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« Romelu doit beaucoup à Martinez. À moins que ce ne soit l’inverse? »

Notre journaliste Martin Grimberghs répond à trois questions qui ont fait l’actualité footballistique de nos équipes nationales ces derniers jours. Au menu : les contre-ordres de Roberto Martinez, les déboulés de Yannick Carrasco et la folie Romelu.

Romelu Lukaku est-il au climax de sa carrière ?

Quand on s’octroie le numéro dix et le brassard de capitaine, qu’on provoque, puis convertît les penalties (contre l’Angleterre et en Islande), qu’on étire les lignes (en match), puis tire les conclusions (à l’interview), c’est que, forcément, on est le joueur cadre de l’équipe. L’épaule, le point de repère, le phare dans la nuit, le brise-glace même pour la DH. Ce que vous voulez pourvu qu’on en comprenne la portée. Celle de Romelu Lukaku chez les Diables est vertigineuse. Depuis l’arrivée de Roberto Martinez à la tête de la sélection, l’Intériste en est désormais à 38 buts en 36 apparitions, soit 99 goals en 162matches toutes compétitions confondues sous les ordres du stratège espagnol. Romelu doit aujourd’hui 42% de ses buts en carrière à Roberto Martinez. À moins que ça ne soit l’inverse et que Martinez doive sa carrière à son numéro neuf ? Deux lectures, mais une évidence : mieux qu’un autre le successeur de Marc Wilmots chez les Diables aura su maximiser les qualités longtemps décriées de Big Rom. À 27 ans, onze piges après ses débuts en Mauve, verrions-nous aujourd’hui la version la plus aboutie du meilleur attaquant belge de l’histoire ? Visiblement oui, à en croire le principal intéressé après le match face à l’Islande au micro de la RTBF : « La clé, c’est de savoir ce qu’on ne sait pas faire. Il faut toujours vouloir faire mieux. La saison passée a été la meilleure de ma carrière, mais je peux encore faire mieux. Je me mets cette pression. Plus on travaille, plus on hausse son niveau de jeu. À 27 ans, j’arrive à mon pic de forme. » À croire donc qu’il n’y serait même pas encore tout à fait…

Et si le grand vainqueur de la semaine écoulée était Yannick Carrasco ?

Yannick Carrasco s'est montré à son avantage face à l'Angleterre.
Yannick Carrasco s’est montré à son avantage face à l’Angleterre.© belga

C’est devenu une habitude des commentateurs réguliers des Diables de le punir à la moindre incartade. Et pourtant, Yannick Carrasco a probablement été l’un des meilleurs Diables de la semaine écoulée. Omniprésent et percutant à sa meilleure place contre l’Angleterre malgré ses deux belles occasions manquées, concerné et appliqué en Islande malgré ce but que certains estiment être pour sa pomme (ce qui serait faire peu de cas de la perte de balle initiale de Leandro Trossard et de l’éclair de génie islandais sur l’ouverture). Mais c’est souvent plus simple de taper sur le Bruxellois, habitué depuis le temps à prendre les coups. Reste qu’à 27 ans et du haut de ses désormais 43 sélections (six buts), il serait temps de considérer l’apport d’un joueur qu’on regrettera forcément un jour ou l’autre. Parfois en difficulté comme piston gauche, il est par contre la meilleure alternative à Eden Hazard un cran plus haut. Principalement pour sa capacité à éliminer dans les petits espaces. On en viendrait à regretter que Martinez ait insisté pour offrir une troisième titularisation à Jérémy Doku, sans quoi Carrasco aurait pu confirmer sa bonne prestation de Wembley à sa meilleure place. En attendant, Yannick a une nouvelle fois prouvé sa flexibilité et son sens du collectif. Des qualités que le sélectionneur national saura valoriser dans les matches qui comptent.

Pourquoi avoir savonné la planche des Espoirs ?

Alexis Saelemaekers contre la Côte d'Ivoire.
Alexis Saelemaekers contre la Côte d’Ivoire.© belga

Au Royaume de l’absurde, on peut toujours surprendre. En déplacement à Chisinau, en Moldavie (0-1), à 2.200 kilomètres de Liège, 200 de moins de Milan, les Diablotins de Jacky Mathijssen ont abandonné en route leurs meilleurs espoirs de terminer la phase qualificative pour l’EURO 2021 en tête de leur groupe. La faute à une prestation indigeste, surtout en première mi-temps, mais aussi peut-être à cette zone d’influence des clubs sur la sélection qui ne cesse de s’étendre. En 2020, on peut ainsi autoriser ses joueurs à rejoindre leur sélection nationale, à disputer nonante minutes avec les A le jeudi, mais seulement 45 le mardi suivant avec les U21. Autrement dit, à se farcir un déplacement éprouvant aux confins de l’Europe orientale, mais à n’en prendre part qu’à mi-temps. C’est ce qu’il ressortait de la conférence de presse d’après-match de Mathijssen et du deal passé entre la Fédération et le Standard pour que Zinho Vanheusden ne dispute que les 45 premières minutes d’une joute pourtant décisive. Même chose pour Alexis Saelemaekers, contraint de sortir à la mi-temps sur ordre de son club. Drôle de signal envoyé par la Fédération et Roberto Martinez à une génération autorisée à se pavaner en amical contre la Côte d’Ivoire pour mieux se prendre les pieds dans le tapis quatre jours plus tard dans un match pourtant décisif. Ne pas toujours chercher la morale là où il n’y en a pas.

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