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Pourquoi Trebel n’est pas un milieu défensif

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Le Français manque de cette mentalité de contrôleur du jeu que possèdent les ténors du poste. Il ressemble plutôt à une version Pro League de Radja Nainggolan.

Des tacles, des longs ballons, des sprints et des frappes à distance. Adrien Trebel étale chaque semaine la panoplie des actions préférées du supporter. Le Français vient d’ailleurs d’être élu joueur du mois de novembre par le public mauve, charmé par ce style qui fait de lui l’un des footballeurs les plus télégéniques de Pro League. Ses courses défensives, souvent conclues par un tacle spectaculaire, sont l’incarnation de la fameuse grinta que toutes les tribunes du pays aiment admirer. Tant pis si elles sont parfois chaotiques et irréfléchies, un bémol qui ne pardonne pas au plus haut niveau : en Ligue des Champions, Trebel est dribblé 2,6 fois par match, ce qui le classe parmi les plus mauvais élèves de la piste aux étoiles continentale.

Avec la balle, l’ancien capitaine de Sclessin reste dans l’exubérance. Des longs ballons balancés à un rythme industriel, d’abord. Avec un taux de réussite plutôt aléatoire, mais une capacité à faire monter une clameur des tribunes quand le coup de botte atteint sa cible. Et puis, des frappes. Généralement lointaines, rarement converties, mais toujours assez précises pour faire frissonner le kop en lui faisant croire à la possibilité d’un but YouTube. Trebel ne chante pas toujours juste, mais fait assez de bruit pour qu’on ne puisse pas faire comme s’il n’était pas là. Un joueur solaire à un poste de l’ombre. Une sorte de version Pro League de Radja Nainggolan.

À Rome, la saison dernière, Luciano Spalletti a fait briller son Ninja dans un 3-4-2-1 semblable à celui installé par Hein Vanhaezebrouck au Parc Astrid. Le Diable rouge jouait alors à l’un des deux postes derrière l’attaquant. Là, son pressing électrique et incontrôlable gênait moins l’organisation des siens, tout en perturbant les pieds souvent lents et approximatifs des défenseurs du Calcio. Une fois le ballon récupéré, la crête la plus célèbre d’Italie pouvait faire parler son jeu vertical pour se rapprocher du but, et frapper vers les filets dans des positions bien plus favorables, augmentant inévitablement son taux de réussite.

Et si Adrien Trebel suivait la voie ouverte par Radja ? L’atout majeur du Français est certainement sa faculté à tourner le bouton très rapidement entre la phase défensive et l’offensive, ce qui en fait un joueur incontournable lors des phases de transition. S’il est placé devant la défense, son enthousiasme peut porter préjudice aux siens, car il a tendance à quitter sa position pour sortir au pressing, sans attendre un mouvement du reste de son équipe. Une habitude qui isole Sven Kums, pas franchement bâti pour arrêter des contre-attaques, devant sa ligne arrière.

Un cran plus haut, dans le rôle qu’il a occupé à Daknam après la sortie de Sofiane Hanni, Trebel a été brillant. Très agressif sur les défenseurs adverses, rarement dotés d’une relance sous pression de qualité en Pro League, il a gratté de nombreux ballons et fait souffrir l’arrière-garde de Lokeren par son jeu immédiatement vertical à la récupération. Son pied gauche était impliqué dans la plupart des occasions de fin de match du Sporting.

Pour occuper le milieu de terrain avec justesse, Trebel manque de cette mentalité de contrôleur du jeu qui caractérise les ténors du poste. Actuellement, son hyperactivité est une lame à double tranchant. En soutien de l’attaquant, elle pourrait surtout couper dans un sens, et permettrait à Anderlecht de récupérer le ballon beaucoup plus haut.

Par Guillaume Gautier

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