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Rétro – Bruno Versavel: des crampons à la boxe thaïe

Il y a deux ans, alors qu’il en avait 47, Bruno Versavel a décidé de mettre un terme à sa carrière de footballeur. Et, l’an passé, il a aussi décidé de vendre son café à Diest. Ce qui ne signifie pas qu’il a désormais plus de temps à consacrer à son autre passion : la boxe thaïe. Au contraire.

Cet été, il fêtera son 50e anniversaire. Un cap symbolique, reconnaît Bruno Versavel. « Je sens que je n’ai plus mes jambes de 20 ans », avoue l’ancien Diable Rouge. Sa boucle d’oreille brille toujours dans son oreille gauche, comme lors de sa période de gloire au FC Malines et à Anderlecht, au début des années 90. Lorsqu’il arpentait sans relâche le flanc gauche.

Aujourd’hui, il est encore particulièrement affûté, alors qu’il a tourné le dos au sport professionnel il y a une dizaine d’années. Après avoir quitté le club de D2 de Turnhout en 2007, il a continué à consacrer beaucoup de temps au sport. A la boxe thaïe, par exemple. Il se rend au club de boxe chaque mercredi. Il y a peu, il le fréquentait encore deux ou trois fois par semaine.

« Avant d’entamer ma carrière footballistique, j’avais déjà pratiqué la boxe traditionnelle avec mon frère Patrick (ancien joueur professionnel de Lokeren et de Malines, ndlr). En boxe thaïe, on peut aussi utiliser les genoux, mais je n’ai jamais fait de combat. C’était pourtant mon intention, au départ. Jusqu’au jour où j’ai reçu une proposition inattendue d’un club de P2. Comme je manquais de préparation, c’eût été trop risqué de monter sur un ring de boxe. »

« Je suis né 20 ans trop tôt »

Il y a deux ans, il jouait encore comme attaquant de pointe dans le club de P2 du VK Linden. Essentiellement pour arrondir ses fins de mois, il ne le cache pas. « Je suis né 20 ans trop tôt. Quand je vois les sommes que les footballeurs gagnent aujourd’hui… Mon Dieu ! Si les contrats avaient été aussi juteux à mon époque, je n’aurais sans doute pas joué aussi longtemps. »

Nous avons rencontré Versavel au café Bij den baas, sur la Grand-Place de sa ville natale, Diest. Il a géré cet établissement pendant sept ans avec son épouse Véronique, jusqu’à l’été dernier lorsqu’il s’est rendu compte que travailler dans l’horeca ne lui convenait pas vraiment. Depuis lors, il envisage une carrière d’entraîneur.

Il possède un diplôme UEFA A, qui lui permettrait d’entraîner un jour en Pro League, mais pour l’instant, il se contente d’apprendre le métier aux modestes Moedige Duivels (les Courageux Diables) de Halen. Naguère, il a raté de peu la montée en P1.

Au cours de sa carrière, il a travaillé sous la houlette de nombreux entraîneurs renommés, mais le meilleur de tous, affirme-t-il, c’est le regretté Guy Thys : « Une figure paternaliste pour tout le monde. » Thys a emmené le jeune Versavel à la Coupe du Monde 1990 en Italie. Par contre, quatre ans plus tard, il n’était pas du voyage aux Etats-Unis. Sa carrière internationale était déjà terminée.

Il n’a plus revêtu le maillot des Diables Rouges qu’une seule fois, en juin 1995 contre la Macédoine. Il a marqué ce jour-là, mais son compteur s’est arrêté à 28 sélections et 4 buts. Ce qui lui laisse un goût de trop peu. « Entre le sélectionneur Paul Van Himst et moi, le courant ne passait pas. J’avais pourtant effectué toute la préparation en vue de la Coupe du Monde américaine, mais il m’a laissé à la maison. J’ai accusé le coup. C’est durant cette même période qu’est née ma première fille. J’ai subitement eu d’autres préoccupations. »

« J’ai toujours respecté l’heure de la sieste »

Versavel a deux filles, âgées de 20 et 23 ans. Elles lui ont également pris une bonne partie de son temps (et de son argent). « Je les ai souvent conduites au manège mais leur passion pour les chevaux n’est plus aussi grande aujourd’hui. Une chance, car ce n’est pas donné. »

Aujourd’hui, il ne joue plus au football qu’avec les vétérans de Hezerheide Schaffen, avec son frère Patrick. Après une carrière de plus de 20 ans, Bruno trouve toujours la motivation pour monter sur un terrain et donner le meilleur de lui-même. « Inflammation des tendons, déchirure du ménisque, fracture du péroné : j’ai tout connu. Mais je me suis toujours bien rétabli des opérations. J’ai pris soin de bien me reposer. Pendant toute ma carrière, j’ai toujours respecté l’heure de la sieste. »

Cet amour du football ne l’a quitté que pendant deux ans, lorsqu’il était actif à Pérouse en Italie, puis à Lugano en Suisse. Mais quelle mouche l’a donc piqué, pour partir en deuxième division italienne après autant d’années au sommet à Anderlecht ? Versavel : ‘En fait, je pensais que j’allais jouer en Serie A ! Le jour où je disputais la finale de la Coupe de Belgique avec le Sporting contre le Germinal Ekeren, Pérouse devait jouer un match crucial pour son maintien. J’avais déjà signé. Le président du club était richissime, les négociations pour le contrat n’avaient duré que dix minutes. J’ai perdu la finale avec Anderlecht, et au coup de sifflet final, mon agent m’a fait signe que Pérouse avait été battu également. Le club était relégué en Serie B. Un malheur n’arrive jamais seul, dit-on. »

« Materazzi était déjà spécial »

Mais Versavel n’a pas tout perdu à Pérouse : il est revenu chargé d’anecdotes, qu’il raconte avec plaisir dans son café. « J’étais le capitaine et je m’étais lié d’amitié avec le jeune Marco Materazzi. Je n’ai pas été surpris de l’incident avec Zinédine Zidane à la Coupe du Monde 2006. A l’entraînement, déjà, Materazzi ne se laissait pas marcher sur les pieds.

Avant un match, pour se motiver, il se frappait la tête avec les crampons de ses chaussures. C’était vraiment un type spécial. Avec le recul, le choix de Pérouse est le seul que je regrette. J’avais aussi des propositions d’Espagne et d’Allemagne. Mais on ne peut pas revenir en arrière… »

PAR MATTHIAS STOCKMANS

Bruno Versavel

Rétro - Bruno Versavel: des crampons à la boxe thaïe
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Date et lieu de naissance : 27 août 1967, Diest

Clubs :

  • Jusqu’en 1986 FC Diest
  • 1986-1988 Lokeren
  • 1988-1991 KV Malines
  • 1992-1997 Anderlecht
  • 1997-1998 Perugia (Ita)
  • 1998 Lugano (Sui)
  • 1998-1999 FC Herentals
  • 1999-2000 Verbroedering Geel
  • 2000-2007 KV Turnhout
  • 2007-2011 FC Diest
  • 2012-2015 VK Linden

Equipe nationale : 28 sélections

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