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Philippe Albert : « Van Holsbeeck est dans le foot depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’il devait s’attendre à tout »

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Le consultant donne un avis tranché sur quelques thèmes chauds du moment.

Est-ce que Felice Mazzù avait raison de péter les plombs comme il l’a fait après le match contre Anderlecht ?

Non. Mais je ne mettrais pas sa réaction uniquement sur le compte de la phase du penalty. Pour moi, le long passage à vide de Charleroi y est pour quelque chose. Ça ne va pas bien depuis le début de l’année, et vu le statut que ce club a pris, un passage à vide aussi long est mal vécu. Mazzù est un perfectionniste, ça le mine que son équipe n’arrive plus à gagner.

On ne va pas, maintenant, tirer sur lui, sous prétexte qu’il a perdu ses moyens dans une interview à chaud. C’est la première fois qu’il dérape. Sur la phase du penalty, même avec le recul, c’est toujours difficile de se faire une opinion définitive. Ce n’était pas scandaleux de donner le penalty mais ça n’aurait pas été scandaleux non plus de ne pas le donner.

Le coup de pied au cul à Herman Van Holsbeeck en pleine saison, ça va rester un jour noir de la saison ?

À tout moment, partout, il y a des gens qui se font licencier du jour au lendemain. J’ai des potes qui perdent leur emploi à l’usine. Mais tous ces gens-là ne partent pas avec un gros chèque ! Pour Van Holsbeeck, au niveau financier, je crois qu’on ne doit pas s’en faire. Des C4 comme ça, n’importe quand, c’est devenu la norme. Et puis Van Holsbeeck est dans le foot depuis suffisamment longtemps pour savoir qu’il devait s’attendre à tout. J’entends maintenant que ça aurait été plus décent d’attendre la fin de la saison pour écarter Van Holsbeeck. Je ne suis pas d’accord. À partir du moment où Coucke ne compte plus sur lui, il faut trancher directement, c’est plus clair pour tout le monde.

Le Standard prépare le départ de Ricardo Sa Pinto, qu’est-ce que tu retiendras de son court passage chez nous ?

Je retiendrai qu’il a réussi à faire passer ses idées et son message dans les matches de Coupe. Là, le Standard a tout écrasé, sauf en finale, mais une fois que tu es en finale, tu te fous de la manière, c’est le trophée qui est important. Par contre, en championnat, j’ai rarement vu ça. OK, le Standard est en play-offs, mais il aurait dû être qualifié bien plus tôt et être bien plus haut dans le classement. Même avant le retour de Mehdi Carcela, Sa Pinto avait un noyau pour finir à une des trois premières places. Choisir de mettre Michel Preud’homme à sa place, c’est un choix qui ne se discute même pas. Demande à Bart Verhaeghe et Vincent Mannaert de te citer la meilleure décision qu’ils ont prise depuis qu’ils sont à Bruges, ils te parleront de l’engagement de Preud’homme. Il est une garantie de titre dans les trois ou quatre ans et il ne prendra pas la Coupe d’Europe à la légère.

Tu peux donner trois bonnes raisons pour lesquelles Bruges va faire un beau champion ? Ou tu n’en trouves peut-être pas trois ?

La régularité, c’est une qualité. Bruges a eu un petit passage à vide en phase classique mais a réussi à ce que ça ne lui coûte pas trop cher au classement. Ils ont réussi à limiter la casse, aussi parce que Charleroi et Anderlecht ont connu des ratés à la même période. Je retiendrai aussi la force collective du Club. Il n’y a pas de vedettes extraordinaires dans cette équipe mais ils sont en tête depuis le début parce que tout le monde tire dans le même sens. Le collectif prend le pas sur l’individu. Il y a aussi sa force mentale, cette façon de ne rien lâcher, c’est dans l’ADN du Club.

Tu crois que Roberto Martinez voit plus clair sur son groupe de 23 qu’avant le match contre l’Arabie Saoudite ?

On a beaucoup dit que ce match n’avait servi à rien, je ne suis pas d’accord. Evidemment, l’Arabie saoudite était d’une faiblesse relative, pour rester correct… Mais ça a permis de voir un Anthony Limbombe qui peut être une bonne solution de remplacement pour Yannick Carrasco à un poste où on n’avait pas de doublure. Maintenant, on sait qu’on en a une, même si Nacer Chadli ne revient pas. Le recul dans le jeu de Kevin De Bruyne, près d’Axel Witsel, a aussi été une expérience intéressante. J’ai entendu qu’on ne voyait pas plus clair sur le groupe pour la Coupe du Monde après ce match, mais il ne faut pas chercher de problèmes où il n’y en a pas. Martinez a depuis longtemps 19 ou 20 noms certains, il faut maintenant en prendre trois ou quatre de plus pour arriver à 23 mais ce sont des gars qui n’iront de toute façon en Russie que pour faire de la figuration. Il faut leur faire comprendre aux autres qu’ils ne seront pas sur le terrain même s’ils font le voyage.

Par Pierre Danvoye

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