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Quel Standard demain ?

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Plein de petites choses bonnes à savoir sur le prochain mercato, le rôle de quelques agents clés, les limites financières,…

Les matches de play-offs 2, on s’en fout un peu et ça va encore durer quelques semaines. Pendant ce temps-là, la direction du Standard prépare la saison prochaine. L’objectif déjà avoué est le titre. Comment ? Avec qui ? Avec quels moyens ? On essaie d’y voir plus clair.

LA MASSE SALARIALE CONTINUERA-T-ELLE A BAISSER ?

Oui ! La nouvelle direction l’a déjà rabotée en début de saison, le processus a continué en janvier. Rien que le départ de Jelle Van Damme aux Etats-Unis a été une très bonne affaire financière. Amusant : le joueur souhaitait vraiment partir, s’installer dans un nouveau cadre de vie pour oublier les péripéties de sa difficile procédure de divorce. Mais au moment de négocier son départ, il a demandé à toucher les salaires qu’il aurait reçus jusqu’au terme de son contrat s’il était resté. Les dirigeants ont refusé. De leur côté, ils espéraient toucher une indemnité de transfert. Sans succès.

La nouvelle politique consiste à offrir des contrats très raisonnables avec de bonnes primes à la performance, liées aux résultats et au temps de jeu. « Cela fait partie de la nouvelle mentalité que l’on veut inculquer, une mentalité du sens de l’effort et du dépassement de soi », explique Bruno Venanzi. « Le discours, c’est : -On te donne un salaire correct à la base, et plus tu joues, plus tu gagnes. Les joueurs du Standard n’ont pas le fixe qu’ils peuvent toucher dans d’autres grands clubs belges, mais s’ils jouent beaucoup et s’ils gagnent beaucoup de matches, ils recevront peut-être plus que dans ces équipes au final. »

QUELS PROFILS ENTRANTS ?

Il y aura moins d’arrivées que lors des deux dernières périodes de transferts. Pour résumer, les patrons liégeois se concentrent sur la recherche de taille et sur du belge car il y en a trop peu dans le noyau actuel. Un joueur était souhaité en janvier mais il a choisi de se lier à Gand : Rob Schoofs. Au Standard, on est toujours sous le charme de son abattage, de sa mentalité, de son intelligence, de son éducation.

Un autre animateur du championnat alimente les conversations à Sclessin : Sofiane Hanni. Reste à voir si la guéguerre née avec le débauchage d’Olivier Renard ne parasiterait pas dès le départ une discussion entre le Standard et Malines. Le Franco-Algérien aurait en tout cas avoué à un cadre de l’équipe rouche que s’il recevait une proposition, il était partant. Il y a aussi John Bostock, l’Anglais qui a fait la culbute en D2 avec Louvain. Le Standard a déjà envisagé son transfert en janvier, et Bostock a un avocat de choix : son grand ami Paul-José Mpoku, resté très proche de Bruno Venanzi. Ils sont toujours très régulièrement en contact.

On peut s’attendre à voir débarquer un nouveau gardien pour la saison prochaine. Un titulaire potentiel. Plusieurs éléments indiquent que la confiance en Guillaume Hubert est limitée. Quand le Standard a fait venir Victor Valdés, ce n’était pas simplement pour faire un gros coup de pub. C’était aussi parce que les responsables sportifs trouvaient Hubert encore un peu tendre. « Il avait besoin d’encadrement », entend-on à l’Académie. Aujourd’hui, le fait qu’il ne dispute pas tous les matches de play-offs ajoute au doute sur son futur. Aussi entendu à l’Académie : « Promettre à un gardien de but qu’il sera le numéro 1, c’est toujours délicat. » CQFD : Guillaume Hubert n’a pas que des partisans et n’est sûr de rien.

ET CES FINANCES ?

