© PG

Passé-présent: la dualité de Frank Vercauteren

Jacques Sys
Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Frank Vercauteren travaille dans l’ombre à l’OHL. Il préfère tenir la presse à distance.

C’était étrange. Lors du titre du Cercle Bruges en 1B, en mai dernier, Frank Vercauteren a déclaré, durant la conférence de presse, qu’il avait remporté ce championnat  » au grand regret de ceux qui l’envient « . Une déclaration bizarre alors que la famille du Cercle fêtait joyeusement cette promotion. Ses propos étaient l’indice d’une profonde frustration. Même en ce moment de bonheur, Vercauteren ne pouvait contrôler son amertume.

Parce qu’il s’estime mésestimé ? Parce que la presse l’a parfois critiqué ? Il y a quelques semaines, il a de nouveau été question d’amertume au moment de sa présentation au poste de conseiller sportif d’OHL. Il a déclaré qu’il n’avait plus vu autant de journalistes depuis longtemps. Et qu’en fait, il n’appréciait pas tant que ça la présence de la presse. Vivre avec un tel dépit ne nous semble pas très sain.

Frank Vercauteren est empreint d’une inexplicable dualité. Il était différent quand il jouait encore. Il accordait des interviews sans problème, prenait son temps, était capable de parler clairement de football et avait toujours quelque chose à dire. Nous nous souvenons d’un entretien en décembre 1990, quand il jouait à Nantes.

Vercauteren nous avait invité chez lui, à Ligne, à vingt kilomètres de Nantes. Il y habitait une impressionnante villa sise au milieu d’un immense terrain, au milieu de gens simples et travailleurs, qui le saluaient simplement, sans l’aduler sous prétexte qu’il savait shooter dans un ballon. Ils le considéraient comme un homme du pays.

Frank Vercauteren s’était épanoui là-bas. Il pouvait se promener dans les rues de Nantes sans être interpellé alors qu’en Belgique, on l’abordait sans arrêt, ce qui l’ennuyait. Il ne faisait donc jamais de commissions et chargeait même son frère d’emmener sa voiture au car-wash. Dans une longue interview, Vercauteren avait expliqué qu’il préférait qu’on le laisse tranquille et qu’en fait, il était plutôt timide.

On n’en avait pas eu l’impression pendant ce reportage. Vercauteren était allé chercher un vin de la région à la cave et avait ajouté des bûches au feu ouvert, apportant de la convivialité à cette fin d’année sombre. Frank Vercauteren en retirait du plaisir. Même en présence d’un journaliste.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire