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Rémy Descamps est déjà redevenu le numéro 2 à Charleroi: analyse d’un échec

Un an et demi d’attente pour 360 minutes de bonheur. Ou presque. Lancé dans le grand bain début décembre à la place de Nicolas Penneteau, Rémy Descamps est déjà redevenu le numéro 2 à Charleroi. Analyse d’un échec.

Dans l’euphorie de la remontada carolo du 15 décembre dernier au Cercle Bruges (victoire 3-4 des Zèbres après avoir été mené 2-0), il y avait un homme de 194 centimètres à la tête basse. Conscient, avant même de croiser le regard de son coach, qu’il venait sans doute de perdre sa place dans les buts carolos, Rémy Descamps enlace d’abord Dorian Dessoleil, capitaine compatissant, avant de se mêler discrètement à la traditionnelle ronde d’après match. Celle où Mehdi Bayat triple souvent les primes après un succès de prestige.

Fautif sur le deuxième but d’ Ike Ugbo après une sortie aventureuse hors de son rectangle consécutive à une faute de pied, Descamps sait qu’il sourira moins que son compte en banque dans les prochaines semaines, trois jours après une première approximation aérienne à Saint-Trond. On pardonne peu aux sans-grades et depuis un an et demi, à Charleroi, Rémy Descamps en est un.

À 24 ans, il ne reste aujourd’hui plus grand-chose du finaliste de la Youth League 2016 avec le PSG. De ce gardien longiligne, presque félin, que le PSG allait longtemps garder dans sa ligne de mire avant de lui accorder son bon de sortie à l’été 2019, direction la Belgique.

François Rodriguez, entraîneur de Descamps au PSG entre 2015 et 2017, contextualise un départ alors forcé par le principal intéressé. « Je pense sincèrement que le club voulait le garder à l’époque. Il avait de vrais points forts. Son envergure, qui lui permettait d’exceller dans le jeu aérien. Et son jeu au pied, grâce auquel il pouvait s’insérer facilement dans un projet de jeu. Mais il y avait chez Rémy une forme d’impatience qui l’a poussé à opter pour une filière à la Christopher Nkunku ( aujourd’hui à Leipzig, ndlr). Comme lui, il voulait acquérir de l’expérience. »

Est-ce parce qu’il a été élevé dans l’ouate de la formation parisienne qu’il bute en 2020 sur le moindre obstacle?

Malheureusement, il tombe à Charleroi, qui compte en Nicolas Penneteau un gardien en état de grâce qui n’a peur de rien, pas même de faire la saison de trop. « Quand j’ai su qu’il signait à Charleroi pour être numéro 2 derrière un gardien de la génération muscu comme Penneteau, je me suis dit que c’était une bonne chose pour lui parce qu’il allait finir par prendre de la masse, mais aussi que ça prendrait du temps avant qu’il s’impose », analyse Éric Gelard, coach des gardiens à Clermont, où Descamps transite en prêt lors de la saison 2018-2019, et qui voit dans l’état d’esprit de son ancien poulain le noeud des problèmes rencontrés aujourd’hui. « Rémy a toujours eu les défauts de ses qualités. C’est quelqu’un de très propre techniquement, avec une bonne formation, qui lui permet d’être très à l’aise dans le jeu au pied, notamment sous pression, mais qui a des lacunes au niveau du mental. Il a parfois tendance à être un peu nonchalant aux entraînements aussi. On le sait, ce manque de caractère peut coûter cher au plus haut niveau. Et là où un mec comme Penneteau est réputé pour vouloir gagner tous les matches d’entraînements, pour s’arracher sur chaque ballon du matin au soir, Rémy, lui, n’est pas toujours très compétiteur. »

Est-ce parce qu’il a été élevé dans l’ouate de la formation parisienne dans une équipe qui écrasait tout sur son passage chez les jeunes qu’il bute en 2020 sur le moindre obstacle? La théorie, bien connue chez nous aussi avec les produits les plus tape-à-l’oeil de Neerpede, semble séduire François Rodriguez. « Déjà en formation, ses points forts lui avaient valu quelques remontrances. Je me souviens d’un match à Jura Sud ( le 9 septembre 2017, ndlr). On est réduits à dix, mais on fait le forcing pour revenir au score. On parvient à faire le 2-2, il reste quelques instants à jouer, mais Rémy voulait gagner ce match. Il a tenté une passe difficile, l’a ratée et on a pris le 3-2. Cela lui a valu un bon recadrement sur le trajet du retour. » Mais visiblement pas encore tout à fait servi de leçon. Trois ans plus tard, mangé par le stress, cette fois, l’histoire a repassé les plats. Et Rémy Descamps s’est pris les deux pieds dedans.

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