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Nick Hayen (Waasland-Beveren): « Nous devons rendre fiers les supporters »

Waasland-Beveren est parvenu in extremis à éviter la dernière place. Avant les barrages face à Seraing, Nicky Hayen revient sur la saison compliquée des siens.

Huit buts encaissés dans les deux derniers matches à domicile de la saison, alors que Waasland-Beveren avait le couteau sur la gorge. Inutile de chercher plus loin le talon d’Achille de l’équipe. On dresse bilan de la saison en trois parties, avec l’entraîneur, Nicky Hayen.

Partie 1: juillet à début octobre

« Je connaissais la situation du club quand j’ai signé », affirme Nicky Hayen. « En principe, il devait évoluer en D1B, mais a été intégré à l’élite peu avant le début du championnat. Notre premier match, une victoire 1-3 à Courtrai, s’est avéré être un cadeau empoisonné, car tout le monde a cru qu’on vivrait une saison tranquille. Les résultats suivants ont démontré le contraire: trois sur 21 et beaucoup de buts contre. Je situe le tournant lors de notre match contre le Standard. À 1-0, euphorique, mon groupe a été inattentif et les Liégeois ont inscrit deux buts. Et l’équipe a commencé à douter. Le club était en pleine reprise. Nous avions en tête une série de transferts, mais ils ont été bloqués. Ma collaboration avec le directeur sportif, Miguel Torrecilla, était claire et agréable. Il était chargé des transferts et devait aller vite. Il a fait ses preuves, vu que l’équipe a signé une belle série en novembre. Il lui manquait une chose: des contacts sur le marché belge. Il a donc opéré d’autres transferts, comme Michael Frey, Georges Mandjeck, Leonardo Bertone etc. J’ai donc dû reformer une équipe en octobre. »

Je voulais Louis Verstraete en été, mais la reprise a ralenti le transfert. »

Nicky Hayen

Partie 2: octobre à décembre

La plupart des joueurs transférés sur le tard avaient un retard physique de quatre ou cinq semaines. Puis l’équipe est devenue un foyer de contaminations.

« Nous avons été les premiers touchés », déplore Hayen. « Depuis, tout le monde connaît l’impact de ce virus. Certains étaient épuisés après cinq minutes d’effort. C’était encore pire pour ceux qui accusaient un retard de préparation. Je suis très fier de mon staff, qui est parvenu à motiver et à affûter tout le monde dans des conditions parfois très difficiles. Suite à la pandémie, nous avons enrôlé beaucoup de joueurs, mais personne n’est parti. J’ai déjà aligné 36 gars cette saison. Nous avons dû les répartir en quatre vestiaires, en respectant les distances, en semaine. Il fallait donc créer un esprit d’équipe ailleurs. J’aurais pu scinder le noyau en deux groupes, mais je devais tenir compte de nouvelles contaminations, qui m’auraient contraint à reprendre certains éléments du noyau B. Et puis, c’eût été un signe de faiblesse. J’ai cherché des solutions. Le groupe m’a facilité la vie, car il est composé de bons gars, et dénué de sales caractères. Début novembre, après un break d’un mois, nous avons constaté les effets du Covid. 0-4 au repos contre La Gantoise. Nous avions constamment un temps de retard, alors que Waasland-Beveren s’appuie sur son engagement. Nous avons résisté 65 minutes, puis 75 minutes, puis nonante, et signé une belle série de treize sur quinze, avec un brin de chance. Charleroi et Malines se sont retrouvés en infériorité numérique et nous avons marqué à la 91e à Saint-Trond. Aboubakary Koita a inscrit six buts en six matches. Ensuite, il a fait l’objet d’un marquage sévère contre Mouscron et son jeu en a pâti. »

Partie 3: janvier à avril

En 2021, l’équipe n’a gagné que douze points sur 45. « Nous savions que le Nouvel An serait difficile », avance le coach waeslandien. « J’avais dit que si nous voulions faire des transferts, il faudrait s’y mettre dès novembre ou décembre. À un moment donné, nous étions aux alentours de la quatorzième place. Si nous tergiversions, les joueurs allaient hésiter à nous rejoindre. Et que s’est-il passé? Nous avons changé de directeur sportif à ce moment-là. Un étranger, une fois de plus, sans contact en Belgique. Roger Stilz a dû trouver des renforts en peu de temps, en pleine pandémie. Je ne me prononce pas sur la réussite de ces transferts. Ils ont eu lieu fin janvier, alors que nous avions disputé sept matches de plus. En comptant les sept premières rencontres du premier tour et ceux-là, ça nous en fait quatorze sur 34 sans avoir exploité la période des transferts. Beaucoup d’autres clubs ont enrôlé des Belges. C’était notre intention. Je voulais déjà Louis Verstraete en été. Il connaissait la compétition et le club, mais la reprise a tout retardé. En janvier, j’ai rappelé son nom à huit reprises. Il apporte un plus réel. Roger Stilz n’avait pas d’expérience? Tout le monde a droit à une chance. Je n’avais dirigé que sept matches à ce niveau avant de recevoir la mienne. On commet des erreurs partout. Tout dépend de la vision, des objectifs des gens qui ont repris le club. Veulent-ils des résultats immédiats ou ont-ils une vision à long terme? »

