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Quand Foot Mag allait rencontrer André Cruz au Brésil

Élu meilleur joueur sud-américain de l’histoire du championnat belge par notre rédaction, le défenseur brésilien du Standard est mis à l’honneur avec cette archive, une interview publiée en mai 2006.

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Il n’a pas pris un gramme. Son allure est toujours aussi svelte que lorsqu’il arpentait les pelouses de Sclessin, de Naples ou de Milan. On le croirait prêt à rechausser les crampons du jour au lendemain, si l’envie lui prenait. « On a passé Noël ensemble. A huit heures, il était déjà debout pour aller faire son jogging le long de l’eau », relate l’un de ses amis. Mais la carrière d’André Cruz est bel et bien terminée. Le seul international brésilien qui a évolué dans le championnat de Belgique est rentré au pays.

Il vit désormais à Santa Barbara, une petite ville située à 130 kilomètres au nord de Sao Paulo. Lorsqu’il n’est pas en voyage… Car il possède toujours un restaurant à Milan, a ouvert deux écoles de jeunes pour enfants de 6 à 14 ans (l’une à Campinas, l’autre à Santa Barbara) et se lance, encore un peu timidement mais fermement décidé à exploiter son réseau de connaissances, dans une nouvelle carrière d’agent de joueurs.

Dans son portefeuille, il possède deux jeunes attaquants en qui il croit énormément: Vanderlei (17 ans, Ponte Preta) qui ressemble à John Carew en plus technique et Eder (19 ans, Guarani), très rapide, qu’il estime fait pour le football européen.

André Cruz reste d’une disponibilité et d’une correction exemplaires : il a repoussé toutes les autres sollicitations à partir du moment où il avait accepté qu’on vienne lui rendre visite, là-bas, dans l’Etat de Sao Paulo.

André, vous étiez dans le groupe de l’équipe brésilienne qui a participé à la Coupe du Monde 1998, en France. Malheureusement, vous n’avez pas eu l’occasion de fouler les pelouses hexagonales…

André Cruz: J’avais été titulaire avant cela. Puis, fin 1997, j’ai commencé à souffrir du dos. Lors d’un tournoi en Afrique du Sud avec la Seleçao , j’ai dû jeter le gant. J’ai été opéré d’une hernie discale en janvier 1998 et j’ai perdu ma place. Heureusement pour moi – et malheureusement pour lui – mon copain Marcio Santos, qui jouait à ma place, s’est blessé à son tour à la cuisse et j’ai récupéré mon poste in extremis. J’ai fait partie du groupe des 23 convoqués pour la Coupe du Monde en France, mais je ne suis pas monté une minute sur le terrain.

Comme je n’ai pas joué, j’ai forcément gardé un goût de trop peu de cette Coupe du Monde.

Qu’est-ce que cela représente pour un Brésilien, de revêtir le maillot auriverde, à fortiori pendant une Coupe du Monde?

C’est un rêve qui se réalise, mais je crois que cela vaut pour tous les footballeurs du monde, pas seulement pour les Brésiliens. Gagner la Coupe du Monde, c’est le rêve ultime. Malheureusement, seuls 23 joueurs le réalisent, une fois tous les quatre ans. En 1998, je ne dois pas vous le rappeler, le Brésil a échoué en finale contre la France. Comme je n’ai pas joué, j’ai forcément gardé un goût de trop peu de cette Coupe du Monde.

Jusqu’à cette finale perdue, le Brésil avait été impressionnant.

Effectivement. Beaucoup plus impressionnant que la France, qui avait commencé la Coupe du Monde sur la pointe des pieds. Le Brésil, de son côté, avait séduit les spectateurs. La demi-finale contre les Pays-Bas fut extraordinaire: les deux équipes ont joué à un très haut niveau. La loterie des tirs au but nous fut favorable. Puis, il y a eu cette finale.

Huit ans se sont écoulés, il y a prescription. Vous pouvez donc l’avouer : que s’est-il exactement passé avec Ronaldo le jour de la finale?

Il a été pris de convulsions, victime d’une petite crise d’épilepsie, c’est aussi simple que cela. Il est parti à l’hôpital, afin de passer des examens, et on était tous convaincus qu’il n’allait pas jouer. Puis, juste avant le match, il a fait irruption dans le vestiaire en clamant qu’il voulait malgré tout participer à la finale. Mario Zagallo n’était pas d’accord. A juste titre, je pense, car Ronaldo avait pris des médicaments pour être tranquillisé. Zagallo avait déjà prévu d’aligner Edmundo, et c’est d’ailleurs le nom de ce dernier qui figurait sur la feuille de match qui avait été distribuée à la presse une demi-heure avant le coup d’envoi. Lorsqu’il a appris qu’il devrait malgré tout s’asseoir sur le banc, Edmundo l’a très mal pris.

On avait tous vu l’état dans lequel Ronaldo se trouvait et on était logiquement inquiets pour sa santé.

Ronaldo, lui, avait l’air de très bonne humeur : il riait sans cesse et ne paraissait pas affecté outre mesure par ce qui lui était arrivé. Le médecin de l’équipe a donné son feu vert pour qu’il joue. Zagallo s’est finalement incliné. Certains ont affirmé qu’il a cédé sous la pression de l’équipementier Nike, mais j’ignore si c’est la vérité : beaucoup de rumeurs ont circulé ce jour-là. On se doutait que Ronaldo ne serait pas à 100 %, mais il était sur le terrain.

Si Ronaldo avait été à 100 % de ses moyens, le résultat de la finale aurait-il été différent?

Bonne question. Je n’ai pas la réponse, et personne ne le saura jamais. Mais il est clair que tous les joueurs brésiliens étaient perturbés. On avait tous vu l’état dans lequel Ronaldo se trouvait et on était logiquement inquiets pour sa santé. Ronaldo était aussi le meilleur joueur de l’équipe et un Ronaldo à 100 % était capable de faire la différence.

A l’époque où vous jouiez au Standard, vous aviez déclaré que vous auriez compté plus de sélections si vous aviez quitté la Belgique plus tôt.

C’est la vérité. Car, si l’on regarde bien, j’ai commencé à devenir un international régulier lorsque je suis parti à Naples. Le championnat de Belgique est très peu suivi en Amérique du Sud, pour ne pas dire pas du tout.

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