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Salaires de misère, trous dans les murs et succès: c’était le Charleroi des années 2000

C’était l’âge d’or avant l’âge d’or. Une époque où Mehdi Bayat portait encore du Sergio Tacchini et où le Sporting de Charleroi payait encore ses joueurs au lance-pierres. C’était le mitan des années 2000, les années Jacky Mathijssen et l’époque des maillots roses, déjà. C’était le Sporting de Charleroi 1.0.

« Je me suis garé devant le stade et j’ai ressenti quelque chose. Ce n’était pas Saint-Tropez, mais il y avait une âme. Pourtant, on était début décembre, il pleuvait, il faisait sombre, presque noir, il n’y avait pas de couleur et c’était l’hiver, mais de suite, j’ai senti un feeling. » Bertrand Laquait a 25 ans quand il débarque pour la première fois à Charleroi à la fin de l’année 2002. Dans les faits, c’est encore l’automne, mais pour le Français, visiblement, l’hiver sonne déjà aux portes. Le contexte, sans doute. Celui d’un gardien dont personne ne veut vraiment en France, venu faire un stage en Belgique faute de mieux. Et pas n’importe où en Belgique. Au Royal Sporting Club du Pays de Charleroi, selon la nouvelle appellation en vogue souhaitée par un repreneur ambitieux arrivé deux ans plus tôt à la tête du club, un certain Abbas Bayat.

Quand la future tête de gondole du projet carolo débarque dans le Hainaut, c’est donc pour y effectuer un stage. Et si Bertrand Laquait a cette impression désagréable d’être en hiver, c’est sans doute aussi parce qu’il file spontanément la métaphore sportive. En décembre 2002, Charleroi est une équipe qui n’a plus remporté un match de championnat depuis huit mois, et qui reste, depuis l’entame de l’exercice 2002-2003, sur un glacial six sur 48. « Au départ, on ne m’avait pourtant rien promis », rembobine Laquait, devenu agent immobilier en Haute-Savoie. « J’étais juste pris à l’essai. Finalement, après 48 heures, on m’a dit: « C’est bon, tu peux signer ». Bon, en même temps, il restait deux rencontres avant la fin de la phase aller et il n’avait pas encore gagné un match. Tu m’étonnes qu’ils n’ont pas hésité longtemps ( rires). »

Quand ton président te refuse Leverkusen, le PSG, Monaco, des clubs qui avaient été très concrets et qui me proposaient en moyenne entre 60 et 70.000 euros mensuels, tu deviens fou. »

Fabien Camus

Exit donc le Serbe Istvan Dudas et ses 41 buts concédés en seize sorties cette saison-là. Condamné au maintien avant l’arrivée de Laquait, Charleroi accroche sa première victoire pour les débuts de sa nouvelle recrue contre Beveren à la veille de fêtes de fin d’année. Un conte de Noël dont les meilleurs acteurs sont ses invités surprises. Ceux-ci répondent aux patronymes de Mogi et Mehdi Bayat, dont l’hiver 2003 marque l’entrée progressive dans la gestion quotidienne du club.

Le premier endosse rapidement le rôle de manager général, le second fait ses armes comme directeur commercial. Mais les deux deviennent dès leur arrivée des impresarios de génie. Capables de transformer un club malade dans une ville désoeuvrée en atout charme. Débarqué en août 2004 au Sporting, Grégory Christ s’en souvient encore très bien aujourd’hui: « À l’époque, sans mentir, je pouvais signer dans énormément de clubs, mais je me suis fait avoir par Mogi. Il m’a fait venir sur place, il m’a montré le stade et il m’a dit: « Ce stade, tous les quinze jours, il est plein ». Il m’a vendu du rêve et j’ai signé sans même juger bon d’aller voir les installations de Marcinelle! »

Le premier boys band 100% carolo!
Le premier boys band 100% carolo!© BELGAIMAGE

LEÇON DE MODESTIE ET SIGNES AVANT-COUREURS

Un mensonge par omission, mais un mal pour un bien. Trois mois plus tôt, les Zèbres ont en effet assuré de justesse leur survie parmi l’élite dans un stade généreusement garni à l’occasion de la dernière journée de championnat. Ce que Mogi Bayat ne dit pas, c’est que la saison qui vient de s’achever a été longue comme un jour sans pain. Seulement rendue héroïque par l’arrivée de Jacky Mathijssen en avril 2004 et ce sept sur neuf inespéré décroché sur le gong. Pas encore de quoi enclencher la machine à rêves, mais l’augure du premier âge d’or du Sporting version Bayat.

