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Raymond Goethals, Jupp Heynckes, Sir Alex Ferguson: ces entraîneurs ont encore connu de beaux succès la septantaine passée

Roy Hodgson a été nommé à la tête de Watford la semaine dernière. Le technicien anglais est pourtant âgé de 74 ans, un moment de la vie où beaucoup de ses collègues profitent d’une retraite bien méritée. Il remplace d’ailleurs un autre septuagénaire, Claudio Ranieri. A une époque où les jeunes coaches aux dents longues s’installent de plus en plus sur les bancs européens, la vieille garde a-t-elle encore son mot à dire ? Illustration avec des entraîneurs d’hier et d’aujourd’hui.

Le jeunisme est devenue une tendance marquée sur de nombreux bancs européens. On citera parmi cette nouvelle vague Julian Nagelsmann (34 ans) au Bayern Munich, Ruben Amorim (36 ans) au Sporting Lisbonne, Mikel Arteta (39 ans) à Arsenal, Steven Gerrard (40 ans) à Aston Villa ou Xavi (42 ans) au Barça.

A ces derniers, l’on pourrait rajouter des techniciens moins connus du grand public comme Domenico Tedesco (36 ans) du RB Leipzig, Diego Martinez (40 ans) de Grenade, Roberto De Zerbi (41 ans) du Shakhtar Donetsk (mais qui avait déjà prouvé de belles choses à Sassuolo), Gerardo Seoane (43 ans) des Young Boys Berne.

Notre Pro League n’a pas échappé au phénomène avec Wouter Vrancken (42 ans) au FC Malines, Luka Elsner (39 ans) au Standard, Vincent Kompany (35 ans) à Anderlecht et le benjamin Edward Still, propulsé à la tête de Charleroi à seulement 31 ans.

Mais les vieux briscards gardent cependant la cote comme le prouve la nomination la semaine dernière de Roy Hodgson, 74 ans, à la tête de Watford. L’ancien sélectionneur anglais, qui a notamment entraîné l’Inter Milan dans les années 90, remplace d’ailleurs un autre septuagénaire, Claudio Ranieri. Si les exemples se font plus rares ces dernières années, l’on a connu dans le passé d’autres coaches qui ont encore obtenu de beaux résultats malgré le fait qu’ils étaient plus proches de la fin que du début de leur carrière. On évoque quelques uns de ces cas.

Il y a deux ans jours pour jour quasiment, Roy Hodgson et Claudio Ranieri se congratulaient après un match de leurs équipes respectives, Crystal Palace et Fulham. Aujourd'hui, le premier a remplacé le second à la tête de Watford.
Il y a deux ans jours pour jour quasiment, Roy Hodgson et Claudio Ranieri se congratulaient après un match de leurs équipes respectives, Crystal Palace et Fulham. Aujourd’hui, le premier a remplacé le second à la tête de Watford.© iStock

Lucescu et Van Gaal, les éternels

Commençons par Mircea Lucescu, qui soufflera 77 bougies sur son gâteau d’anniversaire le 29 juillet prochain. Son contrat le liant au Dynamo Kiev court encore jusqu’en 2024 et qui sait s’il ne sera pas encore sur un banc au-delà de 80 ans. Arrivé en 2020 dans la capitale ukrainienne, le Roumain détient le record de l’entraîneur le plus âgé à avoir remporté la Ligue Europa. C’était avec un autre club ukrainien, le Shakhtar Donetsk en 2009. Il avait alors 63 ans et 295 jours.

Du côté des Pays-Bas, c’est Louis Van Gaal qui a repris du service pour la troisième fois au sein de la maison Oranje. Après des chapitres de 2000-2001 et 2012-2014, celui qu’on surnomme « Le Pélican » n’a connu que des grands clubs dans son pays. Il a remporté le championnat national et la Coupe aussi bien avec l’Ajax que l’AZ Alkmaar. Même chose en Espagne avec le FC Barcelone et en Allemagne avec le Bayern Munich. En Angleterre, avec Manchester United, il a dû se « contenter » d’une « simple » FA Cup pour sa dernière expérience en club, en 2016. A l’époque, le technicien amstellodamois avait annoncé sa retraite. Preuve qu’il ne faut jamais dire « jamais » comme c’est aussi le cas pour Hodgson, à 71 ans, l’Amstellodamois devrait regoûter aux joies d’une Coupe du monde cette année.

