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Pourquoi Sven Kums est le vrai patron de Gand

Frédéric Vanheule
Frédéric Vanheule Frédéric Vanheule is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

Depuis son retour début décembre, Hein Vanhaezebrouck compte sur Sven Kums pour appliquer sur le terrain sa vision du football.

Flash-back. Juillet 2014: La Gantoise transfère Sven Kums de Zulte Waregem pour 1,5 million, à la demande de son nouvel entraîneur, Hein Vanhaezebrouck, qui considère le Bruxellois comme le chaînon manquant de sa tactique. Kums devient le stratège de l’équipe dans les PO1 qui mènent Gand à son premier titre. Il reçoit le Soulier d’Or.

« On a une image erronée de Sven », déclare Vanhaezebrouck après sa victoire contre OHL: d’un poste avancé de l’entrejeu, son chouchou a marqué un but et délivré un assist. « On s’attend à ce qu’il fasse tourner l’équipe, mais seuls les tout grands y parviennent. Sven passe inaperçu, mais il est très utile, à condition d’être bien entouré. Le moteur d’une voiture ne sert à rien si les pneus sont à plat. » Depuis le retour de son maître, Kums a retrouvé son panache, comme le relèvent nos témoins.

Une relation père-fils

« Sven et Hein entretiennent quasiment une relation père-fils », sourit Nana Asare, qui s’est produit pour Gand de 2013 à 2020 et cherche un nouveau club belge pour la saison prochaine. « Sven maîtrise parfaitement le style de jeu de Hein. Ils se comprennent à demi-mot. Sven est la pierre angulaire du système du coach, son relais sur le terrain.

Il a une bonne lecture du jeu et son instinct lui souffle ce dont l’équipe a besoin: du calme, un football en un temps, une accélération, une passe transversale… Au sein du concept strict de Gand, on a généralement deux ou trois options une fois qu’on reçoit le ballon. Il faut prendre la bonne décision au bon moment. Ça paraît simple, mais Sven travaille cet aspect au quotidien. Il est exigeant et sévère envers lui-même, comme l’entraîneur. Il faut que les joueurs qui l’entourent réfléchissent et comprennent ce qu’il veut faire, même s’il joue simplement. J’y parvenais toujours.

L’avantage, c’est que Sven prend toujours ses responsabilités. Il se sacrifie pour l’équipe, il la dirige, mais sans crier. C’est un leader tranquille, il montre l’exemple et entraîne ainsi l’équipe dans son sillage. Il préfère les actes aux paroles. Il excelle en numéro 8, quand il peut se déporter un peu à gauche, en regardant le but. Il a donc besoin d’un partenaire costaud, qui le soutient sur le plan défensif, comme Renato Neto avant ou Sulayman Marreh et Elisha Owusu maintenant. Une fois le ballon récupéré, il faut le lui passer. D’un mouvement apparemment simple, il apporte une solution, grâce à la pureté de son jeu de passe. Il cherche constamment les brèches. »

Sven? C’est le cerveau de Gand. »

Renato Neto

D’un regard

« Sven? C’est le cerveau de Gand », appuie le Belgo-Brésilien Renato Neto, qui a porté le maillot des Buffalos de 2013 à 2019 et joue à Deinze, en D1B, depuis le mois d’août. « Sven et Hein forment un duo parfait. Ensemble, ils vont remettre l’équipe sur les rails. C’est Hein qui a fait de Sven le sportif de haut niveau qu’il est et il peut maintenant mettre son intelligence à profit. Comme Laurent Depoitre, Sven est une éponge qui absorbe très vite toutes les informations de l’entraîneur et les applique. Nous nous sommes toujours bien entendus. D’un regard, Sven savait ce que je voulais faire. Nous étions plus forts ensemble.

Sven est le chef de Gand. Il ne se cache jamais. Il appelle le ballon et cherche des solutions même dans les moments difficiles. De même, après le match, il donne son avis et soutient ses coéquipiers. Il s’efface au profit de l’équipe et abat beaucoup de terrain en perte de balle.

Son principal atout réside dans le choix de sa position. Il suit souvent son instinct. L’efficacité de ses passes est stupéfiante. Comptez aussi le nombre de tacles qu’il fait et les kilomètres qu’il abat. Il transmet sa rage de vaincre au reste de l’équipe, en vrai patron. On sait qu’on peut toujours compter sur lui, y compris pour le sale boulot. Ça lui vaut le plus profond respect de ses coéquipiers et du staff technique. »

La distribution des tâches

« Sven a une touche de balle magique », tranche Danijel Milicevic, Buffalo de 2014 à 2018 et actif à Seraing, en D1B, depuis le mois d’octobre. « Il est peut-être petit, mais il peut réussir de grandes choses, même s’il ne se distingue pas encore comme en 2015.

Il est en quelque sorte les yeux de Hein sur le terrain, le lien parfait entre l’entraîneur et les joueurs. Ils ont la même vision du football: beaucoup de mouvements et d’actions offensives. Hein lui permet de rectifier le tir sur le terrain sans instructions spécifiques. Sven s’épanouit dans ce rôle.

Il faut avoir un fameux disque dur pour assimiler toutes les informations transmises par Hein et ça requiert un temps d’adaptation. Je remarque des convergences avec l’année du titre. Alessio Castro-Montes dans le rôle de Thomas Foket sur l’aile droite, Osman Bukari pour Moses Simon. De bons joueurs, qui ont le même profil, mais n’atteignent pas encore leur rendement maximal. J’ai joué avec Marreh à Eupen. Il peut apporter un plus quand l’équipe aura atteint sa vitesse de croisière, mais pour ça, elle a besoin de Vadis Odjidja, de sa lecture du jeu, de ses passes. Et devant le but, il faut des footballeurs directs, comme Giorgi Chakvetadze, qui est très fort homme contre homme.

Sven évolue un rien plus haut, mais les joueurs qui l’entourent cherchent encore leurs marques. La distribution des tâches manque encore de clarté. J’étais aligné en numéro 10, mais je glissais souvent à droite pour approvisionner les attaquants et les médians qui s’infiltraient. Vous devez savoir que Hein est perfectionniste. Mais il dispose en Sven du relais parfait. »

« Chacun avait besoin de clarté »

« Nous progressons grâce à l’entraîneur », se plaît à répéter Sven Kums.  » Hein Vanhaezebrouck apporte de la clarté. Chacun, au sein du noyau, avait besoin d’une structure et d’une tactique fixe. Je suis en meilleure forme depuis son arrivée. Il est plus proche des joueurs que lors de son premier passage. Nous répondons déjà présents quand il le faut, mais nous manquons encore de régularité. Vadis Odjidja, Michael Ngadeu et moi devons assumer nos responsabilités. »

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