aussi strictes que celle des stades : des caméras filmeront tout, il y aura des fouilles à l’entrée, une interdiction de bagages et sacs, etc.

Depuis deux ans, les Français passent en revue tous les scénarios possibles. Les 15 et 17 mars, en présence des autorités et des services de secours, ils ont organisé à Nîmes des simulations d’attentats, même avec des armes biologiques et chimiques. Quoi qu’il arrive, la compétition aura lieu, a précisé l’UEFA. La semaine dernière, Pedro Pinto, le porte-parole de l’UEFA, a ajouté que des matches sans public constituaient la toute dernière option. Le gouvernement français ne le souhaite pas davantage que les villes organisant les matches : l’EURO doit avant tout être une fête pour les amateurs de football.

Par Peter T’kint

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