Arrivée un an plus tôt, le défenseur Loris Reina se souvient bien de cette période de transition. « Étant formé à l’OM au départ, j’étais arrivé à Charleroi par les réseaux de Daniel Van Buyten. En soi, le fait que le joueur star de mon club de coeur m’aiguille vers ce club-là, c’était pour moi un gage de confiance suffisant. Et puis, comme j’étais sur une voie de garage à l’OM à l’époque, je n’ai pas hésité longtemps. Enfin, on m’avait soufflé que le club était aussi sur la trace de Victor Ikpeba ( qui rejoindra finalement le club en janvier 2004, ndlr). C’était beaucoup de signaux positifs pour moi. »

Ce que le Sudiste ne sait pas encore, c’est que derrière les noms ronflants d’alors, il y a le quotidien d’un club que tout sépare du top niveau. Et qu’il faut, au minimum, la ruse d’un Bayat inspiré pour convaincre des joueurs français bien souvent passés par les centres d’excellence de la formation hexagonale de rallier un club dont le centre d’entraînement de Marcinelle se rejoint en voiture.

De tous ces Français débarqués au Sporting dans ces année-là, Fabien Camus, arrivé en juillet 2005, est sans doute celui qui a pris la plus grosse claque. « Au début, j’ai pensé que je ne tiendrais pas. Je logeais rue Prunieau, dans des appartements mis à disposition par le club. J’avais un trou de sept, huit centimètres dans mon mur, mais j’ai dû attendre des mois pour qu’il soit réparé. Vu ce que je gagnais, je n’avais pas vraiment le choix. De mon premier salaire, une fois déduite l’avance touchée quelques jours plus tôt pour m’acheter une télé, j’ai touché 537 euros net. Je venais de La Commanderie ( le centre de formation de l’OM, ndlr), où il y avait des piscines chauffées, des hammams, des jacuzzis, des terrains pelousés, une salle de musculation avec baie vitrée et je me retrouvais à faire du co-voiturage pour aller m’entraîner à Marcinelle… Je peux vous dire que nous tous, les Français, on a pris sacrée leçon de modestie la première fois qu’on a mis les pieds à Charleroi. »

Quand on voyait Tonton Abbas, c’était souvent pour nous annoncer une mauvaise nouvelle. »

Sébastien Chabaud

LA PARENTHÈSE ENCHANTÉE

Les apparences sont parfois trompeuses. Derrière les pelouses boueuses du centre d’entraînement carolo et les appartements en chantier de la rue Prunieau que se partagent les plus bas salaires, se cache un club bientôt en pleine bourre sportivement. Cinquième du championnat en 2005 et 2007, demi-finaliste de la Coupe de Belgique 2006, l’ancien pestiféré de la D1 belge se transforme en quelques mois en une hype inattendue. Celle d’un club qui, au milieu d’une décennie chaotique, s’offre une parenthèse enchantée.

De la tour de Babel aux 17 nationalités de la saison 2001-2002, il ne reste au début de l’exercice 2004-2005 que la moitié de cette impressionnante délégation d’expatriés. « Notre chance, c’est que le bouche à oreille a très vite fonctionné », retrace Sébastien Chabaud, l’un des premiers à avoir traversé la frontière à l’été 2003, après avoir noué contact avec Dante Brogno lors du mariage de Bertrand Laquait, côtoyé du côté de Nancy quelques années auparavant. Entre la poire et le fromage, l’ancien Cannois se laisse donc convaincre de rejoindre un club dont il connaît déjà les futures têtes pensantes. « J’avais parfois croisé Mehdi et Mogi à Cannes ( où Chabaud joue pendant cinq ans, entre 1995 et 2000, ndlr). Mogi venait souvent au stade, Mehdi, il traînait en ville. Mais plus en mode training. Là, ils étaient parfois tirés à quatre épingles, ça me faisait marrer parce qu’on avait le même âge ou presque, la même passion, mais pas vraiment le même look ( rires). »

Un changement d’apparence pour une prise de conscience. Celle qui fait dire aux neveux du président Abbas que la renommée carolo passera désormais aussi par le paraître. De cette révélation naîtra le projet du documentaire « Vie en rose au Pays noir », diffusé en 2005 sur la RTBF dans le cadre de l’émission Tout ça (ne nous rendra pas le Congo). Une mise à nu du quotidien carolo qui, quinze ans plus tard, n’a toujours pas pris une ride. Thierry Siquet, l’un des protagonistes de l’époque, en sait quelque chose.

