Jacques Sys

Pro League: tout est une question de process…

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Ça ne trompe pas: pendant les dix dernières minutes du match à Eupen, Anderlecht a fait circuler le ballon, manifestement satisfait de son nul 1-1. Une fois de plus, les Mauves ont développé un jeu trop stéréotypé, qui s’est heurté au rectangle eupenois. Et une fois de plus, en conférence de presse, Vincent Kompany a répété qu’il était convaincu que tout irait bien.

Un jour, Trond Sollied a déclaré qu’il ne se considérait pas comme un entraîneur, mais comme un professeur de football, dont la tâche consistait à apprendre aux joueurs à évoluer ensemble. Dans quelle mesure Kompany y est-il parvenu depuis son entrée en fonction? Et pourquoi laisse-t-il un artiste comme Lior Refaelov sur le banc, de même qu’un talent comme Anouar Ait El Hadj, porté aux nues la saison dernière? Pourquoi Kristoffer Olsson ne joue-t-il pas? Mais on peut tout aussi bien se demander quel est le rendement de tous les joueurs enrôlés ces dernières années… Va-t-il être meilleur cette fois? Le Néerlandais Joshua Zirkzee, qui serait sur le point d’arriver du Bayern (en tout cas à l’heure d’écrire ces lignes), est-il l’attaquant capable d’apporter plus de force de frappe au Sporting? Anderlecht ne cesse de chercher et de tâtonner. Il reste engoncé dans un long processus. Combien d’articles n’a-t-on pas écrit à ce sujet depuis que Marc Coucke a pris le pouvoir en décembre 2017? Les dirigeants se sont succédé sans qu’on constate de véritables progrès. Par contre, on a pu lire une flopée de déclarations partant dans tous les sens.

L’Antwerp ne doit pas se laisser aveugler par le court terme.

C’est maintenant au tour de l’Antwerp de parler de process. En un an, le Bosuil a subi plusieurs ruptures de style. Il y a eu le jeu défensif de Laszlo Bölöni, puis la délivrance sous Ivan Leko, et le réalisme de Franky Vercauteren. Maintenant, Brian Priske veut imposer sa philosophie offensive, qui s’appuie sur la force de l’équipe. Un vent nouveau souffle sur le Bosuil, mais sans encore se traduire par des résultats. L’essentiel est que le club de l’ambitieux Paul Gheysens s’en tienne à la voie empruntée, sans se laisser aveugler par le court terme, sous peine de s’exposer à une politique en dents de scie.

Brian Priske
Brian Priske© belgaimage

Les grands clubs ont entamé la saison dans le dur. Le Club Bruges s’est imposé de justesse à l’Union, Genk a gaspillé beaucoup d’occasions contre Ostende et La Gantoise a laissé filer un avantage de deux buts à zéro contre le Beerschot, après une brillante première mi-temps. Après la défaite contre Saint-Trond une semaine plus tôt, ce résultat prouve que Hein Vanhaezebrouck est encore loin d’avoir achevé son travail.

De ce point de vue, Luka Elsner est plus avancé à Courtrai. Le club est premier, avec le maximum de points. Un brillant résultat. Courtrai forme un bloc solide, très bien organisé, rapide. Avec la même équipe que la saison passée. Et un footballeur souvent capricieux, aka Teddy Chevalier, qui se conforme aux intérêts collectifs. Le Français, qui a un jour affirmé être le patron de l’équipe, ne montre plus le moindre signe d’irritation quand il est remplacé.

On a donc affaire à un championnat très surprenant jusqu’à présent. L’Union apporte un réel plus à la D1A. L’équipe développe un football frais, dans un cadre qui regorge de nostalgie. Son entraîneur, Felice Mazzù, a tiré des leçons de son aventure malheureuse à Genk. Autre fait notable, le Standard entame la saison avec un quatre sur six, malgré ses limites financières. Le club liégeois possède une équipe jeune et un entraîneur encore vert. Parfois, les clubs auraient intérêt à s’intéresser à leur patrimoine, au lieu d’enrôler des étrangers sur le marché des occasions.

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