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Play-offs 1: Anderlecht sous la loupe des experts

Stagiaire Le Vif

Jusqu’aux play-offs 1, Sport/Foot analyse chaque jour une des six équipes qualifiées pour le sprint final du championnat en compagnie d’experts: Philippe Albert, Wilfried Van Moer et Thomas Chatelle. Ce mercredi: Anderlecht.

Chez les champions de Belgique en titre, l’année de transition a pris des allures d’année de révolution. Entre un onze de base complètement chamboulé, un rajeunissement massif de l’entièreté du noyau et le récent renvoi de John van den Brom, les Bruxellois ont vécu une saison mouvementée. Celle-ci commence dès le 32e titre conquis en mai dernier contre Zulte Waregem. À ce moment déjà, le président Roger Vanden Stock commence à parler d’année de transition et de rajeunissement de l’équipe. Et effectivement, on assiste aux départs de Biglia, Jovanovic, Mbokani, De Sutter, Wasilewski , Safari et Iakovenko. Pour les remplacer, le club va chercher des jeunes étrangers prometteurs ou fait confiance à son centre de formation. Sauf que les dirigeants n’avaient certainement pas prévu la suite. Entre des résultats en dents de scie (neuf défaites en trente matches championnat !), une dernière place sans gloire dans sa poule de Champions League et une élimination honteuse en Coupe contre Westerlo, le fossé se creuse avec les supporters. Ceux-ci réclament la tête de John van den Brom… et l’obtiennent à une journée de la fin de la phase classique, après la défaite à Louvain. Si on ne peut pas nier le talent des joueurs qui composent cet effectif, leur manque d’expérience est criant et l’absence d’une ligne de conduite claire dans leur mise en place n’a pas aidé à leur épanouissement. Najar, Tielemans, Bruno et Praet ont essayé à peu près toutes les positions de l’entrejeu et des ailes.

Tout n’est pas perdu pour autant au Parc Astrid. À l’entame des play-offs, plus grand monde n’attend les Mauves plus haut que la troisième place qu’ils occupent actuellement. Or, cette équipe, qui n’a plus rien à perdre, possède les qualités pour tout gagner. Les premières rencontres seront cruciales pour la confiance des Anderlechtois… et des leurs concurrents.

La défense : Vanden Borre – Kouyaté – Nuytinck – Deschacht

S’il y a bien un secteur qui n’a pas rassuré tout au long de la phase classique, c’est bien la défense. Pourtant, l’équipe a pu bénéficier de l’éclosion de Chancel Mbemba et de la renaissance de Vanden Borre. Pour le premier, sa rapidité, ses anticipations et sa qualité de relance en ont fait un titulaire, devant Nuytinck. Mais ça, c’était avant que le Congolais ne se blesse. À présent, le Néerlandais semble avoir repris la main. À côté de lui, Kouyaté est méconnaissable. Impérial, dur sur l’homme et concentré l’an dernier, il semble avoir perdu confiance et il a multiplié les approximations tout au long de la saison. À droite, Gillet a commencé en août au poste de back, avant de se blesser contre le Standard et ainsi d’ainsi offrir une nouvelle chance à Anthony Vanden Borre. Depuis lors, le ket du Parc Astrid enchaîne les bons matches et est redevenu la coqueluche du stade. À gauche enfin, le vétéran Oli Deschacht semble, une fois de plus, avoir gagné son combat contre son nouveau concurrent: Fabrice N’Sakala. Mais les qualités offensives de ce dernier en font toujours un candidat sérieux à un poste de titulaire.

L’avis de Philippe Albert (ancien défenseur d’Anderlecht et de Newcastle): « Cette défense a du mal à tenir en place, mais pas uniquement cette saison. Ça a débuté avant même les play-offs de l’an dernier. Pendant la phase classique, le duo Nuytinck – Kouyaté était très solide avec Gillet au back droit qui tenait aussi la route. Et puis les PO1 ont très mal commencé contre Genk… Et puis l’an dernier, Proto sortait également les ballons qu’il devait sortir. La grosse différence réside dans la confiance de cette équipe. Nuytinck et Kouyaté ont prouvé la saison passée qu’ils étaient de bons défenseurs, mais quand la confiance n’est pas là, rien ne va. Il suffit de voir les buts qu’ils ont pris cette saison. Certains sont vraiment à mourir de rire. Mais les qualités, ils les ont et ils vont peut-être les retrouver pendant les PO1. Anderlecht va en tout cas jouer le coup jusqu’au bout et je crois que s’il tiennent le bon bout défensivement, ça peut faire mal. Voyons aussi si Mbemba va confirmer. »