Il fallait se le farcir Almani Moreira, chapeau Sébastien Chabaud!
Il fallait se le farcir Almani Moreira, chapeau Sébastien Chabaud!© BELGAIMAGE

Leader du vestiaire d’alors avec l’expérimenté Frank Defays, c’est bien souvent lui qui est envoyé au front pour négocier les primes de matches. Et il se souvient bien de cette relation particulière entretenue avec les deux neveux et mise en lumière par le documentaire rtbéen. « C’était marrant parce que j’étais plus âgé qu’eux. Du coup, dans le film, on me voit leur parler comme à des potes alors que c’était quand même souvent des affaires de gros sous ( rires). »

Des problèmes de riches dans un club pas encore habitué à devoir revoir ses prétentions salariales à la hausse. « On avait des salaires catastrophiques », clame d’ailleurs sans fard Grégory Christ, quinze ans plus tard. « Sincèrement, je gagnais plus en D4 française qu’à Charleroi et je ne me suis jamais gêné de le dire. Je m’amusais tout le temps à chambrer Mogi et Mehdi devant tout le monde. Des trucs du style: « Hé les gars, vous n’en avez pas marre de nous faire gagner des cailloux? » Ça les faisait rire, mais cela ne les a jamais fait changer d’avis. C’était des businessmen, ils savaient très bien ce qu’ils faisaient. »

MISÈRE DE SALAIRE

Ce que fait la fratrie, c’est principalement éponger les dettes et faire grandir le club. Par tous les moyens. Une histoire en forme de légende urbaine raconte même que, désabusés d’être payés au lance-pierres, les Carolos auraient été jusqu’à laisser filer une demi-finale de Coupe de Belgique contre Mouscron en avril 2006. « Oui, honnêtement, je pense que sans les problèmes de primes, on aurait même été jusqu’à jouer le titre l’année suivante », plaide encore Grégory Christ. « Cette saison-là ( en 2006-2007, ndlr), on bat le record de points et on finit cinquième à égalité avec Gand. On avait une équipe de feu, un entourage exceptionnel. Pierre-Yves ( Hendrickx, ndlr) Mehdi, Mogi, Bello ( David Dal Mut, le magazinier, ndlr) Marjorie ( Gilmont, la secrétaire, ndlr), c’était la famille. Mais je crois sincèrement que si on avait été mieux payés, certains gars auraient été prêts à faire encore un peu plus de sacrifices. Là, il nous arrivait, même inconsciemment, de lâcher un match parce qu’on était dégoûtés d’entendre que les gars d’en face gagnaient dix fois mieux leur vie. »

Des revendications qui vont de pair avec un nouveau statut. En 2006, le milieu de terrain carolo composé de Majid Oulmers, Sebastien Chabaud, Grégory Christ, Tim Smolders, Cristian Leiva ou Fabien Camus est souvent associé à ce qu’il se fait de mieux en Belgique. « Le problème, c’est qu’on était payés une misère », insiste Fabien Camus. « Attention des salaires corrects pour le commun des mortels, mais quand tu sais que tout le monde se gave dans le foot et que toi tu prends 1.200 euros net sur ton mois, tu l’as forcément mauvaise. »

Un jour, Mark De Man, d’Anderlecht, m’a dit qu’ils avaient peur de venir jouer à Charleroi. »

Grégory Christ

Critiqué pour avoir osé revendiquer publiquement des velléités de départ, le Franco-Tunisien paiera au prix fort ce que certains supporters considèrent comme une insulte au blason. « Ils m’en voulaient d’avoir été au clash avec le club, mais il faut être sérieux. Je suis d’accord avec eux, l’amour du maillot, c’est important. Et j’ai tellement d’amour pour ce club que ça compte encore plus à Charleroi, mais quand ton président te refuse Leverkusen, le PSG, Monaco, Cologne, Lille, Nice ou le CSKA Moscou, tous des clubs qui avaient été très concrets et qui me proposaient en moyenne entre 60 et 70.000 euros mensuels, tu deviens fou. Quand tu apprends ça, je peux te dire que tu as du mal à trouver le sommeil. Et quand tu dors mal, tu joues mal. »

Fabien Camus félicité par ses partenaires. Même s'ils ne gagnaient pas des fortunes, les Carolos de l'époque prestaient.
Fabien Camus félicité par ses partenaires. Même s’ils ne gagnaient pas des fortunes, les Carolos de l’époque prestaient.© BELGAIMAGE

ABBAS BAYAT ET LA MAIN INVISIBLE

La méthode Bayat essuie alors ses premiers ratés. L’autocratique, mais invisible président Abbas agace autant les supporters qu’il rend fous ses propres joueurs. « Abbas, c’était le tonton que tu vois une fois par an à Noël », résume Sébastien Chabaud. « Mais c’est Mehdi et Mogi qu’on voyait tous les jours au club. Quand on voyait Tonton, c’était souvent pour nous annoncer une mauvaise nouvelle. Ou alors pour signer les contrats. »

Un président aussi discret que sulfureux. Entre juillet 2000 et septembre 2012, il nomme vingt coaches (18 différents) à la tête de son Sporting. Sans surprise, l’histoire d’amour la plus stable s’avère aussi la plus riche en résultats. Sous Jacky Mathijssen 1 (avril 2004-avril 2007), Charleroi devient un club respecté parce que différent.

