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Mpoku ne contrôle plus sa carrière

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

En se liant aux Qataris, Paul-José Mpoku a réalisé une belle affaire financière mais sportivement les choses sont plus compliquées. Explications.

Un dernier grigri pour la route : debout les deux pieds sur le ballon dans les dernières secondes du match contre Anderlecht, histoire de provoquer / ridiculiser l’adversaire et d’enchanter une ultime fois le peuple de Liège. C’est l’adieu de Paul José Mpoku, qui confirme après le match que le Standard, pour lui, c’est fini. Ce qu’il disait déjà fin décembre mais il y a eu de gros retards à l’allumage. Finalement, c’est une situation comparable à celle d’Ezekiel et ça a compliqué ses projets.

Lui aussi avait ses agents qui ont tout fait pour le dissuader de signer à Al Arabi en été, mais lui aussi a perdu la tête en voyant les chiffres. Depuis sa prolongation au Standard en mars 2014 (jusqu’en 2018), il avait pourtant un salaire royal. Si on tient compte de la prime qu’il a touchée en prolongeant et du fait que pendant les deux premières saisons, son salaire est deux fois plus élevé que celui prévu pour les années d’après, il devient même le joueur le mieux payé du championnat. « Avec un revenu équivalent à celui qu’on lui a promis au Qatar », dit Didier Frenay qui a assisté à son transfert, la mort dans l’âme parce qu’il était (et est toujours) persuadé que Mpoku s’enterrait en signant avec Al Arabi. Et pour cinq ans encore bien. « Deux mille fois, je lui ai dit de ne pas signer, je lui ai conseillé de s’enfuir quand les deux personnes qui négociaient pour Al Arabi voulaient le voir. Il n’en a fait qu’à sa tête. »

Dès ce moment-là, Mpoku était pendu. « Du jour au lendemain, il ne contrôlait plus son avenir », continue Didier Frenay. Premier hic, dès le lendemain de la signature. Mpoku a bien dit qu’il ne jouerait jamais au Qatar, qu’il voulait être prêté directement. « Je me suis tapé toute l’Allemagne, il y avait plusieurs clubs intéressés. Mais dès qu’ils demandaient les documents officiels à Al Arabi, ça bloquait. On a finalement découvert qu’il y avait un accord entre les Qataris et le Standard : ils avaient prévu que Mpoku resterait au moins jusqu’à la fin du mois de décembre. Je n’étais pas au courant, lui non plus. »

« Dîner de cons »

Frenay parle d’un « dîner de cons », d’un gros travail qui n’a servi qu’à tourner en rond. Mpoku était bien décidé à quitter le Standard dès les premiers jours de 2015, c’est pour ça qu’il n’avait pas prévu de partir en stage, mais les problèmes sont vite réapparus. Avec des agents travaillant pour Al Arabi qui jouaient un drôle de jeu. « Ils se démolissaient mutuellement alors qu’ils sont payés par le même cheikh », dit encore Didier Frenay. Les négociations butent chaque fois sur les commissions à distribuer. « Au moment du transfert, ils avaient insisté pour que le club qatari paie 5 millions au Standard alors qu’il y avait une clause libératoire à 3,9 millions, je n’avais jamais vu ça. Il y a des millions qui se sont évaporés dans la transaction. Début janvier, le même petit jeu a repris. Al Arabi a donné des mandats à des agents, à des sociétés, à des avocats. »

Alors, dès qu’il est question d’un prêt, il faut que tout le monde s’y retrouve et c’est pour ça que Mpoku a du mal à quitter Liège. La semaine dernière, Frenay était à Brême pour finaliser l’arrivée de Koen Casteels. Un dirigeant du club lui a lancé : « Les deux gars les plus compliqués d’Europe pour le moment sont Andrej Kramaric et Paul José Mpoku. Leurs dossiers sont des sacs de noeuds. » Résumé du gâchis par l’agent : « S’il ne signait pas avec le Qatar et faisait une bonne saison au Standard, il pouvait partir dans un grand championnat pour 3,9 millions. Le prix du transfert n’aurait pas été un problème. Au lieu de cela, il a choisi de ne plus contrôler sa carrière. Dès le mois d’août, j’avais mis ma main à couper que ça se passerait mal pour lui. Et pour Imoh Ezekiel. Et pour l’autre achat belge d’Al Arabi, Maxime Lestienne. »

Par Pierre Danvoye et Stéphane Vande Velde

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