Le milieu: Tielemans – Kjestan – Praet – Najar

L’entrejeu est le secteur qui a le plus souvent été modifié sous John van den Brom. En effet, pas moins de onze joueurs s’y sont succédé pour trois à quatre places: Tielemans, Kjestan, Praet, Najar, Gillet, De Zeeuw, Bruno, Milivojevic, Mbemba, N’Sakala et Vargas. Au milieu de cette anarchie, on a bien du mal à tirer des conclusions. Le jeune Tielemans a tour à tour été porté aux nues, puis écarté, avant d’être à nouveau repris. Kjestan alterne le bon et le moins bon, mais l’Américain semble désormais bien positionné pour revendiquer une place de titulaire en tant que routinier de l’effectif. Najar a livré quelques prestations intéressantes dans l’axe, mais sa meilleure place, tout comme Bruno, se trouve sur le flanc. Gillet n’est pas en forme tandis que De Zeeuw ne l’a jamais trouvée. Vargas revient lui de blessure et Mbemba et N’Sakala sont plus des défenseurs que des médians. Quant à Praet, il est apparu métamorphosé lors du match contre Ostende. Vous l’aurez compris, l’entrejeu d’Anderlecht reste un énorme chantier et constituera probablement la tâche principale de Besnik Hasi durant les prochaines semaines.

L’avis de Wilfried Van Moer (ancien sélectionneur fédéral et milieu de terrain du Standard): « Un nouveau coach signifie une nouvelle organisation du jeu. Mais les jeunes qui composent cet entrejeu d’Anderlecht ont du football dans les pieds et sont très forts. C’est un excellent milieu de terrain, mais j’attends de voir ce que les joueurs vont montrer dans les play-offs pour mieux juger ce secteur. Le problème, c’est qu’ils n’ont pas souvent joué ensemble. Avec l’ancien coach, le milieu de terrain ne cessait de changer. Avec Hasi, j’espère qu’il va se stabiliser et que l’on verra plusieurs fois de suite la même équipe.

L’attaque: Pollet – Mitrovic

Contrairement à son prédécesseur qui renâclait à aligner deux attaquants de pointe, Hasi a mis le duo Pollet – Mitrovic sur le terrain dès son premier match. C’était la première fois que les deux joueurs étaient associés dès le coup d’envoi. Dans ce secteur encore, les associations ont été nombreuses cette saison et les alternatives ne manquent pas. On pense notamment à Cyriac qui est revenu en grande forme ces dernières semaines ou à Bruno qui peut monter d’un cran et jouer à côté de l’avant de pointe. Pollet a démontré à Charleroi qu’il pouvait être un buteur. Il est en train de le confirmer à l’échelon supérieur. Le joueur formé à Lens a déjà marqué deux buts en 174 minutes. À côté de lui, les espoirs placés en Mitrovic en début de saison étaient grands et il les a confirmés… en partie. Parfois trop effacé et trop loin du but, l’avant serbe a tout de même inscrit 13 buts pour sa première saison sous la vareuse mauve.

L’avis de Thomas Chatelle (ailier du RAEC Mons et consultant pour Belgacom TV): « Tout dépend de la tactique qui sera adoptée. Un autre paramètre à prendre en compte dans ce compartiment de jeu sera la forme des joueurs. Il y a clairement la possibilité d’aligner une attaque à trois ou une attaque avec deux pointes. Je pense que quelqu’un comme Cyriac peut faire très mal quand il est associé à un joueur comme Mitrovic ou Pollet, parce que ce sont des profils complémentaires. Maintenant, Pollet et Mitrovic ont aussi joué ensemble dernièrement et ont prouvé qu’ils pouvaient faire quelque chose à deux. Moi, j’opterais plus pour une association Cyriac-Pollet ou Cyriac-Mitrovic. Après, avec des gars comme Najar et Bruno qui peuvent apporter de la percussion et de la vitesse sur les côtés, on peut jouer aussi avec trois attaquants. Franchement, ils ont l’embarras du choix. Je pense qu’Hasi doit surtout maintenant trouver une ossature à cette équipe et une ligne de conduite. Mais surtout trouver un onze de base. Le point faible de l’attaque, c’est clairement le manque de stabilité dans l’équipe et le manque d’automatismes entre les joueurs. Un gars comme Mitrovic a trop peu souvent été présent dans les 16 mètres alors que c’est sa force. Il doit jouer plus haut pour recevoir plus de ballons dans le rectangle. Tout ça doit être répété et doit venir avec l’accumulation des matches. »

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