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« Remplacer Montanier ? Les finances liégeoises ne permettraient pas un coup fumant »

Notre journaliste Martin Grimberghs répond à trois questions qui ont fait l’actualité footballistique de ces derniers jours. Au menu : la métamorphose gantoise, le facteur X carolo et les premières réflexions sur un éventuel après-Philippe Montanier au Standard.

COMMENT HEIN A INVERSÉ LA TENDANCE ?

Répondre à cette question, c’est essayer de comprendre comment des joueurs médiocres (Sinan Bolat) ou invisibles (Sven Kums) jusqu’ici sont devenus les artisans du succès gantois chez le champion en titre dimanche à Bruges. Ou, c’est selon, tâcher de savoir comment une équipe traumatisée par un zéro sur dix-huit en Europa League est en dix-sept jours redevenue une candidate crédible pour le top 4. Le neuf sur neuf récent de La Gantoise dit en cela tout de ce qu’est le coachHein Vanhaezebrouck.

HVH propose des principes de jeu assez forts que pour aller chercher la performance collective la plus aboutie de la saison gantoise sans le meilleur Buffalo depuis le début de championnat.

Hier encore, le consultant excellait quand il nous effeuillait la cuisine interne du monde professionnel. Aujourd’hui, le stratège brille par la démonstration simple de principes qui faisaient déjà son succès lors de son premier âge d’or à Gand (2014-2017). Un système en 3-5-2 (3-4-1-2 à Bruges pour être exact), des idées claires valorisant le travail de ses latéraux (le csc de Federico Ricca en est la meilleure illustration) et une volonté permanente de basculer le jeu pour chercher l’homme libre. Des principes de jeu assez forts que pour aller chercher la performance collective la plus aboutie de la saison gantoise sans le meilleur Buffalo depuis le début du championnat. Sorti après vingt minutes de jeu et remplacé par Roman Bezus en 10, Vadis Odjidja n’aura même pas manqué au Jan Breydel. La preuve que quand un système est plus fort que les hommes qui l’animent, il y a des raisons de croire en l’invraisemblable. Et pourquoi pas au top 4 ?

LA DÉFAITE DE TROP POUR PHILIPPE MONTANIER ?

On peut avoir tous les vestiaires du monde dans la poche et une cote de popularité respectable auprès de sa direction, quand on traîne derrière soit un bilan de quatre sur 21, c’est que quelque part, la porte se rapproche tout doucement. Intelligent et expérimenté, Philippe Montanier le sait. Ses joueurs aussi. Sinon, Arnaud Bodart et Samuel Bastien ne se seraient pas livrés à un tel plaidoyer pro-Montanier dimanche soir en conférence de presse après avoir subi la loi de Mouscron. Dos au mur, mais sans solution, la direction liégeoise n’aura probablement pas d’autres issues que d’attendre le résultat du dernier match de l’année (ce samedi 26 décembre, les Liégeois reçoivent Saint-Trond) pour prendre une vraie décision. Voir le Français sauter dès cette semaine s’apparenterait, dès lors, à une vraie surprise.

Nicolas Raskin impuissant...
Nicolas Raskin impuissant…© BELGA (JOHN THYS)

Ce qui n’empêche pas de déjà penser au nom du potentiel futur successeur du coach français en Principauté. Près de trois semaines après le retour de Hein Vanhaezebrouck à Gand, les noms ronflants pour dépanner en urgence ne sont pas légion. Cela tombe bien, les finances liégeoises ne permettraient de toute façon pas un coup fumant. Le plus probable, dans cet ordre d’idée là, resterait un retour aux affaires de Michel Preud’homme. Un choix qui à défaut d’oxygéner le groupe liégeois, permettrait, si Preud’homme accepte, de faire respirer la trésorerie liégeoise en cas de C4 offert à Montanier.

C’EST QUOI LE FACTEUR X À CHARLEROI ?

Un 18 sur 18 suivi d’un six sur 27 puis d’un neuf sur neuf. La saison carolo serait-elle devenue illisible ? Et que penseront aujourd’hui ceux qui pointaient hier un incompréhensible différentiel entre le niveau de jeu zébré de la fin de l’été et le creux automnal après ce sursaut pré-hivernal ? Illisible donc. Incompréhensible aussi, visiblement. En vrai, Charleroi tient à son facteur X. Celui capable de faire basculer un match sur un deuxième ballon arraché, un dribble réussi ou parfois, mais c’est plus rare, un contre favorable.

Belhocine laisse à ses attaquants une autonomie d’action offensive permanente, à condition qu’ils fassent leur travail en perte de balle.

Non, Charleroi ne gagne pas ses matches parce qu’il a de la chance ou parce qu’il rejoue soudainement bien au football. Charleroi gagne des matches parce qu’il peut compter sur des individualités fortes et capables de faire la différence en un éclair. Kaveh Rezaei et Ali Gholizadeh en début de saison, Ryota Morioka et le même Ali Gholizadeh (pourtant discret dans le jeu) ces derniers temps. Karim Belhocine l’avouerait sans doute sans fard, il laisse à ses attaquants une autonomie d’action offensive permanente, à condition qu’ils fassent leur travail en perte de balle. Les Zèbres ne s’encombrent pas de lignes de courses, mais valorisent la liberté individuelle. Quand on peut compter sur des joueurs de la qualité des derniers cités, le jeu en vaut parfois la chandelle. À condition d’accepter que celles-ci puissent connaître un jour sans. Et tout un club alors, un coup de moins bien.

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