Stephane Vande Velde

Pourquoi les dirigeants anderlechtois ont-ils fait du rapatriement d’idoles du Standard leur fonds de commerce numéro un ?

Depuis quelques années, Anderlecht a débuté une politique de pillages d’idoles liégeoises. Et il n’y a aucune raison que cela cesse.

Les grandes rivalités font partie de la magie du football. En Belgique, on en tient une belle avec le Standard et Anderlecht. On ne vous apprend rien en vous disant que les deux clubs ne s’aiment pas. La capitale face à la province. Et du côté francophone, l’opposition entre les deux forces majeures. Cette animosité pourrait demeurer l’apanage des supporters. Oui mais voilà, les dirigeants et leur politique sportive se prennent un malin plaisir à alimenter cette rivalité.

Roland Duchâtelet n’avait peut-être pas saisi toute l’âme liégeoise mais il avait parfaitement compris et assimilé cette haine. Quand il apprenait qu’Anderlecht était intéressé par un joueur, il commençait lui-même à négocier avec ce joueur. Parfois avec réussite (comme lors du transfert d’Alexander Scholz), parfois sans. Les dirigeants bruxellois, renforcés par la présence et l’esprit revanchard de Luciano D’Onofrio, le lui rendaient bien en tentant de piquer William Vainqueur ou Kanu et en réussissant le transfert de Gohi Bi Cyriac.

L’avenir nous dira si l’arrivée de Bruno Venanzi a calmé les ardeurs liégeoises vis-à-vis de l’ennemi anderlechtois. Par contre, on peut déjà dire qu’il n’en est rien du côté anderlechtois. Quelques années après les arrivées de Milan Jovanovic ou de Dieumerci Mbokani, un an après celle de Steven Defour, voilà que c’est Imoh Ezekiel qui prend la direction du Parc Astrid. Et on imagine très bien le sourire éclatant des dirigeants bruxellois face au courroux prévisible des supporters liégeois, une nouvelle fois animés du sentiment de trahison.

Pourquoi les dirigeants bruxellois ont-ils fait du rapatriement d’idoles liégeoises leur fonds de commerce numéro un ?

Cette politique – car cela en est devenue une dans le chef d’Anderlecht – soulève pourtant deux questions. Pourquoi tous ces joueurs, qui connaissent parfaitement leur statut d’icône de Sclessin, qui ont clamé au fil des interviews leur amour immodéré et déraisonnable pour ce public, qui ont parfois embrassé le blason du club, se tournent sans aucune vergogne ni état d’âme vers le club honni, le tabou des supporters ? Ils ont beau affirmer qu’il fallait bien qu’ils trouvent un club, leur talent aurait pu les diriger vers d’autres cieux, tout autant rémunérateurs (si pas plus) et au challenge sportif comparable. Le football est-il donc devenu ce monde cynique, sans pitié ni sentiment ?

Si on aimerait parfois savoir ce qui se passe dans la tête de ces joueurs au moment de leur choix, on aimerait également savoir ce qui anime les dirigeants bruxellois. Pourquoi ont-ils fait du rapatriement d’idoles liégeoises leur fonds de commerce numéro un ? Est-ce par sentiment de revanche d’agents ou conseillers blacklistés au Standard – D’Onofrio et Mogi Bayat pour ne pas les citer – ? Peut-être. Pourtant, aussi blessante cette politique soit-elle pour les fans liégeois, elle fonctionne.

Les arrivées de Jovanovic et Mbokani ont été des coups dans le mille et ont généré celles de Defour et Cyriac, moins réussies. Cette politique a apporté davantage de succès en tous cas que celle axée autour de noms ronflants étrangers et appliquée cet hiver. Ni Rolando, ni Marko Marin n’ont apporté une plus-value au Sporting d’Anderlecht. A comparer les deux politiques, on se dit donc qu’il n’y aucune raison qu’Anderlecht ne cesse de piquer les anciennes stars de Sclessin.

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