Marc Degryse

Non, Anderlecht n’y arrive pas

Pour Marc Degryse, le chroniqueur de Sport/Foot Magazine, Anderlecht semble incapable de gérer une période compliquée, il y a toujours un moment où l’équipe perd le fil.

On a tout eu, tout vu ce dimanche après-midi. D’abord la propagande pour le foot à Sclessin. C’est clairement dans les affiches qu’on voit le meilleur Standard, ça a été confirmé contre Genk après que Bruges fut passé par là. On avait deux équipes en confiance. Une confiance encore augmentée après leur victoire en Europa League. Genk sortait d’une démonstration sur le terrain du Besiktas, et on sait à quel point c’est difficile d’aller faire une démonstration dans un stade pareil. Et le Standard qui prend les trois points contre une équipe comme Krasnodar, ce n’est pas rien non plus.

Bref, c’étaient des Liégeois et des Limbourgeois en pleine bourre qui s’affrontaient et on n’a pas été déçus. Quelle énergie dans les échanges ! Et, si le niveau d’ensemble était élevé, il y a aussi quelques individualités qui ont réussi à se mettre au-dessus de la mêlée, je pense en priorité à Memo Ochoa qui enchaîne les grosses prestations, à Joakim Maehle qui fait tellement bien son flanc qu’on a parfois l’impression qu’il a une formation d’attaquant, à Ruslan Malinovski et à Alejandro Pozuelo qui confirment de semaine en semaine qu’ils sont deux magnifiques maîtres à jouer, à Aly Samatta qui n’a pas besoin de deux occasions pour mettre un but.

Quand on regarde un match pareil, on oublie que des gars comme Sander Berge et Leandro Trossard ne sont même pas sur le terrain. Philippe Clement a aussi l’art d’aller rechercher des joueurs qui n’étaient plus nulle part et qui sont maintenant des piliers de l’équipe en tête du championnat, je pense à Dieumerci Ndongala et Sébastien Dewaest. Dans le Genk actuel, chaque joueur qui entre dans l’équipe devient directement une pièce utile de la machine. La seule question que je me pose maintenant, c’est de savoir si Genk peut tenir un rythme pareil pendant une saison entière. Clement a probablement la meilleure équipe, il a le noyau le plus talentueux en largeur, mais il va bien falloir que son équipe connaisse un coup de moins bien.

Il y a toujours un moment dans le match où Anderlecht perd le fil. Il suffit d’un petit contretemps et tout s’écroule d’un coup.

Quand on sort de ce match et qu’on plonge dans un Eupen – Anderlecht, ça fait mal aux yeux. Attention, il faut souligner les mérites d’Eupen. On a là un club qui était à la rue lors des premiers matches de la saison, et puis il y a eu une métamorphose magnifique et inattendue. Luis Garcia a été le roi du terrain contre les Mauves. Est-ce normal à 37 ans ? Garcia expédie un tir sur le poteau en début de match et cette seule action suffit pour anesthésier les Anderlechtois. Comme si c’était un premier avertissement décidément trop difficile à digérer pour eux. C’est une constante cette saison : un petit coup dur et l’équipe s’effondre. On en a encore eu une illustration frappante contre Fenerbahçe. Ça tourne bien, Zakaria Bakkali est subitement un maître de cérémonie qui évolue à son meilleur niveau, Sven Kums semble revenu au sien lui aussi, puis il y a ce premier but turc et tout s’écroule.

Après avoir eu une avance de deux buts, les Mauves respirent au coup de sifflet final parce qu’ils ont juste réussi à arracher un point. Il y a eu plusieurs autres exemples similaires depuis le début de la saison. Comme si Anderlecht était une équipe incapable de gérer un moment compliqué. Hein Vanhaezebrouck n’arrive décidément pas à faire jouer son équipe à un bon niveau pendant une heure et demie. Il y a toujours un moment où elle perd le fil. Il avait soi-disant tenu un discours très clair avant le match à Eupen, mais on peut vraiment se demander si des joueurs l’ont écouté, parce que la première mi-temps a été dramatique.

Semaine après semaine, on voit les mêmes soucis sur des portions précises du terrain. Derrière, ça reste un gros point d’interrogation. Au milieu, on n’arrive pas à avoir un duo performant, en tout cas chaque fois que Sven Kums et Adrien Trebel jouent ensemble. Si l’un est bon, l’autre ne l’est pas assez, ils alternent… Je trouve que ça se passait mieux en début de saison quand Trebel était associé à Evgen Makarenko. Et puis il y a toujours ce manque de leadership, l’absence d’un vrai patron. Trebel pourrait faire ça s’il était à 100% d’un point de vue physique. Alors, c’est Thomas Didillon qui s’y colle régulièrement, mais il est trop loin du coeur du jeu pour que ce soit vraiment porteur.

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