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PSG-Manchester City: la guerre des riches

Une semaine après avoir lavé son linge sale sur la place publique, la football des puissants a repris ses droits mardi et se poursuit ce mercredi avec la deuxième demi-finale de la Ligue des Champions entre le PSG et Manchester City.

S’il y a un enseignement à tirer de soap opera joué en coulisses par les principaux acteurs du football continental en milieu de semaine dernière, c’est que le ridicule ne tue pas. Et qu’on peut très bien être à l’initiative d’un mirifique projet de Super League européenne le lundi et en être son principal détracteur le mardi. Le tout sans aucune pression. Et que l’on se rassure, si le seul des quatre cadors européens présents dans le carré final de cette édition 2021 de la Ligue des Champions à ne pas avoir officiellement tenté d’emprunter l’autoroute du cynisme est le PSG, cela ne doit rien à un quelconque excès de valeurs. Non, les Parisiens étaient justes coincés. La faute à Nasser al-Khelaïfi, un patron à double casquette. Aussi bien président du PSG que de son BeIN Media Groupe, toujours propriétaire des droits télévisés d’une Ligue des Champions que la Super League entendait saborder.

Le ramdam de la Super League est venu rappeler aux clubs qu’il faut avoir sa fan base derrière soi.

Un problème inextricable qui a sauvé le PSG dans le fiasco entourant l’annonce précipitée d’une Super League européenne. Mardi 20 avril dernier au soir, au moment d’annoncer son retrait d’un projet mort-né, Khaldoon Al Mubarak, propriétaire de Manchester City, devait sans doute envier le président du PSG, sauvé d’un rétropédalage déjà culte par la grâce d’un cumul de mandats qui, lui, ne choque plus personne depuis longtemps dans le monde du foot.

C’est l’une des rares différences finalement entre l’Émirati Al Mubarak, arrivé au football en 2008 pour transformer un club anglais au palmarès étriqué en place forte du foot continental, et le Qatari al-Khelaïfi, devenu depuis 2011 la tête de gondole du faramineux projet parisien drivé lui aussi depuis le Golfe persique.

Deux milliardaires ambitieux qui rêvent depuis tout ce temps d’offrir une Ligue des Champions à leur ville d’adoption. Pour matérialiser, enfin, les investissements records consentis depuis respectivement treize et dix ans. Parce que l’on ne passe pas sans frais d’un Emile Mpenza en bout de course à un Kevin De Bruyne dans la fleur de l’âge. Pas plus qu’on ne troque gratuitement Mevlüt Erding contre Neymar. Les chiffres fous de l’ascension de ces nouveaux géants ne donnent même plus le tournis tant ils sont rentrés dans les moeurs. Depuis l’été 2008 et si l’on se fie au bien référencé transfermarkt, Manchester City a déboursé plus de deux milliards d’euros sur le marché des transferts, inéquitablement répartis en quelques 83 transactions. C’est près du double des 46 transferts entrants du PSG de l’ère QSI (Qatar Sports Investments) et son 1,37 milliard d’euros dépensés.

Pas suffisant encore pour s’offrir la reine des compétitions, mais largement pour être pris au sérieux. Si avant cette année, et à eux deux, Mancuniens (demi-finalistes en 2016) et Parisiens (finalistes en 2020) ne cumulaient que deux maigres accessions en demi-finales de la Ligue des Champions, cela n’a jamais empêché ces deux nouveaux riches de tout faire comme les grands. Et d’être ces dernières années les premiers partisans d’une renégociation massive et à leur avantage des droits télévisés. C’est la force de l’oubli. Et de ces clubs aux patronats délocalisés, qui ne savent plus qu’avant d’être des premiers de classes en surrégime, ils ont été des habitués du ventre mou.

Le ramdam de la semaine dernière est heureusement venu rappeler à ceux-là que dans le football, pour palper plus, il faut au moins avoir sa fan base derrière soi. Celle du PSG et de Manchester City respire mieux depuis le pas de côté des grands manitous du foot business. Ils n’oublient pas qu’ils sont les supporters d’un sport qui tourne fou, mais ils sont au moins rassurés de savoir que leur club accepte de continuer de courir pour un temps vers la seule carotte qui compte vraiment à leur yeux. Celle de la coupe aux grandes oreilles et de son historique sans égal d’éternels prétendants.

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