Jamais deux sans trois pour le Pélican Van Gaal à la tête de la sélection oranje.
Jamais deux sans trois pour le Pélican Van Gaal à la tête de la sélection oranje.© iStock

Raimundo, à jamais le premier

Les autres cas que nous allons aborder ont normalement pris leur retraite pour de bon, quand ils ne sont malheureusement pas décédés pour certains. C’est le cas de notre Raymond Goethals « la Science ». Malgré une Coupe des vainqueurs de Coupes avec Anderlecht en 1978, deux titres de champions de Belgique et de France, ce n’est que la septantaine venant qu’il va écrire la plus belle page de sa carrière. Raimundo , qui ne s’asseyait pas à côté du banc comme il l’avait proposé un jour à Eric Cantona, signe à l’OM en 1991 alors qu’il vient de fêter ses 70 ans. Après avoir dirigé Bordeaux (1979-1980 et 1989-1990), il s’offre une deuxième expérience en France au sein d’un club aux ambitions énormes. À la fin de la saison, c’est une défaite qui sanctionne finale de la Ligue des champions face à l’Étoile Rouge de Belgrade (0-0, 3-5 aux t.a.b.). Il enfile alors l’imperméable de directeur technique et laisse sa place en bord de terrain à Tomislav Ivic… qu’il remplace finalement quatre mois plus tard. Le 26 mai 1993, sur le terrain de Munich, il devient le plus vieil entraîneur à soulever la Coupe aux grandes oreilles lors du succès de l’OM sur l’AC Milan (1-0). Raimundo a 71 ans et 231 jours et quitte Marseille à l’intersaison. Il s’offrira un ultime intérim à Anderlecht en 1995. L’homme à la cigarette au coin de la bouche est décédé en 2004.

« La Coupe aux grandes oreilles, tu saisis fieu ? »© iStock

Il n’est pas encore à la retraite et officiait encore voici peu. Luiz Felipe Scolari, champion du monde avec le Brésil (2002), puis sélectionneur du Portugal (2003-2008), était encore entraîneur de Gremio, qui est descendu en D2 brésilienne, jusqu’au mois d’octobre. Il a été démis de ses fonctions à quelques jours de ses 73 ans.

Trapattoni, l’Italien sanguin

Giovanni Trapattoni fêtera bientôt ses 83 ans et a croisé Scolari en sélection lorsqu’il entraînait la Squadra Azzurra entre 2000 et 2004. C’est cependant en club que le Trap établira la majeure partie de son incroyable palmarès. Tout d’abord dans la Botte, avec l’AC Milan, l’Inter Milan et la Juventus , mais aussi en Allemagne au Bayern Munich. C’est dans l’inattendu training de la sélection d’Irlande (2008-2013) qu’il passe le cap des 70 ans.

Marcello Lippi était aussi sur le banc d’une sélection de moindre envergure lorsqu’il souffla ses 70 bougies. Celle de Chine, qu’il a quittée en 2019, après une défaite en quarts de finale de la Coupe d’Asie. Avant cela, il avait dirigé le Guangzhou Evergrande dans le championnat local. Ces expériences asiatiques resteront anecdotiques dans la carrière d’un Mister au palmarès gigantesque (champion du monde 2006 avec l’Italie, Ligue des champions 1996 et 5 championnats avec la Juventus…)

Giovanni Trapattoni avec son fils spirituel Antonio Conte. L'art d'élever la voix sur un banc de touche avec une passion hors du commun.
Giovanni Trapattoni avec son fils spirituel Antonio Conte. L’art d’élever la voix sur un banc de touche avec une passion hors du commun.© iStock

Autre figure majeure du football mondial et transalpin, Fabio Capello a lui aussi exercé sa passion en Chine jusqu’à presque 72 ans. C’est au Jiangsu Suning (club disparu depuis lors) qu’il exerce pour la dernière fois sur un bord de terrain. Il démissionne le 28 mars 2018 sans avoir réalisé de coup d’éclat. Bien loin de ses 7 Scudetti avec trois clubs, de son titre de champion d’Espagne et, surtout, de cette Ligue des champions soulevée en 1994 avec l’AC Milan. Il a également dirigé, sans la mener au succès, l’équipe d’Angleterre (2001-2006).

