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Mouscron sur un fil

Pierre Danvoye
Pierre Danvoye Pierre Danvoye est journaliste pour Sport/Foot Magazine.

Si tout se passe bien sur le terrain pour le RMP, ça se complique en coulisses et la licence n’a toujours pas été accordée.

Mouscron a superbement négocié son premier match de PO2, à Westerlo, et Fernando Da Cruz a tenu parole en alignant des joueurs qui avaient eu peu de temps de jeu pendant la phase classique. Dès le sauvetage, il avait dit que ce mini-championnat sans enjeu servirait de laboratoire grandeur nature.

Pas d’inquiétude sur la pelouse, donc. Au niveau de la licence, c’est autre chose. Le discours est rassurant au Canonnier mais une chose est claire : ça coince. Mouscron est repassé devant la commission en milieu de semaine dernière, le président Edward Van Daele pensait en sortir avec l’autorisation officielle de jouer la saison prochaine en D1, mais il ne la tient toujours pas.  » La licence ne nous a pas été refusée « , dit-il.  » Elle ne nous a tout simplement pas été accordée.  » Nuance subtile mais le résultat est le même.

Mouscron s’est désengagé de Lille en rachetant les 51% de parts que les Français détenaient. Le LOSC a clairement accepté de brader son bébé, constatant qu’aucun candidat repreneur n’était prêt à dépenser beaucoup d’argent, tandis qu’il fallait au plus vite revendre ces parts pour permettre à Marc Coucke d’augmenter son investissement dans le club français. Pour le moment, Coucke possède 5% du capital du LOSC, qui va perdre de l’argent à la fin de cette saison (notamment à cause d’un parcours difficile en championnat) et a un urgent besoin de liquidités. Là-bas, on pense toujours que Coucke deviendra, à terme, l’actionnaire majoritaire du club.

Les parts lilloises vont donc être rachetées par un consortium mouscronnois qui les obtiendra pour 750.000 euros environ. Il y a quelques semaines, Lille pensait encore toucher près de 3 millions alors qu’on estime à 3,8 millions l’argent consacré par le LOSC au projet mouscronnois depuis qu’il a été lancé. Une opération largement déficitaire pour les Français, donc ? Pas nécessairement parce que la collaboration avec le RMP leur a permis de mettre certains de leurs joueurs en vitrine, d’en aguerrir d’autres à un championnat professionnel, et c’était bien le but principal recherché dès le départ.

Le départ des Lillois et le fait qu’on connaisse maintenant l’identité des nouveaux propriétaires du RMP suffiront-ils à convaincre le jury de la commission des licences ? Attendons de voir. La nouvelle direction a présenté – dans un dossier de 750 pages – un budget tournant entre 4 et 5 millions, insistant sur le fait qu’il valait mieux prévoir un budget limité sans dette qu’un gros budget avec des ardoises. Bien vu, mais à la commission, on n’a pas oublié les événements de 2009 et l’octroi à la 6-4-2 de la licence à l’époque. Elle n’avait pas demandé les garanties suffisantes, la certitude que toutes les obligations financières pourraient être assumées jusqu’à la fin de la saison.

Cette année-là, les salaires n’étaient plus payés en novembre et le club mettait la clé sous le paillasson fin décembre. Si le RMP n’obtient pas la licence dans les prochains jours, il glissera de facto en D3. Un scénario que le président se prépare déjà à contrer : il estime qu’il a toutes les pièces nécessaires pour l’obtention de cette licence et parle déjà d’un recours devant le Tribunal Arbitral du Sport.

Par Pierre Danvoye

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