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Quand Sport/Foot Mag servait de chauffeur à… Sir Alex Ferguson

Il y a près de quarante ans, Thor Waterschei, disputait les demi-finales de la Coupe des vainqueurs de Coupes face à Aberdeen.

Imaginez la scène: à l’aéroport, un journaliste de Sport/Foot Magazine attend Pep Guardiola, qui débarque d’un avion avec Philippe Clement. Celui-ci est allé visionner Manchester City et Guardiola fait de même avec son adversaire belge. Le journaliste a convenu de conduire Guardiola et de le ramener à l’aéroport à l’issue du match auquel il assiste.

En mai 1983, c’est ce que nous avions convenu avec AlexFerguson, qui était encore un entraîneur débutant, à Aberdeen, en Écosse. Il venait visionner son futur adversaire en demi-finale de Coupe d’Europe. Il s’agissait de Waterschei, qui affrontait le Club Bruges. ErnstKünnecke, l’entraîneur de Waterschei, descendait du même avion, après être allé observer Aberdeen en Écosse.

À l’issue du match à Bruges, Ferguson et son assistant ont donc pris place dans notre véhicule. Un dirigeant de Bruges s’est approché et a frappé à la fenêtre, du côté de l’adjoint, pour le féliciter des performances européennes de son équipe, jusqu’à ce que Ferguson, irrité, réplique:  » Hey, I am the manager! » En chemin, Ferguson a ensuite parlé d’Aberdeen et de Waterschei, jusqu’à ce qu’il demande à faire un petit somme. On avait rarement entendu quelqu’un ronfler comme l’Écossais.

La future légende de Manchester United, qui venait d’éliminer le Bayern, était très impressionnée par Waterschei, qu’il jugeait supérieur au Club Bruges. Il a complimenté l’Islandais LarusGudmundsson, le médian PierJanssen et le libéro LeiClijsters.

Quelques semaines plus tôt, Waterschei avait réussi l’exploit d’éliminer le PSG, même si le voyage avait commencé sans guère de sérieux: le club n’avait embarqué que quinze maillots pour seize joueurs. Heureusement, Paris dispose de nombreuses boutiques de sport, et avec un peu de tape, former un beau numéro seize était un jeu d’enfant.

Waterschei a finalement perdu le match aller au Parc des Princes sur le score de 2-0, devant 49.575 personnes. Avant la rencontre, Le Figaro avait écrit que c’était « le dernier brouillon » du PSG, le dernier match avant le travail sérieux. L’équipe de Künnecke, et non de Laenens comme l’avait écrit la presse française, s’en tirait bien avec ce score de 2-0, mais au retour, dans la boue de Genk, les Jaune et Noir ont battu DominiqueRocheteau, LuisFernandez, KeesKist & co 3-0 au terme des prolongations. La prime de victoire des joueurs de Waterschei (88.000 francs, environ 2.200 euros) devait être augmentée si plus de 15.000 personnes prenaient place dans le stade. Le montant allait même crescendo à chaque tranche de 1.000 personnes supplémentaire. Certains joueurs pensaient que les supporters étaient au nombre de 20.000 et ont froncé les sourcils quand le sponsor AlbertHermans a annoncé dans le vestiaire qu’ils étaient exactement 16.400. En demi-finale, le voyage vers Aberdeen a également été chaotique. La sélection s’est présentée avec une heure de retard à l’aéroport, l’avion a décollé avec le même retard et est revenu en Belgique, toujours avec une heure de retard, après la défaite 5-1 des Limbourgeois en Écosse.

Au retour, Waterschei a sauvé l’honneur à domicile en s’imposant 1-0. Aberdeen battra ensuite le Real Madrid en finale (1-0), permettant à Ferguson de décrocher son premier trophée européen. Cette demi-finale face aux Écossais fut le douzième et dernier match de Coupe d’Europe du club limbourgeois, jadis fondé suite à une rébellion flamande contre les ingénieurs français des mines, d’où l’abréviation THOR: Tot Herstel Onze Rechten. Pour le rétablissement de nos droits. L’URBSFA s’étant opposée à la dénomination, les fondateurs ont finalement opté pour: Tot Heil Onzer Ribbenkast. Pour le salut de notre cage thoracique (! ).

Vainqueurs de la Coupe de Belgique en 1980 et 1982, les Jaune et Noir étaient déjà endettés pendant leurs années de gloire. Le scandale de corruption du match contre le Standard a été un coup dur de plus et le club a périclité. En 1986, les Limbourgeois sont descendus en D2 et à peine cinq ans après leur exploit européen, le 1er mai 1988, Waterschei a disputé l’ultime match à domicile de son histoire, contre Berchem Sport (1-1) au stade André Dumont (devenu l’actuelle Cegeka Arena de Genk). Une semaine plus tard, Waterschei faisait encore match nul contre le FC Assent et terminait la saison avant-dernier. Il aurait normalement dû être relégué en D3, mais la fusion avec le FC Winterslag, tout juste sauvé en D1, était déjà annoncée. La suite de l’histoire s’écrira sous le nom du KRC Genk.

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