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Pierre François: « J’ai tourné la page Standard, mais je n’ai pas perdu la mémoire »

Les cinq questions qu’on n’osait pas poser à Pierre François, l’administrateur-délégué du White Star et ex-directeur général du Standard.

Le White Star a commencé le championnat par une victoire : la première bonne nouvelle depuis l’arrivée de la nouvelle direction ?

Non, il y en a eu d’autres avant ça. Nous avons d’abord renversé la vapeur dans le dossier de la licence alors que c’était loin d’être simple. Cela a permis de sauver une trentaine d’emplois et une école de près de 400 jeunes. Nous avons ensuite su composer un noyau de qualité qui doit mettre le White Star en haut de la D2, avec un oeil vers la D1. Je peux aussi citer les accords passés avec la commune. Là-bas, on a tiqué dans un premier temps quand nous avons remplacé  » Woluwe  » par  » Bruxelles  » dans l’appellation du club, mais la commune a entre-temps compris le sérieux de notre projet et la collaboration est bonne. Et, oui, cette première victoire était bienvenue, un signe que le staff a su créer rapidement un bon état d’esprit.

Jean-Guy Wallemme n’était-il pas trop compétent, trop pro et trop charismatique pour un club comme le White Star ?

Il y a toujours un regret quand on licencie un coach, encore plus quand la personne n’est pas en cause. Mais après six matches amicaux, nous devions nous poser les bonnes questions. Y a-t-il des automatismes ? Y a-t-il un style de jeu reconnaissable ? Combien d’occasions de but nous créons-nous par match ? Combien de goals avons-nous marqués ? La réponse à la dernière question était simple : pas un seul. Je ne dis pas qu’il y a eu un phénomène de rejet mais l’alchimie ne se faisait pas. Licencier Wallemme était une obligation, une marque de courage et de lucidité. Nous savions que des commentaires étonnés allaient suivre.  » Déjà ? « .  » Ce n’est pas sérieux. « , etc. Des commentaires qu’on n’entend pas quand un coach est mis dehors en novembre.

On continue à se poser beaucoup de questions sur les investisseurs de Dubaï : à tort ou à raison ?

Ah bon, je ne ressens pas les choses comme ça. Vous êtes – j’espère – le dernier à vous poser cette question après que la Cour Belge d’Arbitrage du Sport ait validé l’intervention de Gulf Dynamic Challenges, après que le juge des référés de Bruxelles ait donné à cette société deux fois gain de cause, après encore que le Bourgmestre de Woluwe Saint Lambert et son échevin des Sports aient conclu les accords utiles à la bonne marche du club. Et se pose-t-on des questions à propos de tous les clubs où les fonds ne sont pas amenés par un voisin ? Ce qui intéresse les gens, c’est l’aspect sportif. Comment l’équipe a-t-elle été bâtie ? Quelle est sa moyenne d’âge ? Nous avons recruté en Belgique, en Ligue 1 française, nous avons le meilleur buteur du championnat bulgare, un jeune Belge de talent comme Kylian Hazard, aussi Ilias Maatoug. C’est tout cela qui compte, c’est ça la priorité du grand public.

John Bico se fait démolir par la presse, encore plus depuis l’affaire du brassard de Thorgan Hazard à Zulte Waregem. Ce n’est pas bon pour l’image de votre club, dont on dit qu’il est le vrai patron ?

Connaissant John Bico, je peux vous assurer qu’il s’en moque ! Certains agents s’occupent de leur image. D’autres, comme lui, s’occupent de leurs joueurs. Et sachant le crédit qu’il a dans les grands clubs européens et dans le milieu du foot, je trouve que franchement, c’est une bonne chose pour le White Star de l’avoir comme conseiller sportif.

Votre ancien club, le Standard, est toujours européen et a réussi son début de championnat : on peut en déduire que Roland Duchâtelet avait raison sur tout ?

Je n’ai pas à juger la direction du Standard. Roland Duchâtelet est le propriétaire, il veut gérer le club au quotidien, c’est son droit, et surtout, qu’on veille à ce que les supporters ne se divisent pas. S’il faut faire un bilan, on le fera au mois de mai, pas maintenant. Moi, quand je pense au Standard, je pense à neuf ans et demi de ma vie, des années plein pot. J’ai tourné la page. Mais je n’ai pas perdu la mémoire.

Par Pierre Danvoye

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