L’info selon laquelle le président a dû prêter 2 gros millions pour boucher le trou a fait grand bruit. Bruno Venanzi rassure : « Normalement, le budget pour cette saison sera tout juste en équilibre. » Cet équilibre tient compte des mouvements de transferts. Et là, deux hommes ont sauvé la trésorerie du club. Mpoku n’était que prêté à Vérone avec une clause d’achat en janvier, automatiquement activée s’il jouait au moins une minute au premier tour. Ce fut le cas et il a donc été vendu pour 3,8 millions. L’autre sauveur est Anthony Knockaert. Arrivé gratuitement pendant l’été, il a été cédé à Brighton pour 3 millions en janvier. Le Standard touchera 500.000 euros supplémentaires si ce club monte en Premier League. C’est tout à fait envisageable. Un bonus s’applique aussi à Julien de Sart. En cas de montée (fort possible aussi) de Middlesbrough, 250.000 euros de plus arriveront sur les comptes du Standard.

La perte due à la non-qualification pour les play-offs 1 sera en partie compensée par les recettes des matches de poule d’Europa League, mais ces rentrées ne seront comptabilisées que lors du prochain exercice.

QUELS AGENTS POUR FAIRE DU BUSINESS ?

Quelques agents blacklistés par Roland Duchâtelet espéraient faire leur retour à Sclessin suite au rachat du club. Aujourd’hui, il n’y a plus un agent prioritaire comme au temps peu glorieux de Dudu Dahan. Il y en a trois qui étaient en pétard avec l’ancien président. Mogi Bayat ne refait toujours pas de business au Standard mais il n’est pas écarté d’office par Bruno Venanzi. « Il ne nous a présenté aucun joueur, il ne nous a même pas appelés », nous dit-il. « Il n’est pas exclu de travailler avec lui dans le futur. » Didier Frenay était lui aussi sur la liste noire de Duchâtelet. Depuis la reprise, il est revenu timidement dans le club en transférant Renaud Emond de Waasland Beveren. Il y a aussi Kismet Eris qui a amené les Lierrois Faysel Kasmi et Ahmed El Messaoudi en début de saison, puis Edmilson en janvier. « On n’a vraiment pas d’exclusives », continue Bruno Venanzi. « On a aussi traité avec Dejan Veljkovic et Milan Jovanovic pour la venue de Milos Kosanovic. »

QUEL ROLE POUR CHRISTOPHE HENROTAY ?

Christophe Henrotay est clairement très présent au Standard. A l’Académie, dans les bureaux, en tribune les soirs de match. On entend parfois qu’il participe aux grandes décisions, on a même dit qu’il avait investi. Bruno Venanzi : « Je l’ai lu mais c’est tout à fait faux. Il n’a pas de rôle au Standard, c’est simplement un ami. Je lui demande parfois des conseils. Par exemple, je l’ai consulté au moment de reprendre le club. Il m’a dit de faire attention à certaines choses bien précises. On dit que Christophe Henrotay fait beaucoup de choses chez nous mais il n’a pas les clés de l’Académie et, aussi paradoxal que ça puisse paraître, il n’a aucun joueur dans notre noyau pro. C’est un ami mais il n’a pas de passe-droit, tout est clair entre nous. Il a simplement aidé à finaliser quelques opérations. Par exemple, il m’a accompagné à Monaco pour négocier la venue de Gabriel Boschilia. Et sans lui, le Standard n’aurait pas obtenu aussi rapidement les prêts de Sambou Yatabaré et Matthieu Dossevi. C’étaient deux joueurs qu’on avait repérés et qu’on voulait vraiment. Sans les entrées de Henrotay à l’Olympiacos, je ne suis pas sûr qu’on aurait pu les avoir. »

POURQUOI AVOIR ROUVERT L’ACADEMIE AUX AGENTS ?

Quand il était directeur du centre de formation, Christophe Dessy faisait une allergie aux multiples agents qui y traînaient les jours de matches. L’accès a entre-temps été assoupli. « On me conseille parfois de leur interdire l’entrée », dit le président. « Mais je sais très bien comment ça marche. Si vous leur mettez un coup de pied au cul pour les sortir par la porte, ils reviendront par la fenêtre. Si on leur interdit de parler aux jeunes ou de se présenter aux parents le long du terrain, ils se fixeront rendez-vous dans une taverne toute proche. Donc, le résultat sera le même. »

LEGEAR, TREBEL ET SCHOLZ SUR LE DEPART?

