© BELGA (YORICK JANSENS)

Pierre Bourdin (Beerschot): « Mentalement, tactiquement, on a resserré la vis »

Le défenseur du Beerschot revient sur le grand écart tactique des Rats suite au départ d’Hernán Losada, et à la reprise par Will Still.

1. Parce que vous vous êtes connus au Lierse, tu es sans doute la personne du vestiaire actuel la mieux placée pour analyser les premières semaines du Will Still entraîneur. Quelle est sa marque sur le groupe?

Une organisation, une rigueur, un plan détaillé. Il nous le répète souvent, pour ne pas dire tout le temps. Il faut « se tenir au plan »! C’est-à-dire qu’aujourd’hui, dans les moments difficiles d’un match, on a des points de repères aux niveaux offensif, défensif, et qu’il faut les respecter. Pour moi, ce qu’il apporte, c’est un plan complet de l’équipe où tous les individus travaillent pour la même cause. Ce qui, au final, engendre un effort collectif beaucoup plus abouti. Ce qui défensivement nous a rendus beaucoup plus solides qu’au début de saison, par exemple. Le côté négatif pour le grand public, c’est qu’on n’est plus l’équipe spectaculaire d’il y a quelques semaines. Mais on reprend des points!

2. À s’amuser à les comparer, on se dit que le coach Will Still n’avait pas grand-chose en commun avec le coach Hernán Losada… On se trompe?

Non, c’est vrai, mais ce qu’on ressentait en tant que joueurs, c’était qu’il y avait une vraie osmose entre les deux. Deux jeunes entraîneurs côte à côte qui se sont rendus meilleurs l’un l’autre en partageant beaucoup. On dit que les opposés s’attirent, eux étaient en tout cas extrêmement complémentaires à ce niveau-là. Comme un mix parfait. La folie offensive de l’un et l’organisation défensive de l’autre. Une sorte d’entente parfaite.

3. Tu évoquais les points de repères défensifs installés par le coach. Concrètement, comment cela se met-il en place?

Tactiquement, ça signifie que tout est redevenu beaucoup plus strict. Et que nous, les défenseurs, on a vraiment moins de liberté. C’est-à-dire que quand le ballon est sur un côté, on sait où on doit se placer, on sait aussi qu’on doit respecter certaines distances. Et puis, dans la mentalité, il est parvenu à transcender à nouveau le groupe. Will a cette philosophie anglaise, avec beaucoup d’intensité dans les duels, qu’il parvient à nous transmettre. D’ailleurs, je trouve que quand tu regardes tous nos défenseurs aujourd’hui, on a vraiment bien amélioré ce point-là depuis plusieurs semaines. Mentalement, tactiquement, on a resserré la vis.

Parfois, je me demande, si inconsciemment, les critiques de la presse en début de saison sur le fait qu’on était une équipe un peu trop défensive n’ont pas touché le coach.

Pierre Bourdin

4. Tu dis que tout est redevenu beaucoup plus strict. C’est-à-dire qu’Hernán Losada avait peu à peu lâché du lest?

Oui et c’est ça qui est paradoxal. C’est qu’en D1B, si on se souvient bien, on était surtout une équipe de contre-attaque. Un peu dans le style actuel. On défendait bien, on marquait souvent sur coups de pieds arrêtés ou en contres. Même en début de saison, c’était encore le cas. Et puis, petit à petit, on a pris la confiance. Peut-être parce qu’à un moment, on a sans doute surperformé. On a vu qu’on défendait bien contre n’importe quelle équipe et on a décidé de se mettre un peu plus à découvert. On a voulu construire le jeu, puis presser haut, de plus en plus haut. Et on a pris des buts, de plus en plus de buts. Ce n’était pas une négligence tactique du coach, ça partait d’une volonté de sa part de voir jusqu’où le groupe pouvait aller. Il a essayé de nous pousser au maximum. Jusqu’à un moment où je crois que le groupe était arrivé à bout de souffle. Parfois, je me demande, si inconsciemment, les critiques de la presse en début de saison sur le fait qu’on était une équipe un peu trop défensive n’ont pas touché le coach. Je ne sais pas. Toujours est-il qu’il y a eu un changement de cap à un moment.

5. Ce n’est pas difficile à appréhender comme changement de philosophie, en plein milieu d’une saison?

On a la chance d’avoir un groupe assez homogène, très respectueux et sans trop d’égos. À partir de là, ça a été plutôt facile pour Hernán d’abord, pour Will ensuite d’imposer leurs idées. Avec Will, on a aujourd’hui opté pour un retour aux bases. Parce qu’on était tous conscients en tant que joueurs qu’il fallait retrouver un fil conducteur dans notre jeu. Il y a beaucoup de bonne volonté de la part du groupe d’aider le coach à nous faire progresser. Parce que Will a cette faculté d’être proche de son groupe. Tout un instaurant le respect. Et moi, je suis convaincu d’une chose, c’est qu’un coach avec une approche positive comme celle de Will peut tirer 20% de plus de chaque joueur.

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