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Ostende, héros d’un jour?

Frédéric Vanheule
Frédéric Vanheule Frédéric Vanheule is redacteur bij Sport/Voetbalmagazine.

À Ostende, Gand a passé un test crucial mais les troupes de Hein Vanhaezebrouck doivent prouver qu’elles ont bel et bien franchi un cap.

Dimanche soir, c’est un Ivan De Witte particulièrement soulagé qui a quitté la Versluys Arena peu avant 21 heures. « Ça fait vraiment plaisir », a commenté le président gantois, un jour après avoir écrit, dans une lettre ouverte aux supporters, que l’entraîneur resterait. Le fait que le match ait été préparé à l’hôtel La Réserve de Knokke-Heist indique que les nerfs étaient plutôt tendus. Depuis l’arrivée de Hein Vanhaezebrouck en 2014, c’était la première fois qu’une ambiance de méfiance, voire de crise, régnait au sein du club.

« Je savais que nous nous en sortirions ensemble », affirme De Witte. « Un peu de réflexion ne fait pas de tort. » Le manager général Michel Louwagie s’en tient à ceci : « C’est la période la plus difficile et nerveuse que je vis dans mon club depuis 2012-2013. Je suis dans le football depuis 28 ans et je veux rester prudent. J’espère que la calme va revenir. » Retour sur quelques déclarations relevées en interne et la réalité du terrain.

« Il n’y a pas meilleur coach que Hein pour transmettre une méthode, à condition que le joueur soit prêt à tourner la page et à mettre son ego de côté, en échange d’un salaire plus riant que dans son club précédent. » (Michel Louwagie, décembre 2016)

Comment intégrer de coûteux transferts comme Marcq, Andrijasevic et Sylla ? Un casse-tête, une question qui n’a pas encore été résolue sur le plan sportif. Marcq a marqué des points à domicile contre Anderlecht. Contre Genk, le Français, associé à Esiti, a montré trop peu de qualités à la construction. Il est apparu qu’il manquait de vitesse pour conclure une action. Le routinier de 28 ans, habitué à camper dans le rectangle à Charleroi, se bat trop avec le ballon et en perd sa vision du jeu. L’international croate Andrijasevic, idéal en décrochage, est freiné par des blessures. Sylla est un attaquant qui aime disposer d’espaces. À Ostende, il a souvent eu de longs ballons expédiés par la défense. L’intégration de Bronn, Machado et Dussenne est plus lente que prévu. Au Littoral, Vanhaezebrouck s’est caché la tête dans les mains à chaque intervention inutile ou fautive. Malheureusement, Birger Verstraete, Foket, Mitrovic, Neto, Kalu et Saief sont blessés et le coach est donc obligé d’aligner les nouveaux, même s’ils ne satisfont pas.

« Hein est parfois têtu. Comme le Gantois, il suit sa route. C’est pour ça que le courant passe bien. Les supporters s’identifient à Vanhaezebrouck et l’adulent. Ici, Hein est un peu dieu. » (Le directeur de la communication, Patrick Lips, décembre 2016)

La banderole In Hein we trust en disait long, dimanche. Les supporters, qui s’étaient massivement déplacés, n’ont scandé qu’un nom, avant et pendant le match. Hein Vanhaezebrouck est leur héros. Après le titre, l’entraîneur avait paraphrasé David Bowie : « Oh, we can be heroes, just for one day. » Il voulait ainsi préparer les Gantois et lui-même à placer la barre plus haut.

« Nous devons continuer à grandir. Depuis le titre, nos ambitions se résument à « nous voudrions jouer la coupe d’Europe chaque année et terminer dans le top trois, si possible. » Mon principe : sur une période de cinq ans, il faut atteindre cet objectif au moins trois fois, faire mieux une fois et peut-être moins bien à une reprise. » (Hein Vanhaezebrouck, février 2017)

Cette dernière hypothèse a été sur la table lors de l’entretien du lundi entre le président, le manager général et l’entraîneur, quelque part dans les environs de Latem. Les PO1 sont un must pour Gand, qui veut s’imposer parmi les grands clubs belges. Tout miser sur la Coupe de Belgique est risqué, car on dépend du tirage au sort. Vanhaezebrouck tient constamment à l’oeil son retard sur la sixième place. Après sept journées, il est de six points sur l’Antwerp qui, promu, peut connaître un passage à vide, comme d’autres révélations de la saison. Francky Dury, l’entraîneur de Zulte, part du principe qu’il faut 50 points à l’issue du championnat régulier pour disputer les PO1. Les Buffalos doivent donc atteindre un rythme de champion, puisqu’ils sont douzièmes avec six points sur 21. De Witte apaise les esprits en annonçant un premier bilan intermédiaire après quinze journées. Vanhaezebrouck sait qu’il ne peut atteindre les PO1 qu’avec un noyau au complet.

« Hein est un super entraîneur, le plus travailleur de tous ceux que j’ai connus à Gand. Il faut du temps pour se rétablir, après la Ligue des Champions et la perte de l’axe central. » (Ivan De Witte, janvier 2017)

Si Hein reste en poste, il le doit surtout au président. La direction et les sponsors l’ont pressé d’intervenir mais le psychologue et CEO de l’entreprise Hudson n’a pas cédé. Le président a rapidement décelé les points faibles de son équipe rajeunie, qui a souvent concédé un but en fin de partie, par manque de concentration ou de communication. Il a constaté que Vanhaezebrouck n’était pas aussi têtu qu’on le disait. L’entraîneur a adopté une attitude plus positive, il s’est mis au people management et il essaie d’insuffler au noyau son système par de longues journées d’entraînement.

« Je dirige un peu l’équipe et je dis aux avants où se diriger car notre pressing offensif est très important. Je connais le système par coeur. Je sais où courir, quand m’infiltrer, appeler le ballon, poser le jeu. Je peux jouer les yeux fermés pendant 90 minutes. Au poste de médian offensif, hein. » (Danijel Milicevic, juillet 2017)

Kalinic, Gigot, Mitrovic et Milicevic sont les leaders. Ce sont eux qui doivent diriger l’équipe. Dejaegere a moins d’impact de ce point de vue, même si son engagement lui vaut l’estime générale. En plaçant Milicevic aux côtés d’Esiti juste devant la défense, on en revient de facto à la combinaison Kums-Neto de l’année du titre. Un joueur doté de bons pieds, de vista, capable de garder le ballon, à côté d’un joueur puissant parfait dans les duels. « Mili est le joueur le plus autoritaire de mon noyau. Il a été important à Ostende. Maintenant, comme le reste du noyau, il doit continuer sur sa lancée », déclare Vanhaezebrouck. « Grâce à lui, nous conservons mieux le ballon et donc le contrôle.

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