Celle-ci est-elle 100% claire, désormais? « Pas à 100% », regrette Hayen. « Nous sommes constamment en rapport et je ne suis pas de ceux qui cherchent des excuses, comme le virus, des nouveaux dirigeants… Nous essayons d’aider le club. J’étais fâché après le match à Malines, car j’avais dit qu’il ne fallait pas attendre pour effectuer des transferts. C’était un constat, pas un reproche. Nous n’avions plus beaucoup de temps. Disons que je voulais réveiller le club. Trop discuter fait perdre du temps. Un temps précieux. Mais je comprends les choix qui ont été posés. Nous avons ensuite soufflé le chaud et le froid. Nous avons parfois été à un doigt de la victoire, mais nous l’avons laissée filer. Les derniers matches à domicile en sont le parfait exemple. »

Avec une constante, beaucoup de buts encaissés. « C’est peut-être une question de qualité. Beveren a toujours voulu miser sur les jeunes Belges. Ce qui signifie qu’ils sont en plein apprentissage et commettent des erreurs. Si on change d’idée après la reprise et qu’on enrôle d’autres profils, on peut espérer réduire la marge d’erreurs. Jenthe Mertens, Amine Khammas, Brendan Schoonbaert et d’autres ont poussé l’équipe grâce à leur enthousiasme. J’aime travailler avec des garçons comme eux, mais nous avons manqué de leadership. Charleroi marque à la dernière minute, nous menons 0-2 au Beerschot, pour finalement perdre 3-2, dans les arrêts de jeu, une minute après l’annulation d’un but adverse. À ce moment-là, un joueur doit dire aux autres: Attention, c’est un coup sur la tête, mais nous devons nous battre. Contre le Beerschot, nous avons eu quatorze occasions, les Anversois deux, mais ils gagnent 1-2. »

Les conclusions

Quelles leçons tirer de la saison? « Il faut passer d’un noyau de 33 à un groupe plus qualitatif de 25 à 26 joueurs, dont trois ou quatre gardiens, complété par des jeunes de talent », pense le T1. « Le scouting va changer de méthode et va établir des profils par poste. Quand j’étais privé d’un joueur, d’autres étaient prêts, mais avec d’autres aptitudes et je devais changer d’approche. Je pensais mes joueurs assez souples pour passer d’un système à l’autre. Or, notre groupe aime s’en tenir à une tactique. À Ostende, nous avons procédé en 3-4-3, passant en 5-4-1 en perte de balle. Nous avons mené 0-2, mais Ostende a changé de tactique et beaucoup de joueurs ont eu du mal à s’adapter à mes nouvelles consignes. Je trouve qu’il faut enseigner cette souplesse tactique aux jeunes le plus vite possible. Il faut leur inculquer différents systèmes de jeu. Ils assimilent mieux les informations à un jeune âge. Troisième leçon, il faut tenir compte du contexte dans lequel on travaille. Ce contexte, c’est le championnat de Belgique. Le talent ne constitue qu’un aspect parmi d’autres. Notre championnat est physique et souvent sous-estimé. Michael Frey l’a réalisé d’emblée. Il s’est adapté, a travaillé à la salle tous les jours. Tout le monde ne l’a pas fait. J’aurais dû taper plus fort sur la table et insister sur cet aspect ».

Enfin, un coach inexpérimenté, un jeune CEO français sans expérience et deux directeurs sportifs étrangers, un Espagnol puis un Allemand, ce dernier sans expérience à ce poste, ça fait beaucoup. « Mais ça démontre que nous travaillons sur un projet à long terme », contre Hayen. « J’ai également commis des erreurs, mais nous devons former, tous ensemble, une équipe dont les supporters peuvent être fiers. Je regrette beaucoup de n’avoir pu entièrement leur offrir ce à quoi ils avaient droit cette saison. D’autre part, ils doivent être conscients qu’en théorie, nous aurions disputé le championnat de D1B. Nous savions que cette année risquait d’être difficile. Nous devons donc accorder au club le temps de construire quelque chose. »

Nicky Hayen:
Nicky Hayen: « Je suis fier de mon staff. Il a motivé le groupe jusqu’au bout, dans des conditions parfois très difficiles. »© INGE KINNET

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