Les Sir Anglais

Deux autres monstres sacré ont marqué le football, ces dernières décennies, par leur palmarès et leur longévité. Le premier avait un surnom Fergie à se faire anoblir par la reine d’Angleterre. Mais c’est bien grâce à ses résultats exceptionnels en tant que guide de Manchester United qu’Alex Ferguson est devenu Sir Alex en 1999. Cette année là, l’Ecossais avait réussi un triplé Premier League-Cup-Ligue des champions. Arrivé sur le banc de Red Devils , alors moribonds, en provenance d’Aberdeen en 1986, l’Écossais ne l’a quitté que 27 ans plus tard, sur un 13e titre de champion d’Angleterre.

Une longévité exceptionnelle pour Sir Alex Ferguson.
Une longévité exceptionnelle pour Sir Alex Ferguson.© iStock

Le second Sir du football d’outre-Manche dont nous allons parler est Sir. Bobby Robson. Décédé en 2009 après une riche carrière internationale (équipe d’Angleterre, Portugal, Espagne, Pays-Bas) qu’il a achevée à Newcastle, il a échoué à plusieurs reprises aux portes de la Ligue des champions. Arrivé en septembre 1999 chez les Magpies, il sera remercié le 30 août 2004, à l’âge de 71 ans. Avant cela, il avait pourtant rempli son armoire à trophées en remportant une Coupe de l’UEFA avec Ipswich (1981) et une Coupe des vainqueurs de Coupe avec le FC Barcelone (1997). Il possède l’un des plus beaux palmarès cumulé du football anglais que ce soit en tant que joueur et entraîneur.

Don Jupp, l’éternel

L’Allemand Jupp Heynckes a oeuvré jusqu’à l’âge de 73 ans, ayant fait valoir son droit à la retraite en juin 2018, à l’issue d’une dernière saison avec le Bayern Munich où il avait remplacé Carlo Ancelotti lors de l’automne précédent. Il n’avait pourtant plus dirigé d’équipes depuis 2013 et c’était déjà dans le club bavarois qu’il avait mis pour la première fois un terme à sa carrière. Il laissait la place à un certain Pep Guardiola. Don Jupp a donc remis le couvert une dernière fois pour s’offrir un quatrième passage au Bayern, conclu sur un dernier titre en Bundesliga. Il compte deux Champions League à son palmarès, une avec le club phare de Munich en 2013 et la première remportée avec le Real Madrid en 1999.

Don Jupp porté en triomphe par sa jeunesse bavaroise triomphante en Champions League. C'est qui le papy ?
Don Jupp porté en triomphe par sa jeunesse bavaroise triomphante en Champions League. C’est qui le papy ?© iStock

Son compatriote Otto Rehhagel fut aussi très fidèle à son Allemagne natale (Werder Brême, Fortuna Düsseldorf, Kaiserslautern, notamment), même si c’est lors de son long bail comme sélectionneur de la Grèce (2001-2010) qu’il connu son plus beau moment avec la victoire lors de l’Euro 2004. À 74 ans, il a tenté une dernière expérience au Hertha Berlin de février àjuin 2012. Mais le football ultra-défensif ne semblait plus vraiment faire recette.

Luis Aragones a lancé la machine espagnole qui gagne

En Espagne, Luis Aragonés aurait pu s’arrêter sur un titre, celui de champion d’Europe avec la Roja, en 2008, à quelques jours de ses 70 ans. Alors que le Madrilène n’avait toujours exercé qu’en Espagne, il tente à la surprise générale une aventure en Turquie juste après son sacre européen. Mais son passage à Fenerbahçe tournera court. Après une saison décevante, il raccroche définitivement à l’été 2009. Il succombera à une leucémie à 75 ans.

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