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Quel avenir pour le foot belge après le coronavirus?

Quelles leçons peut-on déjà tirer de la crise sanitaire ? Comment notre football professionnel va-t-il s’en relever ? Le point avec quelques dirigeants de clubs belges.

Qu’est-ce qui vous a surpris dans cette crise et quel impact peut-elle avoir sur votre club ?

EDDY CORDIER (Zulte Waregem) : « Nos dépenses continuent à courir alors que personne ne sait quand on pourra rejouer. Ma responsabilité, c’est de veiller à ce que le bateau reste à flots, et qu’il le soit toujours dans quelques mois. Donc, on doit faire en sorte que notre budget ne dérape pas complètement. Zulte Waregem est un club sain, on a reçu notre licence sans problème, mais on sait qu’on va traverser une période compliquée. C’est pour ça qu’on a dû prendre des décisions impopulaires, comme la mise au chômage économique de notre staff sportif et d’une grande partie de notre personnel, et aussi la diminution de 30% en moyenne des salaires des joueurs. Avec les différents départements, on regarde à quels postes on peut encore épargner sans trop toucher à la qualité des services. Tout le monde doit faire un effort : les dirigeants, les employés, les joueurs. Ne rien faire, ce n’est pas une option. »

Est-ce que cette crise aura un impact sur le football belge dans les prochaines années ?

PETER CROONEN (Genk, président de la Pro League) : « Cette crise montre qu’il faut disposer de réserves financières, quoi qu’il arrive. Ce n’est pas un secret, je suis partisan d’un contrôle plus strict de la politique financière des clubs professionnels. Mais cela ne m’empêche pas de montrer une certaine empathie en temps de crise, comme aujourd’hui. À court terme en tout cas. Par contre, à long terme, c’est important que ces réserves financières soient plus conséquentes. »

24 clubs professionnels en Belgique, n’est-ce pas trop ?

MEHDI BAYAT (Charleroi, président de l’Union Belge) : « C’est une question qui doit être bien analysée, notamment d’un point de vue économique. Quand on voit, dans les chiffres présentés récemment, que beaucoup de clubs sont déficitaires, c’est la preuve qu’il y a un problème. Je voudrais croire qu’il est possible d’avoir 24 clubs professionnels en Belgique, mais il faut que l’analyse soit faite concernant ces problèmes. Est-ce que les clubs sont trop nombreux, ou est-ce simplement parce que certains ont un problème de gestion ? Le semi-professionnalisme, c’est un bon passage. C’est ce qui permet à un club comme Deinze d’obtenir la licence aujourd’hui. C’est aussi pour cela que je m’oppose à ceux qui réclament une D1 à 18 ou vingt clubs et qui supprimeraient l’échelon de la D1B. Cela installerait un relais direct entre la D1A et la D1 Amateurs, et on verrait ressurgir tous les problèmes de l’époque, quand les clubs de D2 étaient souvent fragiles et vulnérables, et voulaient à tout prix se sortir de leur division en prenant des risques inconsidérés. En faisant tout pour monter, un club se retrouvait parfois dans des mains peu saines, et beaucoup finissaient par couler quand l’objectif sportif n’était pas atteint. »

La Pro League devrait-elle avoir des dirigeants indépendants ?

CHRISTOPH ENKEL (Eupen) : « À l’avenir, ce serait mieux que des experts indépendants s’expriment dans les discussions importantes. Je suis favorable à la présence d’un plus grand nombre de personnes indépendantes à la Pro League. Trop souvent, je constate des divergences entre le G5, le K11 et la D1B. L’intérêt général n’est pas assez défendu, il faudrait dépasser les intérêts individuels et se demander comment on peut rendre le football belge plus attractif. »

Par Jonas Creteur, Geert Foutré et Guillaume Gautier

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