Carte blanche

Salvatore Curaba: « À la renaissance de la RAAL, des joueurs m’ont pris pour un dingue »

Chaque semaine, une personnalité du foot s’exprime dans nos colonnes. Ce mercredi : Salvatore Curaba, ex-joueur de D1 à Charleroi, co-fondateur de la société EASI, élu cinq fois Employeur de l’année et président de la RAAL.

On me prend souvent pour un fou. Celles et ceux qui me connaissent savent néanmoins que je ne le suis… que partiellement. En 2017, quand j’ai relancé la RAAL, le club historique de La Louvière, je désirais apporter un regard neuf sur le football, en appliquant le modèle de gestion de la société EASI, dont je suis le co-fondateur.

Même si la RAAL n’évolue qu’en division amateur, je savais que la mise en place d’une structure forte était primordiale à la viabilité du projet. La recette fonctionne à merveille pour EASI, depuis plus de vingt ans, pourquoi ne serait-elle pas envisageable pour la RAAL ?

Si nous avons directement affiché nos ambitions, je n’imaginais cependant pas l’ampleur d’un tel défi. Le monde du football est différent de celui des affaires. J’oubliais un détail : l’aléa sportif, toujours difficile à apprivoiser. Parce qu’un ballon peut rebondir au mauvais endroit, au mauvais moment. Au risque de plomber une saison de dur labeur.

À la renaissance de la RAAL, des joueurs m’ont pris pour un dingue, prétextant que leur destinée à La Louvière ne se dessinerait qu’en fonction de leur rémunération. En d’autres mots : « Je m’en fiche du projet, tant que ça paie bien… et en black, de préférence. » J’ai vite compris que, dans l’univers du ballon rond, tout se négocie. Cependant, à la veille du quatrième anniversaire de la RAAL, les railleries d’hier ne sont plus qu’un lointain souvenir. Depuis la reformation du club, nous sommes tombés sur des bonnes personnes, privilégiant d’abord le projet plutôt que le portefeuille.

En amateur, les exigences financières sont déjà très importantes. Encore plus lorsque l’on tend, de son plein gré, vers une certaine forme de professionnalisme. Entre les salaires et les frais de fonctionnement, la gestion d’un club peut rapidement s’avérer complexe. À l’heure où de plus en plus d’écuries ne dépendent que d’une poignée de personnes pour renflouer les caisses, l’organisation, la rigueur et le travail sont les véritables clés.

Lorsqu’un club travaille bien, il fédère des collaborateurs (joueurs, entraîneurs, bénévoles, employés, etc.) prêts à s’investir à 200 %.

À la RAAL, nous avons cette chance d’avoir démarré l’aventure avec des convictions neuves, en refusant le modèle d’un président-mécène, en misant sur l’investissement à long terme (infrastructures, personnel, etc.), parfois au détriment de l’immédiateté des résultats sportifs, en vivant selon des moyens mesurés, tout en gardant en tête la notion d’auto-financement. Évidemment, au quotidien, la tâche reste ardue. Cela dit, le football offre un bonheur unique qui se traduit par la passion des supporters et la ferveur d’une ville, d’une région. Voir des milliers de personnes vibrer pour la RAAL chaque week-end, c’est ce qui doit constamment nous transcender pour permettre à La Louvière de retrouver les sommets. Avec rigueur et organisation, toujours.

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