© AFP

« Rodrigo a vécu une des pires nuits de sa carrière »

Philippe Albert revient sur ce match fou contre le Japon, la nuit difficile qui a suivi,…

Est-ce que le fameux  » Bordel, je l’avais dit  » continue de vous suivre ?

Non, cela s’est dissipé. Sur le coup, je n’avais même pas réalisé l’ampleur que mes propos allaient prendre. J’ai appris ce qui s’était passé quand je suis rentré en Belgique. Cette phrase est la conséquence d’une sorte de prédiction que j’ai eue. Quand tu as joué au foot, tu ressens certaines choses. C’était comme si je savais que le match allait se finir de la sorte. J’aurais pu attendre et expliquer plus platement les choses par la suite mais c’est sorti comme ça. J’avais déjà eu ce type d’intuition lors de la qualification pour le Mondial 2014 en Croatie, avec les deux buts de Lukaku J’ai le sentiment d’avoir fait correctement mon boulot. Il faut tenir compte du contexte. À la 70e minute, la Belgique était virtuellement éliminée. Tu ne peux pas rester de marbre après une action pareille. Ou alors, tu n’y connais rien au foot. Je profite de ces moments car je ne suis que de passage. J’ai 51 ans et, un jour, je devrai laisser ma place à un plus jeune. D’ailleurs, un gars comme Thomas Meunier ferait un excellent consultant.

Vous avez encore la chair de poule quand vous y repensez ?

Oui. C’est gravé dans les annales. Il y a un sentiment spécial qui traverse tout le corps. On s’en souvient comme un mariage, la naissance d’un enfant ou le moment où on devient grand-père. C’est très rare.

T-shirts, sonnerie de gsm… Votre citation a été déclinée de différentes façons !

Cela ne me serait jamais venu à l’esprit mais tant mieux si des gens intelligents ont eu l’idée d’exploiter ça…

Rodrigo Beenkens a aussi marqué ce match, avec des propos qui ont ensuite été critiqués…

Je connais bien Rodrigo et j’ai senti qu’il perdait le fil. Le supporter avait pris le dessus sur le journaliste professionnel à 200%. Le remettre sur les bons rails était difficile. J’ai du respect pour lui et je me voyais mal lui adresser une remarque en direct. J’ai essayé d’expliquer qu’un but rapide nous relancerait, sans succès : ce n’était plus le même homme.

Comment avez-vous vécu l’après-match ?

Nous étions euphoriques mais Rodrigo a affronté un déchaînement de réactions. Il m’a montré des tweets scandaleux. Certaines n’attendaient que ça. On a vraiment dépassé les bornes. Rodrigo a accusé le coup et il a vécu une des pires nuits de sa carrière. Avec l’équipe de la RTBF, nous l’avons accompagné car il avait besoin de parler. La grande force de Rodrigo, c’est qu’il a assumé. Il s’est excusé alors que ce n’était pas évident et qu’il n’y avait pas mort d’homme.

Par Simon Barzyczak

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire