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Pourquoi Balikwisha est parti au clash avec le Standard

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Le joueur du Standard a activé la loi de 78 pour mettre un terme au contrat qui le liait aux Rouches. Une histoire d’offres qui penchent de deux côtés différents de la balance.

Tout semblait devoir se passer sans accroc. Un intérêt de Bruges éveillé dès les premiers jours de l’année, puis concrétisé par une offre à des valeurs semblables à celles dépensées par les Blauw en Zwart pour Noa Lang. Il faut dire qu’au-delà de ses statistiques, impressionnantes pour une première saison au sein de l’élite (neuf buts), Michel-Ange Balikwisha séduit par son profil moderne, fait de courses à haute intensité et d’intelligence dans les déplacements. Ce n’est pas un hasard si, ces derniers mois, des scouts de l’écurie RedBull se sont penchés attentivement sur son cas.

Si la vente de l’une des rares satisfactions de la saison liégeoise n’est pas un plaisir sportif, l’opération comptable conclue avec le double champion de Belgique est une bénédiction pour un Standard en quête de liquidités avant de lancer son mercato entrant. Tant pis si la symbolique de vendre l’un de ses joyaux à la concurrence nationale donne la désagréable impression de devenir un second couteau de l’élite, impossible de s’asseoir sur les sept millions d’euros finalement déposés sur la table par les Blauw en Zwart. L’histoire est donc celle d’un plan sans accroc.

Michel-Ange Balikwisha séduit par son profil moderne, fait de courses à haute intensité et d’intelligence dans les déplacements.

Jusqu’à l’intervention de Didier Frenay, représentant du joueur qui s’offusque de voir cet accord entre clubs bouclé dans son dos. Bien introduit à Wolfsburg, où il avait notamment placé Landry Dimata par le passé, l’agent rêve d’ouvrir à son poulain rouche les portes de l’Allemagne, mais ne ramène jamais d’offre de l’étranger. Finalement, le résident monégasque frappe à la porte de Sclessin avec une proposition venue de l’Antwerp. Quatre millions d’abord, puis 4,5 après le refus liégeois. En bords de Meuse, on s’étonne de voir la seconde offre anversoise envoyée immédiatement par Frenay, visiblement mandaté par le club et plus par le joueur dans ce dossier. Quelques heures après le deuxième « non » de Bruno Venanzi, Michel-Ange Balikwisha active la loi de 78.

La procédure a souvent été brandie comme une menace ou un moyen de pression, mais rares sont les cas de figure où elle va jusqu’au bout. Concrètement, elle permet au joueur qui l’active de se libérer de son contrat en échange des sommes qui lui sont dues jusqu’à échéance de celui-ci. Dans le cas du cadet des Balikwisha, le montant avoisine les 300.000 euros, puisque le joueur n’a pas été revalorisé depuis ses débuts professionnels et est donc toujours payé au salaire plancher offert aux jeunes de l’Académie lors de leur signature chez les pros. Là, les versions divergent : dans le camp du joueur, on déplore que les demandes de revalorisation n’aient jamais trouvé d’écho au sein de la direction liégeoise, laquelle affirme de son côté qu’une ouverture des négociations n’a jamais été sollicitée par le joueur ou son agent.

Le salaire, justement, serait la cause de la discorde entre le Standard et le clan Balikwisha. Les émoluments proposés par l’Antwerp sont bien plus importants que l’offre du Club, qui fait plutôt les affaires des Rouches que du joueur sur le plan financier. La réponse de Venanzi à Paul Gheysens a donc été claire : s’il veut Michel-Ange Balikwisha, il doit s’aligner sur l’offre brugeoise. L’activation de la loi de 78 aurait pu rendre ces négociations caduques.

Légalement, rien n’empêchait l’Antwerp de s’offrir gratuitement les services du jeune talent du SL Football Campus. Restait ce gentlemen’s agreement qui veut que les clubs de Pro League s’engagent à ne pas agir de la sorte, pour ne pas déréguler le marché. Dans la foulée de la nouvelle, le Standard avait d’ailleurs signalé à la Pro League qu’un passage de Balikwisha vers le Bosuil via la loi de 78 créerait un dangereux précédent. Le marché belge deviendrait alors sauvage, un club pouvant inciter un joueur à casser son contrat pour l’engager gratuitement et le vendre vers l’étranger dans la foulée (pour autant que la manoeuvre soit effectuée avant le 30 juin, sous peine de sanctions pour la saison lancée administrativement le 1er juillet).

Les choses se sont finalement apaisées, avec un contrat de cinq ans pour Mickey et une indemnité de transfert finalement accordée au club liégeois par le Great Old.

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