Souvent considéré comme instinctifs, les Zèbres de l’actuel sélectionneur des Diablotins atteignent leurs limites avec la cinquième place acquise en championnat en mai 2007. « Je pense toujours qu’on aurait pu aller plus haut », regrette encore Bertrand Laquait. « Mais on était limités sur certains points et ça a longtemps empêché le club de grandir. Je crois que si le Real Madrid allait s’entraîner à Farciennes ou Marchienne-au-Pont, les gars ne progresseraient pas non plus. » Fabien Camus, abonde dans le même sens. « Sincèrement, sans certaines défaillances, sans ce manque d’ambition parfois, cette équipe aurait pu encore faire mieux. »

Des manquements qui font à l’époque le sel d’une équipe qui ne fait décidément rien comme les autres. « Mes débuts, il raconte à eux seuls le Charleroi que c’était », se marre Fabien Camus. « Comme j’avais fait un bon match pour ma première ( contre Beveren le 24 septembre 2005, ndlr) et que j’avais tapé dans l’oeil d’Abbas, le président a insisté pendant une semaine pour que je rentre dans l’équipe. On jouait Bruges le vendredi et Abbas a tellement pris la tête du coach qu’il a fini par craquer. Il a bien fait, ce jour-là, je mets une demi-volée du gauche et je donne un assist. »

CROCHET COURT ET T4 EN FEU

La méthode fait malheureusement école et Abbas Bayat n’a pas toujours le nez creux. À côté des coups fumants, il y a les trop nombreux ratés qui transforment vite le Sporting de Charleroi glamour du mitan des années 2000 en une équipe comme les autres. « Pourtant, nous, contrairement à l’équipe actuelle qui est plus comme une grosse machine, on réfléchissait avec nos pieds », compare Grégory Christ, encore actif en P3 namuroise du côté de Houdeng. « Moi, par exemple, je vivais uniquement pour faire rêver la T4. Je les entendais vrombir à chacun de mes crochets. Je les faisais rêver, ça m’électrisait. J’étais comme un fou. »

Dans la grande histoire du Sporting de Charleroi, il y a la petite. Celle qui chronique une époque comme on raconte une légende. Avec un brin de mélancolie, mais beaucoup d’emphase. Grégory Christ encore. « Un jour, Mark De Man, qui jouait quand même avec Ahmed Hassan et Mbark Boussoufa à Anderlecht, m’a dit qu’ils avaient peur de venir jouer à Charleroi. Je crois que c’est le plus beau compliment qu’on nous ai fait. »

L’éloge d’une génération qui, quinze ans plus tard, ressemble un peu à de la pommade qu’on passerait sur une blessure mal cicatrisée. Bientôt disloqué aux quatre coins du Royaume, parfois plus loin, le Charleroi « 2005-2007 » dit adieu à ses rêves en même temps qu’il perd son coach, parti à Bruges en avril 2007. Dans la foulée de Mathijssen, suivront Laurent Ciman et Joseph Akpala un an plus tard, au même endroit, une première fois Grégory Christ (à Duisbourg) à l’été 2008, Tim Smolders (à La Gantoise) en janvier 2009 et Fabien Camus (à Genk) et Bertrand Laquait (à Evian) à l’été 2009.

Partir de Charleroi, ça a été la plus grosse erreur de ma vie.

Grégory Christ

« Je suis revenu après mon prêt en Allemagne, mais ce n’était plus pareil », rejoue aujourd’hui Grégory Christ. Partir de Charleroi, ça a été la plus grosse erreur de ma vie. Finalement, en 2010 je quitte définitivement le club pour Saint-Trond. Mehdi m’a dit que c’était dans mon intérêt, que j’allais gagner plus. Lui, il voulait surtout rajeunir son groupe. La vérité, c’est que j’avais fait mon temps. »

Le Sporting 1.0 aussi. En juillet 2010, la valse des entraîneurs a même déjà recommencé depuis trois ans. Une instabilité chronique qui forcera le club à un détour par l’antichambre de l’élite et aboutira en septembre 2012 au départ d’Abbas Bayat de la présidence. La fin d’une époque qui aura dessiné au fer rouge la méthode Bayat. Mélange d’arrogance, d’impatience et de déclarations incendiaires. D’un président qui n’hésitait pas à faire l’équipe et d’un directeur commercial déjà décrit comme visionnaire. « À l’époque, ce n’était pas tendance de mettre du rose », s’amuse une dernière fois Bertand Laquait. « Ce n’était pas dans les moeurs non plus. Mais Mehdi a eu ce côté avant-gardiste et a insisté pour que je joue en rose pour la saison 2005-2006. Sur le moment, je ne voulais pas, il a dû me convaincre, mais avec le recul, c’était une idée de génie. La preuve, c’est que pendant plusieurs semaines, les gens n’ont parlé que de ça. » Quinze ans plus tard, certains en parlent d’ailleurs toujours.

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