La situation de Jonathan Legear reste compliquée. Le Standard répète qu’il ne l’a jamais accusé dans l’affaire de corruption d’un entraîneur mais son nom y reste associé. L’enquête continue, la justice est sur le coup, le club a porté plainte pour corruption privée. La vérité devrait bien finir par éclater. Legear sera peut-être tout à fait blanchi. Mais indépendamment de cette histoire, il souffre et le bilan de sa première saison complète à Liège est famélique. Il y a toujours cette extrême fragilité physique. Et la concurrence est rude pour les postes d’ailiers. Ce qui joue en sa faveur : le staff apprécie beaucoup son apport auprès des jeunes, son enthousiasme et sa façon de positiver. Et la direction souhaite qu’il reste.

Deux cadres de l’équipe semblent avoir des fourmis dans les jambes. Quand Adrien Trebel a signé un nouveau contrat, on a été étonné parce que son départ était déjà évoqué. Il continue à rêver d’un championnat plus relevé mais il a le plus gros salaire du noyau (avec Matthieu Dossevi) depuis le départ de Jelle Van Damme et il se doute que ce ne sera pas simple de trouver un club prêt à s’aligner. Le Français fait une bonne saison mais le staff et la direction voudraient qu’il montre plus de régularité, qu’il élimine les matches sans. Aujourd’hui, on évoque aussi un départ éventuel d’Alexander Scholz. Le Danois adore voyager, découvrir de nouveaux horizons, s’imprégner de nouvelles cultures. Il n’a pas changé : il considère toujours que le football n’est qu’une partie de sa vie. Il se verrait bien du côté de la Russie, par exemple. Faut-il voir un lien avec le fait que le Standard ait décidé de ne plus l’aligner en play-offs 2 ?

COMMENT RESPONSABILISER LE GROUPE ?

Le départ d’Anthony Knockaert à Brighton ne se discutait même pas. Tous les décideurs lui ont accordé son bon de sortie en un temps record. Parce que le Standard avait l’occasion de faire une superbe affaire financière, mais aussi parce que le Français n’affichait pas la mentalité voulue par le club. Knockaert est une tête dure et un footballeur qui ne vit pas toujours à fond pour son métier. Yannick Ferrera exige des joueurs frais à chaque entraînement et ce n’était pas toujours le cas de Knocki.

Dans la même veine, le club veut que ses joueurs soient irréprochables face aux médias. Quand Edmilson a dit, après la défaite à domicile contre Saint-Trond, qu’il ne devait rien au club qui l’avait lancé comme pro, on ne lui a pas tapé sur les doigts mais on lui a fait comprendre qu’il fallait respecter tout le monde. « On essaie de travailler nos joueurs pour les sortir du cadre émotionnel », explique Bruno Venanzi. « On leur interdit par exemple de critiquer les arbitres. Moi-même, on peut me voir excité en tribune pendant un match si je ne suis pas d’accord avec une décision, mais il n’est pas question que des dirigeants ou des joueurs du Standard critiquent publiquement un arbitre. Ils peuvent faire des erreurs, comme les footballeurs. Ce n’est pas en les attaquant par médias interposés qu’on va niveler le championnat par le haut. »

Le Standard donne maintenant des cours de communication à ses joueurs, c’est nouveau. Aussi des cours de langues. « On voit que le footballeur qui joue depuis six mois en Espagne ou au Portugal se débrouille déjà en espagnol ou en portugais », continue le président. « On a des gars qui sont chez nous depuis un an mais ne parlent toujours pas français. Parce qu’on prend la peine de communiquer avec eux en anglais. Ce n’est pas normal. Il suffit de leur dire : -Oui, mais bientôt, tu vas peut-être jouer en Espagne. A ce moment-là, ils seraient prêts directement à faire l’effort pour apprendre l’espagnol… »

Par Pierre Danvoye

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