© EMILIEN HOFMAN

Rétro – Danny Lenie: des pelouses au docks d’Anvers

Deux saisons ont suffi pour faire entrer la longue chevelure de Danny Lenie dans le coeur des Mouscronnois. Solide dans les duels et buteur porte-bonheur, le défenseur central a connu la montée en D1 et la Coupe de l’UEFA. Après, il est retourné dans les docks d’Anvers. Et donne parfois quelques coups de ciseaux.

D’un geste assuré, il tire sur la chaîne. Le bruit cesse. Il tourne ensuite la manivelle qui fait remonter le tuyau et replace la trappe de la citerne. « Ok, tu peux avancer ! », s’écrie-t-il dans son talkie-walkie, après avoir dégringolé les échelons d’un monticule d’une dizaine de mètres avec une fougue juvénile.

Danny Lenie connaît ces mouvements par coeur, il foule ce hangar depuis 1992 pour charger 10 à 15 camions par jour de granulés de plastique. Avec précaution, il aligne ainsi une des quarante cuves d’une vingtaine de mètres de haut aux trappes des poids lourds. « Je travaille pour un fournisseur international de services logistiques », précise-t-il. « Une de nos usines produit les granulés que nous nous chargeons de distribuer. » Basée dans l’énorme port d’Anvers, Danny enfile veste fluo, casque et courant d’air au quotidien.

« On est toujours dans le bruit ici », assure-t-il. « On est content quand une machine s’arrête… même si c’est pour que la suivante redémarre dans la foulée. Oui, c’est mieux de jouer au foot. » Le docker a eu l’occasion de s’en rendre compte au milieu des années 90, quand il a momentanément troqué les rives de l’Escaut pour les terrains de foot de D1. Une autre époque.

Merci Vido !

Originaire de Capellen, Lenie pensait passer la totalité de sa carrière au sein du club. Mais c’était sans compter sur Gordan Vidovic. Au cours d’une conversation avec Georges Leekens, qui était à la recherche d’un défenseur physique, le Bosnien de Mouscron cite le nom de son ancien coéquipier à Capellen. Et, après quelques séances de scouting, c’est bingo.

Dans le Hainaut, Lenie tombe nez à nez avec la plus belle génération de l’histoire du club. « Les deux avions Mpenza et Dominique Lemoine, le régisseur, formaient un triangle incroyable. Nous, les autres, nous étions des fighters, des mecs qui se donnaient uniquement pour laisser jouer ces trois-là. À côté de ça, on bossait beaucoup les phases arrêtées… et ça nous a réussi. »

Pour sa première saison au Canonnier, l’Anversois plante huit buts – dont un contre le Standard -, deux contre Charleroi lors du premier derby hennuyer de D1 (victoire 3-1 de Mouscron) et surtout cet autre doublé de décembre 1997 face à Lommel. « Ce jour-là, je jouais contre Khalilou Fadiga, qui n’en a pas touché une », rigole encore le docker. « Mais c’est surtout grâce à ce succès 3-1 qu’on a pris la tête de la D1. Comme beaucoup, je pense qu’on ne l’aurait pas lâchée si Leekens n’avait pas rejoint les Diables Rouges en janvier. »

La baffe de Leekens

Pourtant, les premiers contacts entre le défenseur et Mac The Knife ne sont pas spécialement encourageants. Au cours d’un cinq contre cinq, lors de son troisième entraînement, Lenie loupe une passe latérale que Mbo Mpenza intercepte, avant de marquer.

« Leekens m’a foncé dessus et a hurlé : ‘Il ne faut jamais faire ça ! ‘ avant de dégager le ballon dans les tribunes… et me gifler ! Je n’ai plus jamais tenté ce genre de passe par la suite… » Cet épisode cocasse rapidement digéré, Danny s’intègre tout aussi vite dans l’effectif mouscronnois. Quelques mois après la D1, il découvre la Coupe de l’UEFA. Au deuxième tour, les Hurlus éliminent l’Apollon Limassol, avant de tomber en 32e de finale face au grand Metz de Danny Boffin, Louis Saha et Robert Pirès.

« Se retrouver en Coupe d’Europe était incroyable pour moi. Il y a des mecs qui passent douze années de D1 dans des clubs comme Saint-Trond sans jamais voir l’Europe », savoure encore Danny. Pendant les deux saisons au coeur de la défense aux côtés de Vidovic, l’Anversois est indéboulonnable.

« Mon physique était ma force principale. J’avais aussi un bon jeu de tête. » Au début de sa troisième année dans le Hainaut, Danny Lenie attise l’intérêt concret de Numancia. « J’étais d’accord avec leur proposition, j’allais rejoindre la Liga espagnole en janvier ! » Mais l’intéressé se blesse au dos et se fait opérer en même temps que les discussions prennent fin…

Le Roi Lion

Le chrono en main, Danny ne laisse pas s’échapper une seule seconde de remplissage de la citerne : celui-ci doit être réalisé au kilo près. Dans son dos, un véritable parc d’attractions industrielles voit s’entremêler tuyaux, conteneurs et troncs d’arbre prêts à quitter le port, destination le monde. Depuis la fin de son contrat à Mouscron en 2001, Danny est retourné dans son hangar où il s’occupe du contrôle de la marchandise.

À l’arrivée d’un camion vide, paré à charger les granulés de plastique, l’ancien footballeur grimpe dans la citerne et se met à quatre pattes à la recherche de la moindre petite peluche. La propreté a toujours fait partie de son vocabulaire professionnel. Avant d’être docker, Danny était en effet coiffeur.

« Je m’occupe encore de mes parents et de quelques amis, mais ce n’est pas évident de suivre toutes les modes capillaires », sourit l’intéressé. Lui-même change régulièrement de coiffure. À l’époque mouscronnoise, sa large crinière lui a valu le surnom de Roi Lion. « Maintenant, à mon âge, j’ai surtout de la chance d’encore avoir des cheveux, même s’ils sont gris. »

Danny Lenie

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© BELGAIMAGE

Date et lieu de naissance : Né le 17 octobre 1967 à Schoten

Carrière de joueur :

1989 – 1996 : Cappellen

1996 – 2001 : Excelsior Mouscron

2001 – 2002 : KRC Boortmeerbeek

2002 – 2004 : Hoogstraten VV

2004 – 2005 : KFC Zwarte Leeuw

2005 – 2007 : KFC Lille

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